Eldon Wallman, le responsable de la décharge, voudrait toutefois pouvoir en faire plus.

Passé le portail de la décharge de la Ville de Steinbach, sur la droite, trois immenses bennes vertes, réservées au compostage, viennent de se retrouver côte à côte. 

Ces trois bennes sont entreposées à trois endroits différents dans Steinbach et ramassées une fois par semaine entre mai et septembre, et deux fois en octobre.

Elles font face à une quatrième benne, largement plus imposante et pleine à ras bord.

Eldon Wallman est le gestionnaire des déchets solides pour la Ville de Steinbach depuis 2005. Alors qu’il regarde en direction de la benne qui déborde, il explique que, contrairement aux trois autres, celle-là ne quitte jamais le site. Si auparavant elle n’était utilisée qu’au printemps, pendant l’été et une partie de l’automne, les choses commencent à changer. « Maintenant, les gens apportent leurs déchets pour le compost à l’année longue. Alors elle reste-là en permanence. La mentalité des gens évolue vers une approche plus écologique. »  

1 000 tonnes

Au centre de la décharge, qui s’étend sur 60 acres, un chemin de terre cerné de part et d’autre par deux collines de déchets aboutit sur un terrain vague sur lequel s’élèvent trois immenses piles de compost. « Cette année, nous allons collecter un peu plus de mille tonnes. » À titre de comparaison, l’an passé, la décharge a collecté 700 tonnes. 

Eldon Wallman croit que cette différence est principalement due aux conditions météorologiques. « L’année dernière, il a fait chaud et sec. Dans une année humide comme celle-ci, l’herbe pousse beaucoup plus rapidement. Mille tonnes, ça peut sembler beaucoup, mais ça ne l’est pas. Nous devrions récolter beaucoup plus.  

« Nous passons encore probablement à côté de 80 ou 90 % des matières organiques qui finissent à la décharge. Même si ça a considérablement augmenté par rapport à ce que c’était, nous ne collectons actuellement que la pointe de l’iceberg. »

La grande partie des déchets manqués provient de la grande distribution, des grands magasins, ou encore des résidences à appartements et les restaurants de la région.

Un système de ramassage

Pour pallier cette perte, Eldon Wallman indique que le conseil municipal de la Ville de Steinbach aimerait voir un système de ramassage des déchets organiques, comme il en existe déjà pour les ordures ménagères, le recyclage et les encombrants.

« Le problème, c’est que l’on ne pourrait pas tout recevoir sur site. Il nous faudrait un autre terrain. Et il y aurait des obstacles à franchir avant de pouvoir mettre un nouveau système en place. » 

Il faut savoir que le compost prend un certain temps avant d’arriver à maturité, entre cinq et six mois. Et durant ces mois, le compost doit être aéré, c’est-à-dire retourné, deux fois par semaine. Aussi, sa température doit être surveillée attentivement. 

Plus de compost exigerait donc non seulement plus d’espace, mais aussi plus de travail pour les 20 personnes employées sur le site. 

Une fois que le compost est prêt, il est trié et débarrassé de toutes les impuretés, comme le plastique, les gros morceaux de déchet, les morceaux de bois. « Une fois que c’est fait, nous donnons généralement la moitié au service des parcs et loisirs de la Ville. Ils plantent quelques milliers d’arbres chaque année, des fleurs aussi. Pour le restant, le public peut venir se servir gratuitement. » Les bénéficiaires sont des résidents qui s’occupent de leur petit jardin et des agriculteurs. 

27 $ à produire

Eldon Wallman assure que dès que le compost est disponible au ramassage, la pile disparaît en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. 

Produire une tonne de compost coûte environ 27 $ à la déchèterie. Pourtant le choix a été fait de mettre le compost à disposition gratuitement. Une politique qui explique en partie pourquoi l’intérêt de la communauté pour le compostage se renforce. 

C’est une tendance positive, puisque le compostage présente aussi certains bienfaits pour l’environnement, comme le fait valoir Eldon Wallman. 

« Retirer les matières organiques de la décharge, c’est éliminer les gaz à effet de serre. La décomposition produit du gaz, mais le gaz qui se dégage du compost ne passe pas à travers tous les déchets et les mauvaises choses qui se trouvent dans la décharge. » En effet, les matières organiques qui finissent dans des sites d’enfouissement produisent un gaz composé principalement de méthane, particulièrement nocif lorsqu’il s’agit de réchauffement climatique. 

+++ Une décharge responsable +++

La décharge de Steinbach est une décharge régionale de classe 1. Il s’agit du classement le plus élevé au Manitoba. Alors que la province compte environ 200 sites d’enfouissement, seulement 15 se retrouvent dans cette classe. 

Eldon Wallman, le gestionnaire des déchets solides pour la Ville de Steinbach, explique les conséquences de cette classification : « Cela signifie que nous suivons les normes environnementales les plus élevées. Et des agents de l’environnement viennent nous inspecter régulièrement. »  

La collecte des lixiviats, ou liquides résiduels, est inspectée. Il faut s’assurer que les lixiviats ne contaminent pas l’environnement. Les émissions de gaz à effet de serre sont surveillées. Aussi les décharges de classe 1 ne brûlent pas les déchets. Pour ce qui est du compost, il est systématiquement envoyé et testé en laboratoire.