L’astronaute canadienne Julie Payette a reçu le trophée Yes She Can de l’école Balmoral Hall, le 3 mai à Winnipeg.

Camille SÉGUY

Seule astronaute Canadienne femme et seule francophone, choisie avec trois autres parmi plus de 5 300 candidats par l’Agence spatiale canadienne en 1992 et première Canadienne à participer à une mission de la Station spatiale internationale en 1999, l’astronaute québécoise Julie Payette a été érigée le 3 mai en modèle à suivre par l’école Balmoral Hall.

Rêve d’enfant

L’attrait de Julie Payette pour l’astronomie remonte à l’école primaire. « À l’époque, je regardais à la télévision la première mission Apollo arriver sur la lune, se souvient-elle. C’était au début des années 1970. Ça m’a inspiré. »

Toutefois, elle précise que ni la volonté ni les compétences ne garantissent de réaliser ce genre de rêve. On ne devient pas astronaute de sa propre initiative, on est choisi par une agence spatiale.

« Il n’y a pas d’école d’astronaute, mais j’ai fait des choix académiques et de carrière pour en arriver là, raconte-t-elle. Tous les astronautes proviennent d’une autre carrière dans le domaine de la technique, alors j’ai étudié en technique pour développer des talents. »

Il fallait ensuite postuler lors d’une période de recrutement de l’Agence spatiale canadienne, ce qui reste rare. « De mon temps, il y a eu trois périodes de recrutement, indique Julie Payette. En 1984, ils ont pris six personnes sur 4 000 candidats. En 1992, ils en ont choisi quatre parmi 5 300. En 2009, c’était deux parmi 5 000. »

Les profils des astronautes sélectionnés sont très variés : on y trouve des ingénieurs, des pilotes, des physiciens, des chimistes, des docteurs ou encore des vétérinaires.

« Ça demande de s’adapter pour s’intégrer, confie Julie Payette. On arrive avec des cultures et des backgrounds différents. Moi, en plus, j’étais la seule femme et la seule francophone, mais s’intégrer est difficile pour tous les milieux. »

Une fois sélectionné, la formation de base pour être astronaute commence enfin. Elle dure deux ans, puis la personne peut être assignée à un vol spatial.

« Il faut travailler fort pour gagner sa crédibilité, souligne Julie Payette. On apprend en continu. C’est un milieu qui ne pardonne pas, on ne peut pas faire d’erreur. »

Dans l’espace

L’astronaute canadienne a effectué deux missions dans l’espace : la première du 27 mai au 6 juin 1999 à bord de la navette spatiale Discovery, la seconde du 15 au 31 juillet 2009 à bord de la navette spatiale Endeavour.

« Je n’ai fait que des missions de courte durée, c’est à dire 16 ou 17 jours maximum dans l’espace, précise-t-elle. C’était des missions de construction de la Station spatiale internationale. »

À bord de la navette, chacun doit connaître parfaitement son rôle, ainsi que ses coéquipiers. « On est très bien préparés, assure Julie Payette. Les équipages sont connus un an, voire deux, avant le début de la mission et on connaît très bien les risques et les difficultés.

« La plus grande peur d’un astronaute en mission, ajoute-t-elle, c’est d’être responsable d’une erreur qui pourrait mettre en péril la mission. Alors on travaille toujours en équipe, et on vérifie et on contre-vérifie pour limiter les risques. »

Mais selon Julie Payette, cela vaut la peine. « C’est le plus grand privilège que je pouvais imaginer de pouvoir contempler la Terre de l’espace, conclut-elle. Dès que j’avais un moment de libre, je prenais des photos. J’ai même pu repérer Winnipeg et le Manitoba, grâce à ses deux lacs! »