Short Ride in a Fast Machine, John Adams

Concerto pour deux violons, Mark O’Connor

Symphonie no 1 en ré majeur, Gustav Mahler

Alexander Mickelthwate au pupitre, Mark O’Connor et Karl Stobbe, violons

Le samedi 25 septembre, Salle de concert du Centenaire

L’Orchestre symphonique de Winnipeg a inauguré sa 63e saison avec éclat.

D’entrée de jeu, la courte pièce de John Adams, Short Ride in a Fast Machine, exécutée avec énergie et une précision métonomique, a entraîné l’auditoire dans une course à couper le souffle. En moins de cinq minutes, le chef et ses musiciens ont démontré de manière convaincante que cet orchestre a atteint un haut niveau d’excellence et qu’il est prêt à offrir à son public une saison musicale exceptionnelle.

Le Concerto pour deux violons du compositeur et violoniste américain Mark O’Connor n’est pas une oeuvre importante du répertoire symphonique. On y retrouve un mélange de musique classique, de jazz et de blues, sans grandes difficultés à l’orchestre, mais exigeant beaucoup des solos de violon autour desquels l’oeuvre est construite. Qualité d’un bon chef, Mickelthwate a  réussi à obtenir de l’orchestre une interprétation inspirée qui ne s’est pas limitée à un accompagnement insipide des solistes et a soutenu l’intérêt pendant tout le concerto.

Le duo de solistes était composé du compositeur lui-même et de Karl Stobbe, premier-violon associé de l’orchestre. On a senti une joyeuse complicité entre les deux musiciens, ce qui a donné un cachet particulier aux solos, surtout dans la cadence du premier mouvement qui met les deux solistes en compétition.  O’Connor, qui a composé et beaucoup joué cette oeuvre, défiait   Stobbe comme s’il était son élève, avec des bravades qui semblaient parfois improvisées. À quelques reprises Stobbe n’a pu s’empêcher de laisser voir son admiration devant les prouesses du maître par de beaux grands  sourires d’étonnement. Malgré un jeu solide, les répliques de Stobbe n’avaient pas le même mordant, suivant avec moins de liberté une partition qui lui imposait un style plus classique. La fin de la cadence, jouée en duo, a cependant rétabli l’équilibre entre les deux violonistes.  Dans le dernier mouvement, Stobbe a interprété un long solo de style classique et romantique qui lui a permis de s’exprimer à la mesure de son grand talent. Cette fois, c’est O’Connor qui,  retiré dans les premiers rangs de l’orchestre pour lui laisser toute la place à l’avant-scène, laissait voir son contentement.

L’auditoire a été charmé par cette oeuvre et l’a saluée d’une longue ovation debout, tout à fait méritée.

Après une première partie de concert aussi relevée, les attentes étaient grandes pour la Première symphonie de Mahler. Elles ne furent pas déçues.

Pour l’exécution de cette oeuvre magistrale, l’orchestre a du engager une vingtaine de musiciens supplémentaires, principalement dans les instruments à vent. Alexander Mickelthwate maîtrise bien cette oeuvre qu’il a dirigée presque de mémoire. Il l’a fait avec une passion et un engagement qui ont inspiré ses musiciens et les ont poussé à donner le meilleur d’eux-mêmes. Suivant le chef avec attention, l’orchestre a exécuté l’oeuvre sans faute perceptible. Il a exprimé avec émotion la diversité des états d’âme, des sentiments, des couleurs et des caractères reflétés dans cette oeuvre. Dans l’ouverture du premier mouvement, les cordes, qui évoquent une brise légère dans la forêt, étaient un peu trop présentes. Il aurait peut-être été préférable de réduire leur nombre dans ce passage afin d’atténuer le son. Par ailleurs, l’ouverture du dernier mouvement a manqué de la puissance explosive qui la caractérise. Ce sont là de menus détails qui n’ont pas nui à la grande qualité de l’ensemble. Toutes les section s ont été excellentes,  particulièrement les vents et surtout les cuivres, qui sont omniprésents. Ils ont joué avec une précision et une clarté exceptionnelles. Le passage des cors dans le finale, joué debout, les instruments bien polis scintillant sous les projecteurs, fut éblouissant. Encore une fois, l’orchestre a reçu une longue et émouvante ovation debout.

Dommage que ce grand concert n’ait pas fait salle comble, malgré tous les efforts déployés par la direction de l’orchestre dans la promotion de cette nouvelle saison. Espérons que le succès de ce premier concert attire un plus large auditoire à ceux qui suivront.  Initiative qui sera certainement appréciée par l’auditoire francophone,  les notes de programme pour les concerts de la série Masterworks sont maintenant disponibles en français. On peut les consulter sur le site de l’orchestre, www.wso.ca, et elles sont disponibles à l’entrée les soirs de concert.

Le prochain concert de la série Masterworks aura lieu les vendredi 8 et samedi 9 octobre, à la Salle de concert du Centenaire, à 20:00 hrs. Au programme, le Concerto pour violoncelle en si mineur op. 104 (B. 191) d’Antonin Dvorak , avec le soliste Alban Gerhardt, et la Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 73 de Johannes Brahms. La symphonie de Brahms sera jouée aussi en matinée, le vendredi 8 octobre à 10:30 hrs.