Laura Lussier joue le rôle de Dorimène dans Le Mariage Forcé

La première pièce du Théâtre du Cercle Molière explore, grâce aux particularités de la nouvelle salle, de nouveaux horizons techniques.

Olivier BISSONNETTE-LAVOIE

Irène Mahé l’admet volontiers : elle est un peu plus nerveuse qu’à l’habitude pour cette rentrée théâtrale. En effet, la directrice artistique du Théâtre du Grand Cercle met en scène la pièce inaugurale du Nouveau théâtre, une pièce de Molière, Le Mariage Forcé, qui restera dans les annales de par son rôle charnière.

Mais ce sont surtout les nouveautés techniques du récent logis de la troupe qui accentuent cette habituelle fébrilité de premières. « Il y a de toutes nouvelles technologies, affirme Irène Mahé. L’éclairage est beaucoup plus complexe qu’au Théâtre de la Chapelle et tous les comédiens ont des micros. Et plus il y a de technologies, plus il y a de chances que ça brise! »

L’apport de l’équipe technique est donc accru dans cette pièce. Les comédiens ne comptent sur aucune aide sonore lorsqu’ils livrent leurs textes, mais lors des chansons, le volume doit être ajusté afin qu’ils n’aient pas à modifier le volume de leur voix.

« C’est un gros défi de gérer les 12 micros sans fil, admet le directeur technique du Cercle Molière depuis 1984, Richard Dupas. On avait peur que ça crée une grosse différence entre les chansons et le texte, mais le travail a été bien fait et on est finalement très satisfaits de l’acoustique. »

Autre point important de la pièce : les musiciens Daniel Roy et Gilles Fournier accompagnent les acteurs sur scène. En plus d’interpréter en direct les chansons composées par Daniel Roy, ils ponctuent le jeu des comédiens d’effets sonores. Juchés sur le décor et ne pouvant pas voir les personnages, ils doivent rester concentrés sur un moniteur se trouvant à leurs pieds, de façon à ce que le tout soit le plus harmonieux possible.(1)

Daniel Roy, pour qui une participation dans Le Mariage Forcé est la première incursion dans le milieu théâtral, apprécie d’ailleurs avoir l’opportunité de livrer son matériel sur scène : « Je suis content de participer de cette façon, puisque ça me permet d’accompagner les comédiens et de voir le projet jusqu’à sa fin. »

Des défis d’interprétation

Du côté des interprètes, le défi est aussi de taille : ils doivent livrer un classique de la Renaissance dans un style rappelant les années 1960, le motown et les comédies musicales à la Grease.

« Je leur ai demandé d’aller contre la rythmique d’origine, déclare Irène Mahé, qui a choisi les années 1960 puisqu’elles cadrent avec la thématique de la pièce. On peut dire qu’ils ont relevé le défi! »

« C’est un beau défi, admet tout sourire Laura Lussier, après une représentation devant un groupe scolaire. On doit naturaliser le texte et le déclarer avec une approche plus moderne. »

Interprétant Dorimène, un des personnages phares de la pièce, elle est souvent mise à contribution lors des chansons. Elle avoue être impressionnée par le travail de Daniel Roy : « Il y a deux semaines, déclarait-elle le 30 septembre, il a changé une chanson pour qu’elle soit plus adaptée. Il a fait une nuit blanche et est revenu le lendemain matin avec une version Motown de la chanson que j’interprète. Maintenant, tout s’intègre très bien ensemble. »