Élections Canada traite actuellement 24 plaintes reçues concernant l’élection fédérale du 2 mai dernier. La majorité porte sur le manque d’accès au services dans les langues officielles.

Camille SÉGUY

Quand il est allé voter, le 2 mai dernier, dans sa circonscription de Charleswood – St. James – Assiniboia et Headingley, pour la première fois car il vient de déménager dans cette partie de Winnipeg, le Franco-Manitobain Jean Grenier a tout de suite demandé un service en français.

« Comme j’étais nouveau dans la circonscription, je devais d’abord m’inscrire, explique-t-il. J’ai donc demandé de pouvoir le faire en français car c’était une élection fédérale, donc il est censé y avoir des services en français disponibles partout. »

Partout en théorie, mais pas dans son bureau de vote. Ni les bénévoles ni la documentation n’étaient disponibles en français, et Jean Grenier a dû finalement compléter son inscription et son vote en anglais. « Je comprends très bien l’anglais, donc la question n’était pas là, mais plutôt pourquoi pas en français? », précise-t-il.

Après cet incident, Jean Grenier a déposé une plainte par téléphone et par courriel auprès d’Élections Canada. « C’était le vendredi et ils m’ont appelé dès le lundi, souligne-t-il. Ils m’ont dit qu’ils avaient pris note de ma plainte et qu’ils trouveraient une solution pour la prochaine fois. C’était mon but. Je suis satisfait de leur réponse. »

Élections Canada a reçu 24 plaintes comme celles de Jean Grenier, dont la plupart portait sur le manque de services en français.

« 24 plaintes sur quelque 23 millions d’électeurs, ce n’est pas beaucoup, mais on les prend toutes au sérieux et on fait une enquête spécifique pour chacune, avec un rapport au commissaire aux Langues officielles, explique le porte-parole d’Élections Canada, John Enright. C’est important de répondre en personne à chaque électeur qui nous a écrit. Et au besoin, on met des mesures en place pour éviter que le problème ne se reproduise la fois suivante. » Les enquêtes sont en cours.

Pour ce qui est des services en français, John Enright confirme que selon la loi à laquelle est assujetti Élections Canada, « tout électeur canadien a droit à un service dans la langue officielle de son choix lors d’élections fédérales, dans l’idéal en personne ou alors au moins par téléphone ».

Il signale cependant que « les noms des personnes travaillant aux quelque 50 000 tables de scrutin à travers le pays nous sont fournis par les deux partis politiques arrivés en tête lors de l’élection précédente et nous devons les accepter. Nous n’avons donc pas de contrôle sur leur connaissance des deux langues officielles, même si nous leur donnons une formation qui inclut l’importance d’offrir des services en français et en anglais ».

Jean Grenier ne prévoit pas donner d’autre suite à sa plainte, « sauf si le problème se reproduit aux prochaines élections », assure-t-il.