Alain Kabali (à gauche) rentrera en 3e année le 8 septembre, pendant que sa sœur Dora Kabali (à droite) commencera sa 5e année. Dans leur famille, sept autres enfants, ainsi que leur maman, se préparent eux aussi à la rentrée scolaire 2011.

Nouvelle arrivante au Manitoba, Dorothé Kabali a neuf enfants d’âges scolaire ou universitaire. Pour elle, la rentrée est un défi financier, mais aussi culturel.

Camille SÉGUY

Âgés de huit à 23 ans, les neuf enfants de la nouvelle arrivante d’ori­gine congolaise, Dorothé Kabali, vivront chacun une rentrée scolaire à partir du 8 septembre, de même que leur maman.

« J’ai trois enfants à l’école Taché, quatre enfants au Collège Louis-Riel, deux enfants à l’université, et moi-même je commence des cours en petite enfance à l’Université de Saint-Boniface cette année », annonce Dorothé Kabali.

Parmi ces dix personnes à équiper pour la rentrée scolaire, aucune n’a de bourse pour les aider financièrement. La rentrée est donc tout un défi pour la mère de famille.

« L’achat de matériel scolaire a dépassé les 1 000 $, déplore Dorothé Kabali. C’est plus que ce à quoi je m’attendais, et ce n’est pas fini car je ne sais pas encore ce dont mes deux enfants à l’université auront besoin. La rentrée coûte vraiment cher, sans compter qu’il y aura encore d’autres frais à payer à l’école, ainsi que le transport. L’année sera difficile financièrement. »

Stratégies

Pour tenter de limiter le poids financier de la rentrée scolaire, Dorothé Kabali a mis en place quelques stratégies, aidée de ses filles aînées.

« Avec mes grandes filles, on a trié le matériel scolaire à la fin de l’année scolaire dernière pour garder ce qu’on pouvait récupérer, raconte-t-elle. Ensuite, juste avant la rentrée, je regarde les listes de fournitures et je rajoute ce qui manque. On a pu garder des crayons, des cahiers, quelques petites choses de l’année dernière. »

Dorothé Kabali a aussi gardé des sacs à dos « pour mettre les affaires de gym car il en fallait un », mais elle a acheté un nouveau sac d’école à chacun de ses enfants car ils vont vivre leur toute première rentrée scolaire au Canada.

De plus, elle a commencé dès le début du mois d’août à magasiner des fournitures scolaires, et elle a pris le temps de rechercher les prix les plus bas.

« Tout l’été, on a regardé dans les dépliants pour savoir quand et où les fournitures scolaires étaient moins chères, et on est allés faire des achats quand c’était le cas, raconte-t-elle. En achetant petit à petit, c’est un peu plus facile à financer qu’en une seule fois. Sinon, tu risques de manquer d’argent pour manger! »

Dorothé Kabali s’estime toutefois chanceuse car « mes enfants ne sont pas trop exigeants, affirme-t-elle. Ce n’est pas trop la bagarre s’ils n’ont pas les plus belles choses, mais je ne veux pas non plus qu’ils soient stressés d’avoir moins de choses que les autres ».

Défi culturel

En plus d’être un défi financier, cette première rentrée scolaire au Canada a aussi surpris la famille Kabali dans ses exigences.

« La rentrée en Ouganda, où nous vivions avant, est très différente du Canada, constate Dorothé Kabali. Ici, les choses scolaires coûtent plus cher et on en demande beaucoup, comme par exemple des livres et un dictionnaire par enfant. En Ouganda, il y a des dictionnaires dans la classe et les enfants peuvent s’en servir. Ils n’ont pas besoin d’en acheter. Mes enfants étaient étonnés de devoir en acheter un chacun. »

La mère de famille s’est donc entourée de ses deux filles aînées pour faire les achats de rentrée afin de ne pas faire d’erreur. « Il y a certaines choses sur la liste que je ne connaissais pas moi-même, alors mes grandes filles étaient là pour m’aider », explique-t-elle.

Elle se réjouit aussi d’avoir pu compter sur l’aide de son Église. « Quand on est nouvel arrivant, c’est très difficile de savoir comment s’organiser pour la rentrée, où trouver les bas prix et quoi acheter car on n’a pas encore d’expérience de la rentrée scolaire au Canada, note-t-elle. Les gens ont souvent des problèmes car ils n’ont pas d’encadrement.

« Moi j’ai eu de la chance, conclut-elle, car je suis tombée dans une Église qui m’a beaucoup aidée pour notre première rentrée scolaire. Ils m’ont expliqué quoi faire et ils ont acheté certaines choses aux enfants. Sans cette aide, on aurait encore plus souffert. »