Colette Chabot


Selon la thérapeute Colette Chabot et un de ses clients au Centre Renaissance, on peut, avec les bonnes stratégies, réussir à gérer sa colère et éviter les situations toxiques.

Daniel BAHUAUD

«J’ai toujours été un homme colérique, lance Jérémie (ndlr : pseudonyme que l’on donnera à notre intervenant pour protéger son anonymat). Pendant une quinzaine d’années, alors que je souffrais de dépendances à plusieurs drogues, la colère faisait partie de ma vie quotidienne. Cela fait dix ans que je suis à sobre et que ma vie s’est améliorée. Mais je ressentais toujours une colère latente, un état d’esprit toxique qui me rendait mal à l’aise. Cet hiver, je me suis dit qu’il était finalement temps de m’occuper de ce problème d’acquérir les outils nécessaires pour mieux la gérer. »

C’est ainsi que Jérémie est venu à suivre le programme de gestion de la colère offert au Centre Renaissance (1). Rendu à sa quatrième année, le programme permet chaque année à environ 25 personnes d’examiner et modifier leur comportement en situations de colère.

« Tout le monde connaît la colère, lance la thérapeute au Centre Renaissance, Colette Chabot. Elle peut venir de situations stressantes à la maison, comme dans le cas de jeunes mères qui doivent composer avec la fatigue et les travaux associés à la garde des bébés. Dans le milieu de travail, les gens qui doivent composer avec le public, comme ceux qui travaillent dans le secteur du service à la clientèle, sont vulnérables. En fait, toute personne qui doit refouler sa colère, sourire et continuer de travailler, est vulnérable. »

Comme le camionneur à la retraite qui avait vu de nombreux accidents de la route tout au long de sa carrière et qui, une fois au repos, a soudain éprouvé des accès de colère. « Il avait trop avalé sans rien dire, fait remarquer Colette Chabot. Le verre s’est mis à déborder.

« Les hommes et les femmes vivent leur colère différemment, poursuit la conseillère. D’habitude, les hommes extériorisent leur colère. Ils crient et font claquer les portes. Les femmes intériorisent souvent leur colère, pour succomber à la dépression. Le fait même qu’elles éprouvent de la colère est souvent perçu comme un échec. Or en soi, la colère peut être positive. C’est sa mauvaise gestion qui est un échec. »

Jérémie est du même avis. « Quand tu es en colère, tu réagis au lieu d’agir, explique-t-il. Tu es hors de contrôle et, à cause de l’adrénaline produite par ton corps à de tels moments, c’est facile de se laisser aller et d’atteindre un état toxique où il est presque impossible de se calmer. Après de tels incidents, on a toujours honte. Qui veut vivre comme ça?

« Le secret est de savoir reconnaître son style particulier de colère, poursuit-il. C’est ce que j’ai appris au cours du programme, poursuit-il. J’ai un boulot stressant et je suis perfectionniste. Lorsque les gens ne répondent pas à mes attentes élevées, je me fâche et je blâme les autres. Je suis venu à reconnaître que mes attentes ne sont pas réalistes. J’ai appris à exprimer ma frustration sans qu’elle ne dégénère en colère. J’exprime mes déceptions au lieu de perdre le Nord. Et si la colère continue à monter, je me donne la permission de prendre un temps de recul au lieu de laisser l’adrénaline s’emparer de la situation. »

Selon Colette Chabot, de telles stratégies sont essentielles à la bonne gestion de la colère. « L’important est d’apprendre à se connaître, à reconnaître sa colère pour trouver de nouvelles façons de l’exprimer, rappelle-t-elle. Évidemment, c’est plus facilement dit que fait. D’où mon rôle de facilitatrice. Les clients qui suivent le programme de gestion de colère se rencontrent en groupe. Ensemble, nous discutons de situations où la colère a été mal exprimée. Nous partageons aussi les succès, afin que tous puissent bénéficier et apprendre d’une situation positive.

« Le plus difficile, pour le conseiller, est le client qui suit le programme parce qu’il en a été obligé par un employeur ou un juge, poursuit-elle. Pour de telles personnes, les premières rencontres sont frustrantes. Elles sont assises, les bras croisés, et refusent d’admettre la vérité. Mais à force d’écouter les témoignages des autres et les stratégies offertes, un bon nombre d’entre-elles viennent à comprendre pourquoi elles sont là. C’est gratifiant de les voir cheminer et faire des progrès. »

(1)  Les premières sessions hebdomadaires du programme de gestion de la colère pour hommes et femmes commencent le 3 octobre au Centre Renaissance. Renseignements : 256-6750.

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