La Liberté | Hélène Vrignon
L’agente principale des communications et affaires générales de l’Hôpital Saint-Boniface, Hélène Vrignon, travaille en communication et relations publiques depuis 20 ans. Elle constate un manque de professionnels bilingues dans ce domaine.

L’Université de Saint-Boniface planifie une étude de marché pour un baccalauréat ès arts en communication. Mais quels sont les besoins réels de la communauté franco-manitobaine?

Jocelyne NICOLAS

L’Université de Saint-Boniface (USB) envisage la possibilité d’offrir un baccalauréat ès arts en communication. Elle a lancé cette semaine un appel d’offre pour la réalisation d’une étude de marché pour un baccalauréat dans ce domaine. Pourtant, c’est la troisième fois depuis une quinzaine d’années qu’une étude de marché sera élaborée à ce sujet. Selon la rectrice de l’USB, Raymonde Gagné, même si la communauté semble vouloir un tel programme, sa création reste difficile.

« Au cours des années, l’environnement n’a pas toujours été idéal pour la conception d’un nouveau programme, explique-t-elle. Il y a eu des budgets restreints à Radio-Canada, et donc moins de postes disponibles dans les métiers de la communication. Nos bailleurs de fonds ont voulu voir une demande concrète des entreprises et organismes pour le programme. Dans le passé, on a eu de la difficulté à justifier la demande auprès du gouvernement provincial. »

L’industrie des communications a beaucoup évolué depuis la première demande, qui a été placée il y a environ 15 ans. « La profession des communications est devenue plutôt difficile à définir, explique l’agente principale en communications et affaires générales de l’Hôpital Saint-Boniface, Hélène Vrignon. Au sens large, il faut savoir faire du marketing, des relations publiques, de la communication interne ainsi qu’externe, et il faut parfois même avoir des connaissances en graphisme ou vidéographie. Quelqu’un qui se spécialise en communications doit être très polyvalent. »

Les cadres de Radio-Canada se réjouissent de la possibilité d’employer des Manitobains formés en communications en français. « Il y a très peu de gens au Manitoba, ainsi que dans l’ouest du Canada, qui se dirigent vers les médias électroniques. Ce serait donc un véritable atout pour notre communauté, avoue le chef des services français au Manitoba pour Radio-Canada, Gilles Fréchette.

« Il y a beaucoup de gens embauchés de l’extérieur et  souvent ils ne restent ici que temporairement, continue-t-il. De plus, les gens aiment voir des Manitobains raconter l’histoire d’autres Manitobains. »

L’étude de marché va déterminer les besoins des médias et des entreprises au Manitoba et dans l’ouest du Canada, mais les organismes franco-manitobains semblent comprendre l’importance d’avoir des professionnels formés en communications. « L’idée d’avoir un agent de communications dans une division scolaire est assez nouvelle, admet le directeur général de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM), Denis Ferré. Qu’on veuille l’admettre ou non, la DSFM est en compétition pour recruter ses élèves, et il faut avoir quelqu’un qui puisse communiquer nos succès, et mitiger ce qui n’est pas un succès. »

Même si les cours de communication existent en anglais dans les institutions postsecondaires du Manitoba, et qu’il y a des francophones qui y participent, il reste des défis à relever. « Si quelqu’un étudie ou travaille en anglais pendant une longue période, il devient moins à l’aise et moins intégré dans la communauté franco-manitobaine, continue Hélène Vrignon. Cela dit, il faut quand même que les gens qu’on embauche dans nos organismes francophones soient bilingues, car la réalité est que le français est la langue minoritaire au Manitoba. »

L’USB prendra la décision de procéder ou non avec une demande de financement l’automne prochain. « Ces demandes prennent beaucoup de temps, conclut Raymonde Gagné. Il se peut que même avec l’approbation du Sénat de l’USB et de nos bailleurs de fonds, le programme prenne jusqu’à cinq ans pour se concrétiser. »