En 2011, quelques pays africains ont été le théâtre de violations de nombreux principes démocratiques: non respect du pluralisme politique, violations des droits de la personne, absence d’élections équitables et transparentes, etc.  Au Cameroun, par exemple, Paul Biya est «réélu» après 29 ans de règne sans partage, pour ne pas dire, de dictature; Faure Gnassingbé (fils de l’ancien président togolais), à l’issue de ce que de nombreux observateurs qualifient de coup d’État électoral reprend le pouvoir; au Gabon, Ali Bongo reconduit au pouvoir sous fond de mascarade électorale. Ces régimes sont tout simplement des parodies de la démocratie.

Heureusement, l’actualité politique africaine de l’année 2011 a aussi témoigné de la détermination du peuple, ou du moins, des peuples africains à reprendre le pouvoir usurpé par des dictateurs assoiffés de sang.

Eh oui,  le vent de la révolte et du changement a soufflé sur le monde arabe pour finalement aboutir aux chutes des régimes tunisien, égyptien et libyen et contraint certains dirigeants, tels que le roi Mohammed VI à lâcher du lest. Ce mouvement, loin de s’essouffler,  inspire présentement certains militants de la lutte pour la démocratie dans certains pays d’Afrique subsaharienne.

Ainsi au Sénégal, certains partis d’opposition et la société civile ont créé «le mouvement du 23 juin» qui a contraint le président Abdoulaye Wade à retirer son fameux projet de loi constitutionnelle instituant son fameux ‘ticket présidentiel’ dont le but était d’élire simultanément le président et le vice-président de la République du Sénégal au suffrage universel direct. La lutte de la société civile continue, malgré le fait qu’elle ait été incapable de contraindre le président Wade, 85 ans,  à renoncer à se présenter aux prochaines élections présidentielles de février 2012. Au Burkina Faso, une insurrection a secoué l’armée et dans de nombreuses villes du pays, des édifices gouvernementaux et des magasins ont été saccagés pour protester contre la cherté de la vie et le long règne du président Blaise Compaoré.

Au-delà de ces insurrections au Maghreb, il faut aussi dire que certains pays, durant de nombreuses années, étaient confrontés à des violences interethniques et des luttes pour le pouvoir en toile de fond. (Côte d’Ivoire, Guinée, Soudan, Somalie et la République démocratique du Congo, Madagascar, etc.).

Durant l’année 2011,  la Côte d’Ivoire a, non seulement, fait son retour sur la scène internationale, mais elle a surtout effectué un retour à la normale. Cependant, il reste au gouvernement du président Alassane Ouattara, un travail colossal à faire, qui est celui de réunifier le pays et de mettre fin pour de bon au climat d’insécurité qui y règne. On peut aussi citer la Guinée qui a connu 25 ans de dictature de Sékou Touré, puis «un autre 25 ans» de dictature militaire du général Lansana Conté suivi par un autre régime militaire, celui du capitaine Dadis Camara en 2008. Mais, après 13 mois au pouvoir, le président Alpha Condé tente de redonner aux Guinéens l’espoir d’une vie paisible sous un climat démocratique…

Pour terminer, il faut reconnaitre que l’impact de ce mouvement arabe sur l’Afrique subsaharienne sera minime. En effet, ce vent démocratique est beaucoup moins violent que celui qui a soufflé dans les années 90 et qui a fini à emporter plusieurs régimes dictatoriaux.

Mais, je crois que l’année 2012 représente le début d’une nouvelle ère en Afrique, car depuis l’avènement de ce printemps arabe,  aucun président ou premier ministre africain ne dirigera son pays à l’ancienne, c’est-à-dire sans tenir compte des intérêts et des aspirations de son peuple. Il faut dire aussi que l’Afrique bénéficie de deux soutiens importants pour réaliser son projet démocratique : celui de la grande majorité de la nouvelle génération de chefs d’État africains qui se battent pour l’application d’une politique de “tolérance zéro” envers les coups d’État militaires et autres violations des normes démocratiques. Et l’autre soutient est celui de la communauté internationale qui vient de décerner le prix Nobel de la paix à trois femmes, parmi elles, deux Africaines : Ellen Johnson, première femme démocratiquement élue présidente d’un pays d’Afrique en 2005 qui a contribué à établir la démocratie et la paix au Libéria et Leymah Gbowee, militante libérienne des droits des femmes.