La sénatrice Maria Chaput a exprimé, le 8 février dernier lors de la période des questions au Sénat, ses inquiétudes quant à une possible fermeture de 98 des 120 bureaux de traitement des demandes d’assurance-emploi de Service Canada. Le gouvernement Harper, pour sa part, affirme qu’il ne s’agit que d’une restructuration des services offerts.
« Je suis de près la réorganisation de Service Canada depuis février 2011, indique Maria Chaput. À cette époque, on parlait d’une simple réorganisation, surtout dans les régions maritimes. Or, le quotidien Hill Times, dans l’article Federal cuts to date, signé Jessica Bruno, paru le 6 février, rapporte qu’on entamera sur trois ans la fermeture de presque tous les bureaux. Si le chiffre de 98 bureaux rapporté par le Hill Times est exact, cela représenterait quelque 600 emplois. Ce serait du sabrage, et non une réduction des effectifs. Pour les communautés francophones minoritaires, qui sont bien desservies par Service Canada, une fermeture de cette ampleur serait très inquiétante. »
La Leader du gouvernement au sénat, Marjory LeBreton, n’a pas été en mesure de répondre avec précision aux inquiétudes de la sénatrice. « Il y a eu des fermetures de petits bureaux communautaires, a-t-elle indiqué lors de la période des questions, mais les employés du gouvernement fédéral n’y travaillaient pas. Pour ce qui est de la réorganisation de Service Canada, Ressources humaines et Développement des compétences Canada (RHDCC) vise à automatiser le traitement des demandes d’assurance-emploi. À l’heure actuelle, 99 % des quelque trois millions de demandes sont effectuées sur Internet. Or, seulement 20 % des demandes sont traitées de façon automatique. Notre but est d’augmenter ce chiffre à 70 % dans les trois prochaines années. »
« Notre objectif est d’éliminer le déficit fédéral tout en améliorant les services offerts, déclare une porte-parole de la ministre de RHDCC, Diane Finley, Alyson Queen. Aucun bureau de Service Canada ne sera fermé suite à notre initiative d’automatisation des demandes d’assurance-emploi. »
Marjory LeBreton a par ailleurs indiqué qu’elle fournirait plus de renseignements à la sénatrice. Une porte-parole de la ministre de RHDCC, Diane Finley, Alyson Queen, s’est fait plus explicite. « Notre objectif est d’éliminer le déficit fédéral tout en améliorant les services offerts, déclare-t-elle. Aucun bureau de Service Canada ne sera fermé suite à notre initiative d’automatisation des demandes d’assurance-emploi. Ces changements n’affecteront pas les services offerts en personnes dans les bureaux de Service Canada. Il n’y aura pas des réductions de services. Par contre, en 2015, nous ne traiterons les demandes d’assurance-emploi que dans 22 de nos bureaux. Ces changements n’affecteront que ces réclamations. »
La sénatrice Chaput ne se dit pas convaincue par les propos d’Alyson Queen. « Malgré leurs promesses, les Conservateurs ont fermé des bureaux de Service Canada dans les provinces maritimes, rappelle-t-elle. Je prends ces renseignements avec un grain de sel, et je serai aux aguets. Entre-temps, j’attends toujours la réponse promise de Marjory LeBreton. » Le commentateur politique, Roger Turenne, estime pour sa part que les inquiétudes de la sénatrice Chaput sont toutefois fondées.
« Le gouvernement Harper a télégraphié son intention d’entreprendre des coupures sévères lors du prochain budget fédéral, rappelle-t-il. On s’attend donc à des mesures draconiennes. Dans un tel climat, on comprend que plusieurs départements ministériels aient peur, et que les bruits circulent. La situation est aggravée parce que le gouvernement actuel n’est pas très libre avec ses informations. »
On se rappellera que les ministères et agences gouvernementales ont reçu le mandat de réduire de 10 % leurs dépenses. Le but est de réduire le budget fédéral de 8 milliards $ par année.
« Par contre, tout cela pourrait s’avérer une tactique politique de la part du gouvernement Harper, ajoute Roger Turenne. On convainc la population que les coupures sont nécessaires et qu’elles se feront prochainement. Une fois le budget déposé, elles sont moins sévères que l’on ne le craignait et, par conséquent, sont acceptées par le public. »