Madame la rédactrice,

Contrairement à l’opinion de J.R. Léveillé et malgré le fait que le discours officiel de la littérature et des arts au Manitoba français soit soumis au prisme partial de cet écrivain de renom, la relève existe. Or, quelques inepties ont récemment été émises par J.R. Léveillé sur les ondes nationales de Radio-Canada à l’émission Bouillant de culture animée par Patrick Masbourian le 18 février dernier dans le cadre du Festival du Voyageur. Pour J.R. Léveillé la littérature franco-manitobaine se limiterait à quelques figures quinqua­génaires et aucune relève littéraire digne de ce nom n’existerait. En dehors « de moi pis ma gang » point de salut. C’est triste. Surtout, quand on constate que certains représentants de celle-ci ont dû quitter le Manitoba — parfois pour des raisons personnelles, j’en conviens — mais surtout afin de pallier à une forme de fermeture institutionnelle, un ostracisme déguisé. Parmi cette relève, il y a des écrivains qui ont peut-être le malheur de ne pas être originaires du Manitoba ou de publier à l’enseigne d’autres éditeurs que les Éditions du Blé… Cela étant dit, espérons qu’un jour la critique littéraire sera en mesure d’élargir le corpus d’auteurs et d’œuvres au-delà d’un cercle restreint d’auteurs du Manitoba. Faut-il donner raison à Ismène Toussaint qui, dans un article disponible en ligne sur la « Littérature d’expression française dans l’Ouest canadien » mettait en lumière il y a quelques années « de petits potentats culturels locaux qui […] font régner une sorte de dictature intellectuelle sur la population locale, […] par l’utilisation pernicieuse et subtilement feutrée de méthodes à caractère maffieux » ?

Laurent Poliquin | Écrivain | Saint-Boniface (Manitoba) | Le 20 février 2012