Theoren Fleury a connu une carrière de hockeyeur exceptionnelle, mais ses exploits sur la glace cachaient un être profondément blessé et malheureux.

Theoren Fleury (photo : Gracieuseté Perry Thompson)
Theoren Fleury (photo : Gracieuseté Perry Thompson)

En octobre 2009, lors de la parution de son livre Playing with fire, Theoren (Theo) Fleury est un des premiers joueurs de la Ligue nationale de hockey à confier publiquement qu’il a été victime d’abus sexuels. Son agresseur, Graham James, était son entraîneur lors de ses années juniors. La Liberté s’est entretenue avec celui qui sera conférencier lors d’un souper-bénéfice, le 10 mai prochain, au profit du Centre Aulneau à Winnipeg (1).

« J’ai eu à vivre avec ce secret pendant de nombreuses années, mais lorsque j’en ai parlé publiquement, c’était parce que j’étais prêt à le faire, explique Theo Fleury. Ce sont des émotions profondément ancrées et il faut travailler très fort afin de les libérer. »

Les problèmes de compor­tement en-dehors de la glace de Theo Fleury étaient connus de tous, mais peu pouvaient en confirmer la provenance. « Les victimes d’abus sexuels ne réagissent pas tous de la même façon et n’ont pas la même vision des évènements, note l’ancien numéro 14 des Flames de Calgary. Personnellement, j’ai eu des problèmes de dépendance aux drogues et à l’alcool, mais c’est bien peu comparé à la honte et à la colère qui rongent à l’intérieur. »

Malgré ces problèmes, Theo Fleury continuait à performer sur le plan sportif. « Je me sentais bien sur la glace, c’est l’élément de ma vie qui était le plus facile, dit-il. J’ai tout le temps joué au hockey. J’ai accumulé des milliers d’heures d’entraînement, alors lorsque j’étais sur la glace, je savais ce que j’avais à faire et je l’exécutais. Je n’avais pas besoin de penser longuement avant d’agir, c’était automatique. »

Aujourd’hui

Theo Fleury semble avoir vaincu ses anciens démons. « Aujourd’hui, je vis un jour à la fois, affirme celui qui a remporté la médaille d’or avec l’équipe canadienne de hockey aux Jeux olympiques de 2002. Je sais que j’ai besoin d’aide et j’ai trouvé des gens pour m’aider. J’ai maintenant assez d’outils pour vivre normalement.

« J’ai quatre enfants, âgés de 3, 13, 14 et 24 ans, qui occupent une place importante dans ma vie, ajoute Theo Fleury. Je suis ouvert et honnête avec eux et ils savent que ma porte est toujours ouverte s’ils désirent me parler. »

Theo Fleury continue de faire sa part dans la prévention des abus sexuels. « C’est très important pour moi de demeurer actif et de travailler pour enrayer ce fléau, conclut-il. Je reçois des milliers de courriels tous les mois de jeunes qui sont victimes ou de gens qui ont été victimes d’abus sexuels. Je les encourage à en parler, à dénoncer les agresseurs, mais quand ils seront prêts. »

  • (1) Pour plus d’informations, contactez le Centre Aulneau au (204) 987-7090.

 

Matthieu TREMBLAY | Journaliste