L’artiste québécoise Josée Pedneault présente à la Maison des artistes visuels francophones une collection d’objets personnels mexicains, ainsi que leurs histoires.

La Liberté | Exposition

Photographe à la base, l’artiste de Montréal, Josée Pedneault, a laissé pour un moment son appareil photo alors qu’elle commençait son nouveau projet d’exposition au Mexique, lors d’une résidence d’artiste de quatre mois en 2009.

« Je voulais faire un projet en interaction avec la communauté locale, pour rencontrer les gens, se souvient Josée Pedneault. Avec la photo, j’avais déjà fait des projets de correspondance et d’échange de photos. Là, j’ai décidé de créer une collection d’objets de valeur sentimentale, en échange desquels j’ai remis à chaque participant une de mes œuvres, créées spécialement pour eux.

« C’était une façon de découvrir Mexico de manière plus humaine, affirme-t-elle. J’ai une vision du pays très différente des touristes habituels. J’ai appris plein de petites choses sur l’histoire et la culture mexicaines à travers ces histoires personnelles. Je suis rentrée dans la culture mexicaine par la petite porte de derrière. »

C’est cette collection de 24 objets qu’on peut retrouver dans la galerie de la Maison des artistes visuels francophones (MDA). Josée Pedneault l’a appelée Con todo mi afecto, « une formule de signature de lettre en espagnol », explique-t-elle. C’est la première exposition de l’artiste québécoise à l’ouest de Toronto, et la première fois que Con todo mi afecto est présentée dans son intégralité à un public. (1)

Histoires variées

Josée Pedneault n’a pas eu de difficultés à glaner des objets et des histoires parmi la population de Mexico, de tous âges depuis la vingtaine jusqu’à la cinquantaine.

« Je me suis rendue compte que les gens de Mexico avaient un grand esprit d’ouverture envers les étrangers, assure l’artiste québécoise. J’ai trouvé les participants en faisant un appel par le Conseil des arts du Mexique et par bouche-à-oreille, et je n’ai pas du tout eu besoin d’insister pour qu’ils me racontent leurs histoires. C’était surprenant. »

Elle laissait à chacun la liberté de choisir son objet, ce qui donne une collection très hétéroclite allant d’un masque de lapin à des pantalons, d’un fil de fer de bouchon à une photo, d’un sac à une tirelire, d’une alliance à un livre. Les histoires rattachées à ces objets sont elles aussi très variées.

« Il y a des histoires sentimentales, des histoires tristes comme le décès d’un bébé, des anecdotes amusantes, des histoires plus politiques et d’autres plus philosophiques, ou encore des souvenirs d’enfance, prévient Josée Pedneault. Je n’ai placé aucune limite. C’est toute la richesse humaine qu’on retrouve dans ce projet. »

L’artiste a toutefois choisi de ne pas directement révéler les histoires reliées à chaque objet, afin de laisser au spectateur l’opportunité de se créer sa propre histoire ou de voir l’objet pour sa seule beauté esthétique. Les histoires telles que racontées par les 24 participants sont rassemblées dans des livrets disponibles dans la galerie en anglais, français et espagnol, ainsi que sur le site Internet www.contodomiafecto.com.

Josée Pedneault souligne aussi qu’elle a « présenté ces objets comme si le public entrait dans une petit musée d’artefacts. Les objets sont tous présentés sous verre dans un cadre, figés comme dans une photo, ce qui leur fait d’ailleurs perdre leur fonction d’objet ».

Expérience en photos

En plus des 24 objets personnels, Josée Pedneault présente dans son exposition plus d’une centaine de photos qu’elle a prises lors de ses échanges avec les Mexicains qui ont participé au projet.

« J’ai accumulé des photos tout au long du processus pour créer un genre de carnet de voyage, explique-t-elle. Il y a un peu de tout. Ça donne une meilleure idée de l’atmosphère et des lieux, de l’expérience. »

Josée Pedneault a aussi créé un livre d’artiste à partir de ce projet, lancé en 2011 à Montréal.

« Quand j’ai entendu les histoires profondes que les gens acceptaient de partager avec moi, j’ai su que j’avais une responsabilité envers eux, conclut Josée Pedneault. Ça n’avait rien de superficiel. Il fallait que le projet marche. J’y ai donc mis beaucoup de temps et d’engagement. »