Madame la rédactrice,

Le compte à rebours a commencé le 21 mai 2012! Notre doyenne institutionnelle, La Liberté s’approche de son premier centenaire. En effet, le 20 mai 2013, un des hebdomadaires francophones les plus anciens au Canada célèbrera tout un exploit, celui d’avoir su répondre, pendant 100 ans, au mandat suivant, donné par les Pères Oblats sur ses fonds baptismaux :

« La Liberté n’est pas et ne sera jamais une feuille politique. Elle veut l’union de tous les Canadiens français et ne la croit possible que sur un terrain national et religieux. La politique ne peut que nous diviser et faire avorter les plus louables et les plus généreux mouvements.

Pour ces raisons, La Liberté s’interdira absolument de combattre en faveur de questions purement politiques.

Mais qu’on nous comprenne bien.

S’interdire absolument de combattre en faveur de questions purement politiques ne signifie pas que nous nous abstiendrons de toute question où il entre de la politique.

Il s’en présentera – c’est inévitable – où seront en jeu des intérêts religieux et nationaux. Fuir de tels débats, refuser d’y prendre part et de dire à nos lecteurs où se trouve la vérité serait une lâcheté et un manque de sincérité. »

Trois ans plus tard, l’hebdomadaire subissait le baptême du feu avec la fondation de l’Association d’éducation des Canadiens français du Manitoba. Jamais elle n’a cessé de se battre pour ce qui était sa vision de la communauté francophone et catholique dont le présent, l’avenir et la survie passaient d’abord et avant tout par l’école.

Fortement remise en question à la fin des années 60, la direction du journal le remet entre les mains de laïcs qui seront de tous les combats : celui de l’école française d’abord, du réseau d’écoles françaises ensuite, de la division scolaire homogène et enfin de la gestion scolaire. Les crises linguistiques déclenchées par les Affaires Forest et Bilodeau, l’incendie de la SFM, La Liberté y était. Certains combats étaient loin d’être populaires. Mais ils étaient toujours animés du désir d’informer, de renseigner et surtout de ne pas dévier du mandat original, celui de l’honnêteté et de la sincérité.

Une fois les crises passées, est-ce que l’hebdomadaire est demeuré pertinent? Sans aucun doute. On a vu naître des chroniques culturelles, sportives, celles des écoles de la DSFM, des cahiers spéciaux, Le Journal des Jeunes, Bicolo, Cayouche, des reportages de fond, donc toute une palette d’informations aussi adaptées les unes que les autres à la francophonie de plus en plus plurielle du Manitoba.

L’avènement de la technologie a permis à La Liberté d’étendre encore plus ses ailes. Le site Internet a vu le jour, ensuite la page Facebook, La Liberté Mic et ils ne sont que des exemples d’une diversification de la présentation de l’information à notre disposition.

Imaginons maintenant, pour un instant, que cette histoire si riche en valeurs identitaires, imaginons que tous ces services dont nous bénéficions sans parfois en réaliser toute l’ampleur, imaginons que cela ne soit plus à notre disposition. Impensable direz-vous? Vous aurez raison. Comme le dit Bertrand Nayet dans sa lettre, La Liberté est menacée de disparition. L’Association des résidants du Vieux Saint-Boniface a choisi de sonner l’alarme. Des pétitions sont présentement distribuées dans certains commerces, organismes et en ligne (1) pour demander au ministre de Patrimoine canadien et des Langues officielles de restaurer les modalités de financement habituelles à notre seul hebdomadaire francophone du Manitoba, La Liberté.

Soyons unis, parlons d’une même voix, celle qui nous vient de 1913 pour dire que la liberté de presse, la liberté d’opinion et d’existence sont des droits fondamentaux de tout citoyen canadien. Signons la pétition (1) (2) et appuyons ceux et celles qui ont à cœur de célébrer une des institutions les plus porteuses d’identité de notre communauté.

Jacqueline Blay | Winnipeg (Manitoba) | Le 31 mai 2012