Le ministre fédéral du Patrimoine canadien et des Langues officielles, James Moore, parcourt le Canada afin de discuter avec les communautés de langue officielle des résultats de la Feuille de route sur la dualité linguistique canadienne 2008-2013, qui arrive bientôt à échéance. Il sera au Manitoba début juillet, la date restant à confirmer.

 

La Liberté - presse franco-manitobaine
Aimé Boisjoli.

En attendant, la Société franco-manitobaine (SFM) « recueille des informations sur la Feuille de route auprès des groupes communau­taires qu’elle a touchés, explique le président-directeur général de la SFM, Daniel Boucher.

« On leur a envoyé un questionnaire pour connaître les choses positives comme celles à améliorer, mais aussi leurs priorités pour l’avenir, indique-t-il. On veut utiliser ces réponses comme toile de fond pour mieux refléter la réalité de la Feuille de route, qui a touché les organismes de différentes façons, sans en oublier. »

Programmes utiles

La Feuille de route a touché beaucoup de domaines, dont la santé ou encore la culture. Le 100 Nons et le Centre culturel franco-manitobain se réjouissent notamment de la création du Fonds de développement culturel (FDC) en 2008.

« Ça nous a permis de créer les Boîtes à chansons commu­nautaires, et donc d’appuyer les communautés rurales, rapporte le directeur général du 100 Nons, Aimé Boisjoli. On a aussi pu mettre sur pied le Festival musique jeunesse. Non seulement ça nous a permis d’aller chercher des jeunes que le 100 Nons n’aurait pas touchés autrement, mais on a pu aussi introduire des formations en musique dans trois écoles qui n’en avaient pas. »

Du côté du CCFM, le FDC a été « essentiel à la réalisation de projets car notre financement de base n’est pas énorme », confie la directrice générale du CCFM, Sylviane Lanthier. Le FDC a notamment permis d’organiser un marché de Noël et une Fête de la culture bilingue, ainsi que de mener des projets autour de la danse.

Un autre succès immédiat de la Feuille de route a été son programme Vitrines musicales. « Ce programme a donné accès aux artistes à du financement pour faire des tournées partout au pays et se faire connaître, raconte Aimé Boisjoli. C’était un succès. » Sylviane Lanthier estime même que « le programme Vitrines musicales pourrait être pris comme modèle et transposé à d’autres domaines ».

Dans le domaine de la santé, la directrice générale du Conseil communauté en santé du Manitoba (CCS), Annie Bédard, se réjouit aussi que « les progrès ont été constants dans les dernières années, et sur le long terme, grâce à l’appui financier de la Feuille de route ».

Elle rappelle entre autres l’existence aujourd’hui de plans de services en français dans tous les offices régionaux de la santé au Manitoba, de quatre centres de santé et bien-être communautaires et de huit sites de télésanté francophones, ou encore de possibilités de formation en santé en français.

Aller plus loin

Si les organismes font des bilans plutôt positifs de la Feuille de route pour la dualité linguistique 2008-2013, tout n’est pas pour autant acquis et les organismes expriment déjà des souhaits pour un meilleur avenir.

« Ce serait bien que le FDC aide vraiment au développement culturel, note Sylviane Lanthier. Pour le moment, on peut obtenir du financement pour la première année, parfois la deuxième, mais plus rien après. C’est le fun, mais ça ne permet pas de mettre en place des évènements sur le long terme. Par exemple, on a été obligés d’arrêter le marché de Noël après sa mise sur pied car personne n’avait les moyens financiers de le continuer. »

Daniel Boucher estime également que « beaucoup a déjà été fait en justice, en immigration et en santé, mais il y a toujours plus à faire. C’est important de ne pas reculer ou stagner dans ces domaines ».

Annie Bédard partage ses préoccupations. « La santé est un secteur vital, mais quand il s’agit de services en français, le financement reste faible comparé à celui de la santé en général, remarque-t-elle. Il faut constamment travailler fort pour ne pas reculer. C’est un défi et les citoyens sont frustrés car ils ne voient pas les progrès, ils voient tout ce qui reste encore à faire!

« C’est important pour la santé que la Feuille de route soit renouvelée, poursuit-elle, car même si la santé est du domaine provincial, la dualité linguistique est le rôle du fédéral. »

Les organismes communau­taires restent néanmoins confiants. « Si le ministre James Moore prend le temps de faire une tournée du pays pour entendre ce qu’il se dit sur le terrain, les vraies critiques et les vrais succès, c’est qu’il y est dévoué, estime Aimé Boisjoli. Il ne ferait pas tout ça pour détruire ce qui existe! »

Sylviane Lanthier rappelle pour sa part que « James Moore a lui-même annoncé qu’il voulait « créer une culture de dualité linguistique ». Ça me donne confiance qu’il ne veut pas mettre la hache dans les programmes pour la dualité linguistique, mais plutôt préciser ses objectifs et ses priorités ».

« Les résultats de la Feuille de route 2008-2013 sont bons donc ils donneront au ministre des arguments pour aller chercher au moins autant de financement que ce qu’on avait déjà », espère quant à lui Daniel Boucher.

Par ailleurs, la SFM encourage tous les citoyens à remplir un questionnaire en ligne avant la fin de l’été. (1) « C’est important de se faire entendre car beaucoup de gens au Canada pensent que le bilinguisme coûte trop cher et qu’il n’est pas utile, et ils ne se gêneront pas pour le dire au gouvernement! », affirme Sylviane Lanthier.

« On doit faire valoir les besoins de notre communauté et établir le dialogue pour garantir la continuité de la Feuille de route sur la dualité linguistique canadienne », conclut Daniel Boucher.

(1) Le questionnaire est disponible à l’adresse suivante :
Consultations sur les langues officielles 2012 : Perspectives d’avenir