La Liberté - Presse (MB)
Derrek Bentley a représenté la jeunesse lors des consultations sur la Feuille de route sur la dualité linguistique canadienne à Winnipeg.

Une vingtaine de membres de la communauté franco-manitobaine ont rencontré la députée fédérale Shelly Glover au sujet de l’avenir souhaité pour les langues officielles.

Représentant le ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, James Moore, la députée fédérale de Saint-Boniface, Shelly Glover, a rencontré le 17 juillet dernier une vingtaine de membres de la communauté franco-manitobaine représentatifs des différents secteurs. Ils étaient invités à la table par le bureau du ministre Moore.

Le sujet de la discussion était la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne, qui s’achève en 2013 et que le gouvernement prévoit renouveler et améliorer selon les besoins des communautés canadiennes. « On voulait vraiment connaître les opinions des citoyens sur ce qui a bien marché et sur les défis, explique Shelly Glover. Cette rétroaction est essentielle. On va en tirer de bonnes idées. »
« Les gens avaient beaucoup à dire et il y avait une grande écoute, donc c’était très positif », raconte la directrice générale du Conseil communauté en santé, Annie Bédard. Le président-directeur général de la Société franco-manitobaine (SFM), Daniel Boucher, assure qu’« on aurait pu parler pendant plusieurs heures, mais l’important est que tout le monde a pu dire ses priorités ».

À poursuivre

Les participants étaient unanimes, la Feuille de route doit être renouvelée. « On a fait de grands progrès dans les domaines ciblés et il faut continuer de bâtir dessus », analyse Daniel Boucher.

« Les choses commencent à peine à se mettre en place et elles restent fragiles, renchérit le représentant du Conseil de l’immigration du Manitoba et ancien président de la SFM, Ibrahima Diallo. Rien n’est acquis. Ce sont des choses qui se font dans la durée. »

Par exemple, le soutien à l’immigration francophone doit continuer car ça donne du poids démographique aux communautés donc elles s’épanouissent mieux. De même, le soutien aux organismes économiques comme le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM) reste essentiel car « sans développement économique, la santé d’une communauté n’est pas bonne et la population diminue », affirme le président du CDEM, Paul Grenier.

En santé, Annie Bédard rappelle qu’« une étude au Manitoba vient de démontrer un possible impact positif des politiques actives au niveau de la langue et de l’espace francophones dans l’état de santé des francophones. C’était important que James Moore et Shelly Glover le sachent ».

À développer

Si les acquis sont à consolider, d’autres domaines devraient aussi être inclus dans la nouvelle Feuille de route selon les participants franco-manitobains. « Il y a des besoins importants dans d’autres domaines, comme l’éducation et la petite enfance, note Daniel Boucher. Ces domaines étaient présents dans la première Feuille de route, mais pas directement. Il faut que la nouvelle Feuille de route reflète mieux ces priorités. »

« La Feuille de route a beaucoup misé sur les arts, la justice, la santé, l’immigration et l’économie, mais la petite enfance est aussi très importante, affirme la gestionnaire de la Coalition francophone de la petite enfance du Manitoba, Joanne Colliou.

« C’est la base pour intégrer les gens dans la communauté franco-phone, avant même l’école, et les communautés nous réclament des Centres de la petite enfance et de la famille, poursuit-elle. Je suis contente d’avoir pu en parler à la consultation et réveiller les consciences à ce sujet. »

Shelly Glover a aussi retenu l’intervention de Derrek Bentley, un jeune de 19 ans issu de l’immersion française, mais qui s’est fait accepter dans une école française en 9e année alors que ses deux parents sont anglophones. « Il a dit qu’il fallait embrasser tous ceux qui voulaient appartenir à la communauté francophone, ne pas mettre de murs, rapporte-t-elle. Je l’ai bien entendu. »

Derrek Bentley ajoute que « c’est important de miser sur la jeunesse car c’est bien d’avoir des services, mais ça ne sert à rien si les jeunes ne sont pas bilingues et ne les demandent pas! »

Enfin, Ibrahima Diallo conseille, pour la prochaine Feuille de route, que la gestion des dossiers soit davantage transversale. « Chaque ministère devrait être responsable de la Feuille de route, pas seulement Patrimoine canadien, estime-t-il. De plus, il faudrait se donner des objectifs plus précis pour mieux mesurer les succès. Pour le moment, on n’a que des sommes d’argent distribuées comme repères. »

Les consultations pour la Feuille de route pour la dualité linguistique canadienne se poursuivront à travers le Canada jusqu’à l’automne 2012. En parallèle, tous les citoyens sont invités à faire part de leurs commentaires sur le site pch.gc.ca/olconsultationslo.

Tous les résultats seront ensuite analysés. Le gouvernement fédéral prévoit présenter sa nouvelle Feuille de route d’ici avril 2013. « Il y a encore du travail à faire, ce n’est que le début du processus », conclut Daniel Boucher.

 

Par Camille Séguy