Depuis le 4 septembre, CKSB révolutionne sa formule matinale : deux coanimateurs amènent leurs auditeurs plus proches et plus vite à la nouvelle, où qu’elle soit.

 

LA LIBERTÉ (PRESSE)
Stéphane Hawey, Geneviève Murchison, Colombe Fortin et Jean Fontaine dans le studio de CKSB.

Par Camille HARPER-SÉGUY

Le Radio-réveil de CKSB a pris un tournant innovant le 4 septembre dernier, après 29 ans sous le même nom. Désormais, de 6 h à 9 h, les auditeurs écoutent Le 6 à 9.

« On s’est demandé ce que le public recherchait dans une émission du matin à la radio, quel rôle lui était laissé dans une société où la nouvelle est accessible à côté du lit, sur sa tablette, raconte le réalisateur-coordonnateur de la programmation à Radio-Canada, Daniel Tougas. On a conclu que les gens attendaient de se brancher à un feu roulant d’évènements en direct, et de prendre le pouls de leur ville et leur province au moment même. C’est donc ce qu’on a voulu faire. »

Pour répondre à ce constat, Radio-Canada a défini cinq principes au niveau national : la souplesse, l’anticipation, l’ancrage, la personnalité des intervenants, et la présence du citoyen. Chaque station régionale était ensuite libre de les interpréter à sa façon.

« Notre nouveau concept est très innovateur, voire un peu fou, affirme le réalisateur de l’émission, Stéphane Hawey. C’est l’information en continu, RDI à la radio. Aucune autre émission dans tout le Canada n’a fait de changements aussi radicaux. »

Spontanéité

D’abord, CKSB a opéré un décloisonnement de la nouvelle le matin. Coanimé par Jean Fontaine et Geneviève Murchison, Le 6 à 9 donne l’information au fur et à mesure qu’elle arrive, et non à heures fixes. C’est le principe de souplesse.

« Le fait d’avoir deux animateurs permet à celui qui n’est pas au micro d’aller chercher la nouvelle, tout au long de l’émission, explique Daniel Tougas. Il n’y a plus de bulletin régional fixe aux demi-heures. »

De même, un journaliste de pupitre, Daniel Gervais, est présent en permanence dans le studio et il peut intervenir quand il le souhaite pour dévoiler une nouvelle. Un journaliste de terrain, Abdoulaye Cissoko, le relaye à l’endroit de la nouvelle et peut aussi intervenir en direct par téléphone. Il est l’ancrage dans la communauté et la Province.

« Dans le studio, on se fait beaucoup de signes, confie Geneviève Murchison. Le rythme est endiablé, mais ça garde les gens accrochés car il n’y a pas de routine. C’est comme une conversation fluide. »

L’auditrice de CKSB, Arianne Cloutier, confirme qu’« avant, je mettais mon réveil pour écouter les nouvelles locales, puis j’allais me préparer. Mais maintenant, comme elles ne sont plus à heures fixes, je me force à regarder l’heure sinon je passerais des heures à écouter l’émission! »

« Ça a des inconvénients car c’est plus difficile pour s’organiser, mais l’avantage est que je peux savoir ce qui se passe au moment même, analyse-t-elle. Et ce qui est certain, c’est que ça ne me fait pas arrêter d’écouter Radio-Canada, au contraire! »

La coanimation à égalité, un concept nouveau à CKSB, permet de garder ce rythme rapide et éclaté de l’émission. « Geneviève Murchison et moi, on se complète, affirme Jean Fontaine. C’est moins rigide d’être à deux, plus convivial. On rit beaucoup. »

Sa coanimatrice renchérit qu’« on ne voulait pas être des robots parleurs, et le meilleur moyen d’éviter cela est d’être deux à animer ensemble, pour se répondre et se relayer ».

Regard sur l’avenir

Avec le principe d’anticipation, « on met l’accent sur la journée qui vient et le présent, et non les nouvelles de la veille, explique Daniel Tougas. Le public est au cœur de l’actualité avec notre journaliste de terrain ».

De même, la reporter au socio-culturel et à la circulation, Colombe Fortin, offre pour la première fois aux automobilistes un aperçu des problèmes de trafic en direct de la route, en temps réel.

« Avant l’émission, je regarde où sont les problèmes de circulation et je vais sur place en voiture pour en parler, raconte la reporter. Et si c’est un matin calme, alors je vais là où circulent les francophones le plus souvent.

« Je suis aussi la reporter aux arts et au socio-culturel, et pour cela, selon le principe d’anticipation, j’annonce les spectacles qui vont se passer dans la journée sous forme de clips ou de vox-pops, ajoute-t-elle. J’essaie de varier les styles de couverture. »

Place à l’auditeur

Un autre nouveau principe clé à CKSB est la place donnée aux auditeurs via les médias sociaux. Ils sont une voix du 6 à 9 à part entière. Stéphane Hawey en a la charge.

« Je pensais depuis longtemps intégrer les médias sociaux, et cette nouvelle émission était l’occasion de le faire, affirme-t-il. Sur les médias sociaux, il y a souvent de bonnes discussions sur des sujets d’actualité, que je viens rapporter en ondes au fur et à mesure. Sur Twitter, je peux voir le sujet de l’heure à Winnipeg et être la courroie de transmission entre les citoyens et nos auditeurs, en temps réel. »

« Ça alimente notre animation de connaître les réactions des gens, confirme Geneviève Murchison. Ça fait avancer l’émission. »

Arianne Cloutier se réjouit de ce nouveau concept. « J’adore l’utilisation des nouveaux médias dans Le 6 à 9, dit-elle. Ça me permet de savoir ce qui se passe et se discute sans devoir regarder mon compte Twitter! »

Stéphane Hawey rappelle aussi que Le 6 à 9 « a un nouveau numéro de messagerie texte, 22222, et les messagers n’ont pas besoin de s’identifier. On espère donc que les gens participeront à notre émission! »

« On voulait vraiment une cassure, marquer le début de quelque chose de nouveau et fun, conclut Jean Fontaine. Le 6 à 9, c’est aussi rapide qu’une soirée électorale mais sur un ton détendu. »