En présence de défis économiques importants, le gouvernement Selinger ne pourra pas éliminer le déficit en 2014. Une situation complexe et problématique.

 

LA LIBERTÉ (PRESSE CANADA)
Greg Selinger lors du discours du Trône, le 19 novembre, à l’Assemblée législative.

Le gouvernement Selinger n’éliminera pas le déficit provincial en 2014, tel que promis lors de la dernière campagne électorale. C’est ce qu’a indiqué le premier ministre, Greg Selinger, le 18 novembre dernier, lors d’un point de presse sur le Discours du Trône du gouvernement néodémo­crate, qui doit, entre autres, composer avec les coûts associés aux inondations printanières de 2011 ainsi qu’un ralentissement de l’économie mondiale.

« Nous nous donnons une plus grande marge de manœuvre, a-t-il déclaré. Tous les gouvernements du pays, y compris le fédéral, doivent relever le même défi économique.»

On se rappellera que la Province a touché un déficit d’un milliard $ en 2011-2012, en grande partie en raison des inondations. Le printemps dernier, le gouvernement Selinger prévoyait un déficit de 176 millions $, suivi d’un léger surplus en 2014.

« On peut comprendre la décision du gouvernement Selinger, indique l’économiste Raymond Clément. Les inondations de 2011 n’ont pu faire autrement que d’augmenter les dépenses et de bouleverser la planification financière. Surtout que la Province et le gouvernement Harper n’ont pas terminé leurs discussions quant à la part de la note à assumer par le fédéral. Il n’empêche que le déficit pourrait demeurer ce qu’il était l’an dernier, soit de quelque 480 millions $.

« C’est inquiétant, car au fond, le Manitoba n’a pas beaucoup de marge de manœuvre économique, poursuit-il. L’échange mondial a diminué, et nous dépendons beaucoup de l’exportation. La baisse des prix a notamment affecté le secteur minier. De plus, les revenus provenant du gouvernement fédéral sont à la baisse. »

Selon le premier ministre, les états financiers de la Province seront plus clairs en décembre, lorsque le ministre des Finances, Stan Struthers, explicitera davantage la situation lors de la présentation trimestrielle des rapports financiers à jour.

Un gouvernement « timide »?

Lors du Discours du Trône, prononcé par le juge en chef Richard Scott au nom du lieutenant-gouverneur, Philip Lee, la Province a indiqué son intention de réduire les dépenses administratives et d’offrir une prestation plus efficace des services gouvernementaux. Ainsi, le gouvernement Selinger éliminera quelque 600 postes publics par attrition sur une période de trois ans. En outre, il prévoit fusionner les municipalités rurales dont la population se chiffre à 1 000 résidants ou moins avec les municipalités avoisinantes.

Le gouvernement Selinger a par ailleurs réitéré son désir d’améliorer les services gouver­nementaux, notamment dans le domaine des soins de santé à domicile pour les personnes âgées et une augmentation de 200 places dans les foyers de soins personnels à Winnipeg.
Dans les régions rurales, le gouvernement fournira un accès plus rapide aux tests et aux traitements pour les patients atteints de cancer, grâce à de nouveaux centres Action cancer à la campagne. L’ajout d’infirmières praticiennes, d’auxiliaires médicaux, d’infirmières et de diététistes dans les cliniques médicales est également prévu.

Dans le domaine de l’éducation, le gouvernement Selinger ouvrira de nouvelles écoles primaires, augmentera les ressources pour les élèves du secondaire qui entament un programme d’apprentissage et établira un nouveau programme parascolaire de leadership.

« La Province compte établir des mesures pour protéger les consommateurs de voitures et de services des câblodistributeurs, indique le politologue, Raymond Hébert. Toutes ces mesures pourraient faire le bonheur des Manitobains, mais ne règleront pas la situation financière. L’élimination des postes au sein du secteur public et le fusionnement des Munici­palités rurales ne réduiront pas de façon importante les dépenses publiques.

« Il serait temps que le gouvernement Selinger entre­prenne une révision systématique de sa programmation visant à réduire les dépenses, poursuit-il. Un comité doté d’experts pourrait recommander des mesures d’efficacité et même la réduction de certains programmes publics. Les meilleurs gouvernements néo­démo­crates du pays, notamment ceux de Gary Doer au Manitoba et de Tommy Douglas en Saskat­chewan, ont osé couper, même si cela ne cadre pas à la vision du Parti.

« Il faudrait y voir, conclut-il. Surtout que le déficit sera sans doute le cheval de bataille du nouveau chef du Parti conser­vateur, Brian Pallister. Le manque de volonté du gouvernement Selinger de couper les dépenses risque en effet d’être perçu comme étant timide. »

 

Par Daniel BAHUAUD