L’Université de Winnipeg, en octobre dernier, a choisi d’attribuer à Wab Kinew la fonction de directeur de l’inclusion autochtone. Un nouveau poste créé sur mesure pour l’ojibwé francophile fortement impliqué dans sa communauté.

 

LA LIBERTÉ PRESSE-CANADA)
Wab Kinew

À la tête du programme d’immersion en langues ojibwé au centre d’apprentissage Wii Chiiwaakanak de l’Université de Winnipeg, Wab Kinew s’affaire bénévolement, depuis près d’un an, à ce que les communautés autochtones conservent et cultivent leurs acquis culturels.

Face à cette détermination infaillible au sein de leur établissement, les responsables de l’Université de Winnipeg ont jugé favorable de confier à Wab Kinew davantage de responsabilités.

« L’été dernier, ils m’ont demandé ce que je considérais utile d’instaurer au sein de l’université, explique l’ojibwé francophile. Je leur ai expliqué mon projet et ils l’ont approuvé. »

L’approbation de ce dernier s’est d’ailleurs soldée, en octobre dernier, par la nomination de Wab Kinew en tant que directeur de l’inclusion autochtone, un nouveau poste créé spécialement pour lui. «  Mon projet consiste en un programme académique destiné à réunir le peuple autochtone et l’économie canadienne », explique l’intéressé.

Il s’agit, concrètement, d’encourager les jeunes autochtones à poursuivre des études dans le domaine de l’économie et des affaires, suivant le modèle du capitalisme conscient, qui intègre les valeurs premières des acteurs impliqués.

« Cette année, le programme s’adresse principalement aux élèves de l’école secondaire, ou aux jeunes non scolarisés, qui pourraient entrer à l’université dans les trois prochaines années, explique Wab Kinew. L’idée est de leur proposer des cours du soir de sciences économiques ainsi qu’une introduction à la culture autochtone. Le programme universitaire, concentré sur le monde des affaires, débutera quant à lui l’an prochain. »

Wab Kinew prévoit aussi des programmes dirigés vers les autochtones professionnels et les gouvernements des Premières Nations afin de former ces derniers aux négociations et à la mise en place de relations productives avec les grandes corporations.

« Au Canada, les gens d’affaires ont beaucoup d’intérêts à collaborer avec les Premières Nations dans la gestion de projets, note le directeur de l’inclusion autochtone. Prenons l’exemple des circuits touristiques d’observation des ours polaires. Développer des réseaux dans les milieux naturels en collaboration avec les Premières Nations permet de gagner du temps et d’économiser de l’argent et d’éviter des protestations de la part de ces dernières. »

Vers un avenir glorieux

De plus, le nouveau directeur de département remarque que les communautés autochtones connaissent une croissance des jeunes et un manque de main d’œuvre, un équilibre qu’il est nécessaire de retrouver. « La gestion des affaires est un métier d’avenir et il faut préparer les jeunes pour l’avenir », note-t-il.

Selon lui, seule l’éducation permettra de l’atteindre. « Les problèmes de pauvreté, de santé, de racisme, d’éducation constituent une réalité au sein des communautés autochtones, note Wab Kinew. Les défis à relever sont très nombreux. Pour y remédier, une seule solution existe. Elle consiste à cultiver le pouvoir des jeunes, et cela commence par l’éducation. »

D’ailleurs, à propos d’éducation, Wab Kinew entend bien rendre à cette notion la place qu’elle mérite. « L’université est souvent perçue comme une tour d’ivoire qui entretient un certain élitisme, soutient-il. J’entends renverser cette image afin que l’établissement universitaire et toutes ses infrastructures deviennent un lieu où chacun puisse acquérir les bagages et outils nécessaires pour le futur. »

 

Par Angelika ZAPSZALKA