La virtuosité des danseurs, la superbe interprétation de la musique de Tchaïkovski par l’Orchestre symphonique de Winnipeg, la beauté des costumes et des décors, ont fait le succès de la reprise du grand ballet classique La Belle au bois dormant, dans la version renouvelée créée par le RWB en 2002.
La Belle au bois dormant est le troisième ballet inspiré de contes de fée présenté par le RWB au cours de cette 73e saison, après la nouvelle création de Twyla Tharp The Princess and the Gobelin et le traditionnel Casse-Noisette. La Belle au bois dormant est le ballet est le plus “classique” et le plus romantique des trois. La chorégraphie de Marius Petipa est très élaborée et utilise presque tous les pas du ballet classique russe, exigeant une grande virtuosité des danseurs, dont plusieurs ont l’occasion de s’illustrer en solo. Le conte de Charles Perreault est un classique des contes fée. Une jeune princesse est frappée d’un mauvais sort par une sorcière le jour de son baptême: à son seizième anniversaire, elle se piquera sur une aiguille et mourra. Une de ses marraines, la Fée des lilas, change le mauvais sort: si la princesse se pique, elle s’endormira pendant cent ans et sera réveillée par le baiser d’un prince charmant. Le jour des 16 ans de la princesse, la sorcière réussit à s’inviter à la fête déguisée en vieille femme et à remettre à la princesse un bouquet de fleurs dans lequel est cachée une aiguille sur laquelle elle se pique. Elle sombre dans un profond sommeil. La Fée des lilas endort toute la cour et le château disparaît dans une épaisse forêt. Au bout de cent ans, la Fée des lilas conduit le prince Désiré auprès de la princesse endormie et il la réveille d’un baiser. Comme se terminent tous ces contes, ils se marièrent et eurent de nombreux enfants.
Evoluant dans un superbe décor conçu par Michael Eagan et mis en lumière par Michael J. Whitfield, dans de beaux costumes dessinés par Shannon Loelace et Anne Armit, les solistes et le corps de ballet dansent presqu’à la perfection. Au prologue, les marraines de la princesse Aurora, interprétées lors de la première par Serena Sanford, Sarah Davey, Elizabeth Lamont, Alama McAdie et Yayoi Ezawa exécutent avec virtuosité de brefs mais difficiles solo, dont les pas et les gestes évoquent le don qu’elles font à l’enfant: la beauté et la candeur; la grâce et l’art de la danse; la fertilité et une vie sans famine; l’éloquence, le chant et le rire. Sophia Lee brille dans le rôle de la Fée des lilas. Au premier acte, Jo-Ann Sundermeier, qui interprétait le rôle de la princesse Aurora lors de la première (Amanda Green les 7 et 9 mars), exécute avec une grâce et une maîtrise extraordinaire une longue arabesque sur pointe pendant laquelle quatre jeunes princes lui font tour à tour la cour. La valse du corps de ballet avec des enfants est un régal.
Le deuxième acte nous transporte 100 ans plus tard à l’orée de la forêt où un groupe de jeunes est en partie de chasse. Attristé et mélancolique parce qu’il n’a pas encore connu l’amour comme les autres, le prince Désiré, interprété par Oleksii Potomkin (Dmitri Dovgoselets les 7 et 9 mars) décide de ne pas suivre le groupe dans la forêt. Il est consolé par la Fée des lilas qui lui propose de l’amener au château où dort une belle princesse, dont elle lui donne un avant-goût de l’univers féerique. De superbes ensembles sont exécutés avec grande précision par le corps de ballet, particulièrement par des petits groupes de nymphes. Après le réveil de la princesse et de la cour et la déchéance de la fée Carabosse, le dernier acte met en scène le mariage d’Aurora et Désiré. Une grande fête est organisée au cours de laquelle on assiste à quelques numéros de danse de divertissement: l’humoristique pas de deux du Chat botté et de la Chatte blanche, avec Sarah Davey et Alexander Gamayunov; l’énergique pas de deux de l’Oiseau bleu, avec Elizabeth Lamont et Dmitri Dovgoselets, aux grands sauts spectaculaires; l’amusant pas de deux du Petit chaperon rouge poursuivie par le méchant loup, avec Chenxin Liu et Eric Nipp. Après un superbe grand pas de deux romantique de la princesse Aurora et du prince Désiré qui se termine par la célébration de leur mariage sous l’oeil bienveillant de la Fée des lilas, le corps de ballet se lance dans une joyeuse mazurka qui se termine dans l’apothéose.
L’Orchestre symphonique de Winnipeg, dirigé par Tadeusz Biernacki, a donné une interprétation magistrale de la musique de Tchaïkovski. Il faut signaler les très beaux solos de harpe (Richard Turner), de violon (Gwen Hoebig) et de clarinette (Micah Heilbrunn).