Présent cette année sur la scène du pavillon espagnol de Folklorama, Philippe Meunier y rythmait des soirées aux notes andalouses. Sa guitare comme compagne, il y interprète une musique qui lui colle aujourd’hui à la peau : le flamenco.
Par Léo GAUTRET
Ce jeudi matin, Philippe ouvre timidement la porte de sa maison. Ses lourdes paupières lui réclament de retourner sous la couette. La veille, il jouait sur la scène du pavillon espagnol pour la quatrième soirée du festival Folklorama. « J’accompagne la danse et le chant pendant 45 minutes chaque soir pendant une semaine. On rentre souvent assez tard. » Une fatigue apparente qui s’envole aussitôt la guitare sortie de son étui.
Entrée dans sa vie par la porte du hasard il y a 21 ans, la musique flamenco rythme désormais son quotidien. Né au Québec, Philippe grandit dans une atmosphère mélomane. « J’ai été exposé très jeune à toutes sortes de musiques du monde. Mon père écoutait de la musique brésilienne, de la musique classique et du flamenco. J’ai toujours vraiment aimé le flamenco, mais je ne comprenais pas comment ça fonctionnait. »
Diplômé de l’Université Laval au Québec en guitare classique, c’est à l’âge de 26 ans, alors qu’il enseigne aux études préparatoires de l’Université de Regina, que le musicien succombe aux mélodies hispaniques. « Pendant un de mes voyages, j’ai fait la rencontre de personnes qui revenaient d’Espagne. J’ai eu tout de suite envie d’accompagner la danse flamenco. De fil en aiguille, j’ai commencé à accompagner la danse, et puis j’ai appris un peu plus la structure du flamenco. Tout est lié dans le flamenco. Le chant, la danse et la guitare. » Un début d’idylle qui le suit jusqu’à Winnipeg, où il poursuit son apprentissage aux côtés d’une danseuse de flamenco. « J’ai commencé à jouer pour elle, pour ses classes, pour des spectacles, et depuis ce temps-là ça n’arrête pas. »
Toujours professeur de guitare, Philippe Meunier se produit sur scène toute l’année au Manitoba. L’an passé, il reçoit une bourse du Conseil des arts du Canada, du Manitoba et de Winnipeg pour aller perfectionner son flamenco en Espagne pendant l’été 2016. « Là-bas c’est comme une façon de vivre à part entière. » Un voyage qui lui aura notamment permis d’approfondir la technique du golpe, qui implique d’utiliser tout l’instrument pour produire du son en frappant la caisse de la guitare.
De quoi lui donner la légitimité pour représenter ce pan de la culture ibérique pour la deuxième fois à Folklorama. « Le festival me donne l’opportunité de rencontrer des gens d’origine espagnole qui organisent le pavillon. Des personnes qui jouent un peu de guitare, et qui ont une histoire. » Des rencontres qui le rapprochent toujours un peu plus de l’Espagne, et nourrissent inlassablement ses inspirations musicales.