Le nouveau conseil d’administration de la Société de la francophonie manitobaine compte 20 membres depuis le 12 octobre 2017. À terme, ils seront 22. Semaine après semaine, La Liberté s’entretiendra avec chacun d’entre eux pour mieux comprendre leurs priorités, leur parcours, leurs motivations. Et faire ainsi découvrir aux lectrices et lecteurs les porte-parole de la francophonie post-refonte.
Par Barbara GORRAND
Parler en français, pour Stéfan Delaquis? Ça coule de source. Ou plutôt, de sources, en raison des origines à la fois suisses et françaises (de l’Aveyron, pour être précis) de sa famille. Une famille qui vit en français de façon aussi évidente qu’elle respire, comme le résume celui qui est, depuis sept ans désormais, doyen de la Faculté d’éducation et des études professionnelles à l’Université de Saint-Boniface : « Depuis toujours, je vis ma vie en français. »
Et le français, c’est aussi une langue qui se partage. Avec un papa enseignant, puis directeur d’école et directeur général de division scolaire, il n’y a rien d’étonnant à ce que Stéfan Delaquis ait reçu en héritage la fibre de l’éducation. « J’ai fait ma scolarité en français à Notre- Dame-de-Lourdes, puis à l’USB en enseignement/éducation. J’ai enseigné pendant 12 ans dans les écoles d’immersion ou de la Division scolaire francomanitobaine, avant de devenir professeur à l’USB. Et avec un enthousiasme partagé, puisqu’il y a environ 30 000 inscrits à la DSFM ou en immersion : les gens veulent plus de bilinguisme, plus de français dans leur avenir. »
C’est avec cette conviction chevillée au corps que le doyen aborde, depuis le mois d’octobre, sa fonction de membre institutionnel du nouveau CA de la Société de la francophonie manitobaine. « Ce que je perçois, c’est un grand intérêt de la communauté pour cette nouvelle SFM. Ce que tout le monde veut voir, c’est l’épanouissement de la francophonie et pour cela, la SFM a un rôle extrêmement important de revendication. Il est très important de ne pas nous reposer sur nos lauriers. Il faut continuer à défendre nos acquis, et faire avancer nos droits. Je prends pour exemple Léo Robert : il s’est battu pour que nos enfants puissent fréquenter une division scolaire francophone; sans cela, où seraient-ils? »
Pour lui, il n’y a qu’une façon de procéder. « Il faut être proactifs. Et pas uniquement en matière d’éducation. La santé, l’immigration, la petite enfance puisqu’il s’agit-là de la relève. Ce n’est pas parce que je représente l’éducation secondaire que je n’ai pas toutes les autres causes à coeur. Autour de la table, nous avons tous le même mandat, les mêmes objectifs. Que la SFM soit plus présente, qu’elle facilite les échanges entre tous les acteurs, les membres et les organismes de la communauté.»
Et comment Stéfan Delaquis imagine-t-il la francophonie du Manitoba dans dix ans? « Je veux une francophonie vibrante. Que le français soit utilisé non seulement dans un contexte scolaire, mais que ce soit aussi une langue sociale, d’affaires, que l’on parle français en prenant un café, dans les réunions, dans les hôpitaux… Que l’on soit enfin à l’aise avec notre langue! »