Poète aux multiples langages, Amber O’Reilly sillonne les mers de l’écriture avec une passion innée. Elle est invitée pour la première fois comme écrivaine pour La plume et le pinceau. (1)

Par Morgane Lemée

Amber O’Reilly a grandi dans une famille bilingue, à Yellowknife. Ses parents lui racontent souvent qu’elle pouvait former des phrases complètes à l’âge d’un an. Ce souvenir l’amuse.

« Je ne sais pas si c’est vrai. Plus sérieusement, ce qui est sûr, c’est que mon intelligence dominante est linguistique. J’ai toujours aimé inventer des histoires. Aujourd’hui, je le fais en français et en anglais, mais aussi en espagnol. En ce moment, j’apprivoise le portugais. C’est important de réfléchir à mon rapport avec chacune des langues que j’ai la chance d’apprendre. C’est toujours une recherche de l’équilibre. C’est tout l’esprit d’un milieu minoritaire : il faut être prêt à saisir chaque occasion. »

Et ça, au Manitoba, Amber O’Reilly n’en manque pas une. Entre le Winnipeg Poetry Slam, l’animation du micro ouvert de l’Alliance française du Manitoba ou plus récemment le Winnipeg Fringe Festival, l’artiste multilingue se donne à l’écriture avec dévotion.

« Je trouve tout de même que l’écriture ne prend pas encore assez de temps dans ma vie. Je n’ai pas encore trouvé mon rythme. Je commence à soumettre des textes de poésie à des magazines littéraires. Il est vrai que j’aimerais un jour que mon art soit mon travail. Mais je ne m’impose aucune contrainte. »

Le penchant naturel d’Amber O’Reilly? Le slam. Bien qu’elle pense que cette forme de poésie relève encore d’une sous-culture au Manitoba.

«Certaines personnes écrivent du slam et ne se rendent même pas compte que c’en est. Ce qui fait la force du style, c’est son intention. C’est quand on vise à présenter sur scène le poème que l’on écrit, que ça devient vraiment du slam. Avec l’oral de cette forme de poésie, on peut jouer avec le rythme, avec les sonorités. »

Amber O’Reilly a fait ses premiers pas dans le slam en équipe, lors de compétitions. « C’est surtout comme ça qu’on connaît le slam au Canada, à travers de tournois. Pour certains, la compétition est une motivation. Moi, ça ne me nourrit plus. C’est une contrainte qui ne m’aide pas à produire quelque chose de bien. »

« Je trouve que la poésie permet de varier le degré d’importance qu’on accorde à une image particulière. J’aime beaucoup les structures nonlinéaires. Mon écriture est en train d’évoluer vers quelque chose de plus fragmenté, vers des poèmes qui n’ont pas nécessairement un sens absolu, pur. Je travaille avec le contenu du poème, mais de plus en plus aussi avec la façon dont il est représenté, avec les images. Au final, ma pratique est une forme d’art visuel. »

(1) La plume et le pinceau aura lieu le samedi 29 septembre 2018 de 19 h à 21 h, à la Maison des artistes visuels francophones, au 219, boulevard Provencher, à Winnipeg.


La plume et le pinceau

La plume et le pinceau est le fruit d’une collaboration entre le Festival international des écrivains de Winnipeg et l’Association des auteur(e)s du Manitoba français. L’évènement est organisé chaque année durant Nuit Blanche. Il s’agit d’une joute d’improvisation visuelle et littéraire qui jumelle trois écrivains (cette année, Roger Léveillé, Amber O’Reilly et Daniel Poirier-Leblanc) et trois artistes (Brigitte Dion, Jen Funk et Michel Saint- Hilaire). Amber O’Reilly explique.

« La structure est assez précise. On produit cinq toiles dans la soirée. Les duos artiste-écrivain, qui alterneront, s’unissent autour d’un thème donné à chaque ronde. Chacun apporte à l’oeuvre ce qu’il choisit. Les spectateurs présents sont invités à participer. Comme artiste, je trouve essentiel d’aller jouer avec d’autres genres, et ne pas juste rester cloîtrée dans une communauté d’écrivains seulement. »

Amber O’Reilly fera également une lecture pour Livres en fête, à l’Université de Saint-Boniface, le vendredi 28 septembre, à 10 h30.