Cheminer avec les Premières Nations, c’est depuis trois ans l’une des priorités de la Division scolaire Louis-Riel : quand le scolaire rencontre le social.
Par Camille HARPER
Christian Michalik, directeur général de la Division scolaire Louis-Riel (DSLR) depuis janvier après avoir été directeur général adjoint pendant une douzaine d’années puis directeur général par intérim pendant plus d’un an, se souvient bien de sa jeunesse dans les années 1970. C’est de là que lui vient aujourd’hui sa volonté de donner leur place aux langues autochtones et aux Premières Nations dans sa Division scolaire.
« J’ai des souvenirs d’un pays qui disait avoir deux langues officielles, le français et l’anglais, sur un même pied d’égalité. Pourquoi ne ferait-on pas la même chose pour les langues autochtones? Elles sont tout aussi fondatrices pour le Canada, pourtant on est en train de les perdre. »
Une inquiétude qui n’est pas isolée. On peut souligner que la nouvelle Loi fédérale concernant les langues autochtones coïncide avec la proclamation par les Nations Unies de l’année 2019 comme Année internationale des langues autochtones. Au Canada, selon le recensement de 2011, plus de 60 langues autochtones sont parlées.
Christian Michalik s’en réjouit : « J’aime l’idée de cette Loi qui prévoit un Bureau du commissaire aux langues autochtones. Ça ne peut qu’aider à maintenir les langues autochtones en vie. J’applaudis le gouvernement Trudeau qui cherche à avancer, à condition qu’il le fasse en constante consultation avec les communautés autochtones. »
À l’échelle de la DSLR, depuis déjà trois ans, un cours obligatoire en langue ojibwé est donné en maternelle et en première année.
Le directeur général raconte : « On a conçu un curriculum semblable à celui du cours Français : communication et culture dans nos écoles anglaises. Il s’adresse à tous nos élèves, pas seulement ceux qui s’identifient comme Autochtones.
« Pour le moment, il est offert aux maternelles et premières années dans la majorité de nos écoles, mais mon rêve est qu’il se donne dans toutes nos écoles pour tous nos élèves de la maternelle jusqu’à la troisième année. »
La Division scolaire organise également depuis trois ans des Pow-wows pour ses diplômés, et elle a lancé en février 2018 un nouveau portail en ligne pour appuyer son personnel dans l’enseignement des Traités en salle de classe.
Au-delà de ses élèves, la DSLR travaille à resserrer ses liens avec la communauté autochtone de tous âges, afin notamment de réduire les inégalités entre les jeunes scolarisés.
Christian Michalik explique : « Il y a des écarts socioéconomiques très importants parmi nos élèves. C’est au Manitoba, surtout à Winnipeg, qu’on trouve le taux le plus élevé d’enfants vivant dans la pauvreté : 25 %, dont la plupart sont issus de familles autochtones.
« C’est notre rôle, comme système scolaire, de faire ce qu’on peut en partenariat avec les gouvernements. Notre priorité reste l’enfant, mais pour que l’enfant puisse s’épanouir dans ses apprentissages, il faut que ses parents aussi soient épanouis. »
Ainsi par exemple, Christian Michalik annonce que la DSLR « a commencé cette année à offrir une formation professionnalisante gratuite dans le domaine hospitalier aux parents sans travail » dans son Centre René-Deleurme.
La Division scolaire offre également des opportunités de mentorat dans ses écoles à des mamans autochtones « pour qu’elles réapprennent à se faire confiance ». Il y a aussi, dans certaines écoles, des pauses café partagées entre les enseignants et les mères pour se parler. « Avec la Réconciliation, on renoue avec ces familles, on se dit des vérités, on recrée un rapport avec l’école en reconnaissant l’impact négatif des écoles résidentielles. Surtout, on trouve des solutions ensemble, sans prétendre savoir ce que les Autochtones veulent. De plus en plus d’Aînés autochtones cheminent avec nous. »