Il fut un temps où les gouvernements profitaient d’anniversaires importants pour entreprendre des projets qui seraient laissés en héritage aux générations futures. Ainsi, des milliers de Manitobains bénéficient encore aujourd’hui des initiatives lancées pour célébrer le centenaire du Canada en 1967, comme le Planétarium et la Salle du centenaire du Manitoba qui est louée, entre autres, aux organismes culturels tels que l’Orchestre symphonique, le Ballet royal et le Manitoba Opera. Le Musée du Manitoba et les deux théâtres du Manitoba Theatre Centre ont ouvert leurs portes en 1969 et 1970, l’année centenaire de la province.
Malgré une revue de la politique culturelle du Manitoba qui remonte à 1990, la Province n’a pas entrepris d’initiatives de cette envergure depuis 1970. Un nouvel énoncé de politique attendu depuis deux ans a finalement vu le jour le 12 mars dernier. Dans un texte de 19 pages, le gouvernement du Manitoba fait l’éloge des institutions artistiques et culturelles de la province. Il se limite cependant à des généralités qui l’engagent seulement à encourager, à soutenir, à promouvoir, à célébrer ou encore à revoir une grande variété d’activités. Son “plan d’action” ne propose pas de budgets ou d’initiatives chiffrées.
Malgré le caractère général de son plan, le gouvernement a entrepris quelques actions concrètes. Par exemple, il appuie financièrement le tourisme culturel, qu’il voit comme un outil de développement économique. Et, en avril 2018, il annonçait un programme modeste mais concret qui incite les musées et les centres d’archives à créer des fonds de dotation, s’engageant à bonifier de 1 $ chaque don de 2 $ que les organismes éligibles récolteraient, jusqu’à une limite de 25 000 $.
Plus récemment, cependant, le gouvernement a semé la confusion en exigeant que la Société du Centre du centenaire devienne autonome financièrement. Déjà, son appui financier à la Société a été réduit de 503 000 $ (17 %) en 2017-2018. La Société ne peux pas entretenir adéquatement la Salle du centenaire maintenant âgée de plus de 50 ans : elle a pourtant besoin de rénovations qu’elle évalue à près de 50 millions $. Exemple : la conque acoustique qui entourerait normalement l’orchestre symphonique pour canaliser le son vers le public et pour permettre aux musiciens de s’entendre jouer est immobilisée au plafond de la salle parce qu’il est devenu dangereux d’utiliser son système mécanique défectueux.
En 1967, une vague d’optimisme bien dans le ton de l’époque a permis à des décideurs inspirés de construire des infrastructures importantes pour appuyer la vie culturelle du Manitoba. Aujourd’hui, la Province doit faire un choix déterminant : soit elle annonce bientôt des projets sérieux de célébrations du 150e anniversaire du Manitoba, soit elle voue sa nouvelle politique culturelle à languir sur les tablettes. Pour éviter de se limiter à des festivités sans lendemain, le gouvernement Pallister doit établir un sens de direction qui tiendra la route pour les prochains 50 ans.