Mélanie Gall revient sur les planches cet été lors du Festival Fringe, qui se tiendra du 17 au 28 juillet, avec la pièce Ingenue : Deanna Durbin, Judy Garland and the Golden Age of Hollywood. Dans cette comédie musicale, l’artiste retrace la vie d’une Winnipégoise qui a été l’une des actrices les plus connues des années 1940. (1)
Par Amélie DAVID
Ingenue : Deanna Durbin, Judy Garland and the Golden Age of Hollywood raconte la vie de deux étoiles du cinéma américain des années 1940, Deanna Durbin et Judy Garland. Deanna Durbin est née à Winnipeg. Pourquoi vous êtes vous intéressé à elle?
J’ai toujours aimé l’histoire, la musique et les films de Deanna Durbin. Elle a fait 21 films et ils sont tous supers! Je savais que c’était une chanteuse qui venait de Winnipeg, mais je ne connaissais pas d’autres détails.
Quand j’ai commencé à réfléchir à un spectacle pour les différents festivals que j’allais faire cet été, je me suis dit qu’il était temps de faire quelque chose sur quelqu’un de Canadien. J’avais déjà parlé d’artistes non-Canadiens avant, comme en 2018 avec mon spectacle Piaf et Brel : l’impossible concert sur Édith Piaf et Jacques Brel.
Comme j’allais participer au Festival Fringe de Winnipeg, j’ai cherché quelqu’un qui venait d’ici. C’est ainsi que j’ai pensé à Deanna Durbin.
Une femme plutôt discrète de son vivant…
En effet, il y a très peu de choses sur Deanna Durbin. Elle est morte il y a à peine dix ans et, de son vivant, elle ne voulait pas avoir l’attention sur elle. Elle ne voulait pas qu’on écrive de livre ou de spectacle sur sa vie. Alors beaucoup d’informations se sont perdues.
Quand j’étais à New York pour chanter en décembre dernier, j’ai visité la bibliothèque spécialisée dans les arts. Dans le sous-sol, il y avait plusieurs carnets de notes et des articles de journaux sur la vie de Deanna Durbin. C’est là que je me suis rendue compte que sa vie ne se résumait pas à être une jolie chanteuse de Winnipeg!
Elle a eu une influence incroyable. Je suis tombée amoureuse de sa personne, de son histoire et de sa musique. Quand j’ai commencé à parler de ma volonté de monter un spectacle à son sujet, tout le monde m’a encouragée.
Vous dites qu’elle a eu une influence incroyable. À quel niveau?
D’abord, Deanna Durbin a été l’une des premières à avoir un orchestre qui jouait en même temps qu’elle chantait. Nous sommes dans les années 1940.
De plus, elle a inspiré beaucoup de personnes pendant la Seconde Guerre mondiale. Je me souviens de l’histoire d’une enfant qui avait été envoyée dans un camp de travail en Sibérie avec sa famille. Ils sont restés là-bas pendant trois ans et devaient travailler comme des esclaves.
Un des films de Deanna Durbin a été tourné dans la même petite ville de Sibérie. Pour de nombreuses personnes qui vivaient la guerre, comme cette jeune fille, visionner ce film leur a redonné un peu d’espoir. Elles ont compris que quelque chose de meilleur les attendait après la guerre : la musique et l’espoir.
On raconte qu’une photo de Deanna Durbin a même été retrouvée au-dessus du lit d’Anne Frank…
Oui, elle était l’actrice préférée d’Anne Frank. Dans la maison dans laquelle elle a vécu pendant près de trois ans, l’adolescente avait posé deux photos de l’actrice, là encore pour se redonner espoir. Deanna Durbin était un symbole de liberté et de jeunesse, et elle en avait conscience.
Par ailleurs, elle travaillait aussi pour la Croix-Rouge. Elle n’a jamais été une diva, mais plutôt une actrice du peuple. Jusqu’à sa mort, elle a toujours répondu aux lettres de ses fans.
Vous avez commencé à jouer ce spectacle en mai 2019. Comment le public a-t-il réagi?
À chaque présentation, des gens sont venus me voir à la fin pour me dire que ce spectacle avait trouvé chez eux, dans leur propre histoire, une résonnance particulière.
Si je peux faire quelque chose sur la musique que j’adore et en même temps rendre les personnes qui me regardent heureuses, alors je veux le faire!
La pièce parle aussi de l’actrice Judy Garland, qui a bien connu Deanna Durbin…
Les deux actrices ont travaillé pour le studio hollywoodien Metro-Goldwyn-Mayer, qui leur a donné à chacune un contrat au même moment.
Pendant toutes leurs carrières, les deux femmes ont toujours été comparées : leur manière de s’habiller, qui était la plus mince ou encore qui chantait le mieux. Presque toujours, c’est Deanna Durbin qui gagnait. Mais cela a brisé leur amitié.
Cela doit être très spécial de venir jouer ce spectacle à Winnipeg, la ville natale de Deanna Durbin…
C’était important pour moi de raconter à Winnipeg l’histoire d’une femme née à Winnipeg. Je suis très excitée à l’idée de voir sa maison! En fait, c’était la maison de sa grand-mère. Deanna en est partie quand elle avait un an, mais je sais que c’était une place importante pour elle quand elle était jeune, et qu’elle aimait y revenir. J’ai hâte de partager la musique de cette actrice que j’admire tant avec sa ville natale.
(1) Le 18 juillet à 22 h 15, le 20 juillet à 16 h, le 22 juillet à 18 h 30, le 23 juillet à 19 h, le 25 juillet à 14 h, le 26 juillet à 22 h 30 et le 28 juillet à 12 h 45, au Tom Hendry Warehouse Theater, 140 avenue Rupert (venue 6 du Festival Fringe). Spectacle en anglais. Entrée : 12 $ – 10 $ pour les étudiants, les aînés et les artistes du Fringe.