Rayannah a reçu le prix de l’artiste francophone de l’année au Western Canadian Music Awards, décerné début octobre à Whitehorse. En partenariat avec le Fransaskois Mario Lepage, elle a aussi obtenu le prix de productrice de l’année. Des distinctions qui rappellent à l’artiste que son chemin n’est pas vain.
Par Ophélie DOIREAU
Pour ce qui est du prix de producteur de l’année, remporté en duo avec Mario Lepage, Rayannah souligne que c’est la première fois que des artistes francophones reçoivent ce prix.
« Je ressens une grosse fierté de recevoir une récompense comme celle-là. Bien sûr, il y a des catégories comme artiste francophone, artiste autochtone, etc. Mais je pense que ce type de catégorie nous isole et que nous sommes moins considérés dans les autres catégories attribuées aux Western Canadian Music Awards. »
Sur son coréalisateur Mario Lepage, Rayannah tient à bien éclairer leur collaboration : « Mario m’apporte énormément sur le côté technique. Il peut passer des heures pour trouver la bonne sonorité. Et moi prendre des heures sur le côté harmonique. Nous formons un bon duo. »
Leur équipe s’est constituée en 2016. « On travaille ensemble pour qu’il y ait une sorte de fusion dans notre musique. Je pense que les gens le ressentent quand ils nous écoutent. »
La musique est bien plus qu’une passion pour Rayannah. « La musique, ce n’est pas une carrière. C’est un choix de vie, tout simplement. C’est un travail à plein temps. Moi j’ai trouvé que ce chemin valait tous les sacrifices dans ma vie. Je ne regrette rien, je vis de ce que j’aime. Ma question, ce n’était pas : Qu’est ce que je vais sacrifier dans ma vie? Mais plutôt : Comment est-ce que je vais gérer mon choix de vie? »
Vivre de sa musique, certes un rêve pour bien des artistes. Mais comment peut-on vivre de sa musique avec une Loi sur le droit d’auteur qui n’a pas été mise à jour depuis 2012? (Voir La Liberté du 18 au 24 septembre 2019.)
Rayannah confie : « Les artistes sont lésés par la Loi sur le droit d’auteur. Elle a été pensée à une époque où le streaming n’en était absolument pas au point où il est rendu. J’aimerais que le gouvernement fédéral revoie la loi sur le streaming et sur le droit d’auteur. Ce n’est pas grâce à Spotify que je gagne ma vie. Il faudrait trouver un équilibre entre le respect du travail des artistes et l’accès du public aux oeuvres musicales. »
| Vivre de sa passion
Malgré une révision en cours de la Loi sur le droit d’auteur, Rayannah estime les changements avancés insuffisants pour les artistes qui veulent totalement vivre de leur art. « J’aurais pu faire un autre travail pour gagner ma vie. J’ai déjà travaillé dans le marketing au sein d’organismes sans but lucratif. Mais la musique aurait quand même toujours fait partie de ma vie. C’est un choix de vie et non de carrière. » Une décision qui l’a poussée à devenir chanteuse et productrice. « Je suis propriétaire de mon travail. Ça signifie que je ne travaille pas pour une maison de production. Je travaille pour moi-même et je peux donc bénéficier pleinement de mon travail. C’est moi et mon oeuvre. J’en dispose librement. » L’interprète aime à rappeler que son bilinguisme est une force pour elle. « Je suis bilingue. Ce n’est pas un choix stratégique. Ça fait tout simplement partie de moi. C’est mon identité. Ça m’a sûrement quelques fois ouvert des portes. Mais ce n’était pas planifié de ma part. » Rayannah nourrit aussi son envergure internationale. Elle annonce plusieurs dates (1) de concert pour la fin de l’année, dont une partie se tiendront en Allemagne. « J’adore le public allemand. Les gens sont très concentrés dans mes concerts. Pour moi qui suis dans le détail, c’est génial. Évidemment, le public canadien, c’est la famille. »
(1) À Montréal le 4 novembre, à Québec le 7, à Toronto le 12, à Sudbury le 13, à Ottawa le 14.