Les vaccins contre la grippe auraient des propriétés anti-inflammatoires qui éviteraient des complications aux patients de chirurgies cardiaques. L’étude qui a permis d’en arriver à cette conclusion a été réalisée par le chirurgien cardiaque franco-sudburois Dr Rony Atoui.

 

Julien CAYOUETTE (Le Voyageur)

 

Lors d’une chirurgie cardiaque, une machine cœur-poumon est utilisée afin que le sang continue de circuler dans le corps du patient et que la respiration ne soit pas arrêtée. L’utilisation de cette machine crée cependant de l’inflammation chez le patient, une réaction normale d’un corps blessé pour se défendre contre des micro-organismes. Cependant, lorsque le corps n’arrive pas à trouver l’origine d’une attaque, l’inflammation peut échapper au contrôle du système immunitaire et causer des problèmes.

« Selon le degré de cette inflammation, il peut y avoir des conséquences négatives ou des complications postopératoires, comme des arythmies ou des crises cardiaques, des accidents cérébrovasculaires ou des problèmes aux reins », précise Dr Atoui.

 

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L’idée de faire cette recherche préliminaire lui est venue intuitivement lorsqu’il a lu des études qui tendaient à démontrer que le vaccin saisonnier contre la grippe avait des propriétés anti-inflammatoires. « D’une façon qui n’est pas encore claire, il peut diminuer l’inflammation et, par exemple, diminuer l’effet d’une crise cardiaque ou l’effet d’une arythmie. »

L’objectif du chirurgien était donc de voir si le vaccin permettrait de diminuer l’inflammation de façon significative, réduisant ainsi les risques de complication après les chirurgies. Il n’était pas certain d’avoir les ressources nécessaires pour faire son étude, mais les choses se sont mises en place.

 

Résultats probants

L’étude a été faite à petite échelle : seulement 30 patients. Quinze ont reçu un vaccin antigrippal et quinze autres un placébo. Les suivis après les opérations ont permis de constater que le sang des patients qui avaient eu le vaccin contenait moins de facteurs inflammatoires et plus de facteurs anti-inflammatoires. Du côté du placébo, c’était le contraire.

Les données ont été présentées au American Heart Association et à la Society of Thoracic Surgeons.

Les constats sont vus comme assez prometteurs pour entreprendre des études à plus grande échelle afin de confirmer les résultats. Dr Atoui rapporte que le St. Michael’s Hospital à Toronto est très intéressé. « J’espère qu’avec beaucoup plus de nombres, on pourra démontrer quelque chose au point de vue clinique. »

On recommande déjà aux patients de chirurgie cardiaque de se faire vacciner contre la grippe annuellement, mais environ 50 % seulement le feraient. Dr Atoui espère que cet argument supplémentaire encouragera plus de gens à se protéger.

Le vaccin antigrippal change chaque année, alors sera-t-il toujours efficace? Oui, répond le chirurgien, car la base du vaccin est toujours la même, on y change seulement les virus. D’autant plus que sa recherche a été faite au cours de quelques années, donc avec différents vaccins.

Il aura également besoin de confirmer le moment optimal pour donner le vaccin, mais Dr Atoui souligne que d’autres études démontrent que les effets bénéfiques peuvent durer jusqu’à un an.

Le Dr Atoui a étudié à l’Université McGill et a fait sa résidence à Chicago avant de s’installer à Sudbury en 2011.