Le centre de réhabilitation neuro-musculaire First Steps Wellness a ouvert officiellement ses portes à Winnipeg fin août (1). Son secrétaire du conseil d’administration, Raynald Dupuis, est le père de Danique Dupuis, victime d’un accident de motoneige en 2017 et bénéficiaire de la thérapie innovante du premier centre basé à Regina.

Par Laëtitia KERMARREC

Quand la thérapie innovante s’est-elle exportée à Winnipeg?

La thérapie innovante est arrivée au mois d’août l’an passé avec l’ouverture du First Steps Wellness Centre Winnipeg Inc. On a embauché des thérapeutes qu’on a envoyés à Regina pour être formés.

Ma fille Danique était parmi les premières clientes et, de là, on a bâti une clientèle de 20 à 30 personnes, par le bouche à oreille. On n’a rien fait d’officiel l’année dernière parce qu’on était en train de s’installer. Les portes ouvertes prévues en mars sont tombées à l’eau avec la pandémie. Depuis que la Province le permet, les clients ont recommencé à venir doucement, en respectant les mesures sanitaires.

 Cette thérapie innovante est importante pour progresser dans le cas d’une lésion de la moelle épinière...

Ce qui existait déjà dans le cas d’une telle blessure est la physiothérapie offerte par le système de santé au Manitoba, à raison de deux-trois fois par semaine pendant une heure à peu près. C’est très bien, mais ce n’est pas suffisant pour faire des progrès.

Au First Steps Wellness Centre, la thérapie est basée sur le principe de neuroplasticité.

On sait que les systèmes nerveux ont la capacité de re-diriger en partie les signaux nerveux pour contourner les lésions, ce qui apporte par exemple des gains d’ordre musculaire aux individus accidentés. Quand Danique a commencé la thérapie, elle avait besoin d’un maintien pour s’asseoir. Maintenant, elle est capable de se tenir toute seule parce qu’elle a pu développer certains muscles.

Et de nouvelles recherches sont toujours en cours…

On est encore calqué sur ce qui se passe à Regina. Ce qu’il y a de récent est notre programme pour les enfants, basé sur des études de la NASA. À leur retour sur terre, les astronautes présentent une faiblesse musculaire à cause du temps en apesanteur. Pour ré-entraîner leurs muscles, ils mettent une veste sur laquelle se raccroche des élastiques qui s’attachent aux pieds et aux jambes et créé une résistance. Le même principe est utilisé pour aider le mouvement de la marche chez les enfants accidentés. Et avec d’autres outils, ils peuvent pratiquer le saut, ou des choses de même.

Cette thérapie innovante se développe à travers le pays…

Effectivement, un autre centre First Steps doit ouvrir à Sherbrook quand ils auront les fonds. Tout le monde ne peut pas se permettre de se déplacer dans une autre province pour suivre la réhabilitation. Nous avions eu le soutien de la communauté franco-manitobaine et de celle de Lorette. Ça nous avait permis de se rendre à Regina. Au Manitoba, il y a environ 50 blessures à la moelle épinière par année. Donc il y a une clientèle qui va continuer de croître.

L’autonomie individuelle et l’espace communautaire sont les objectifs du centre…

À l’avenir, on veut installer des équipements accessibles pour des gens comme Danique qui se disent: OK, j’ai été jusqu’à un certain point dans la thérapie. Maintenant, je ne veux plus continuer de façon intensive, mais j’aimerais pouvoir me garder en forme de façon indépendante.

Notre vision à long terme est de créer cet espace communautaire où ils seront à l’aise, où ils pourront se comprendre et s’encourager mutuellement. Car la société s’interroge encore en voyant une personne en fauteuil rentrer dans un gym.

« Pour bénéficier de la thérapie innovante dans le centre, le tarif est de 90 $ par heure. Le nombre d’heures dépend de la personne. Pour ma fille Danique, concrètement, nous avons payé 45 000 $ par année. »

(1) Le centre a été financé par des dons. Son directeur général Shane Hartje, explique que « depuis son ouverture il y a un an, le fonctionnement du centre a nécessité 180 000 $. Il nous faudra encore entre 130 000 et 150 000 $ cette année pour être pleinement équipé. À partir de la troisième année ce sera différent, on devrait être financièrement autosuffisant. Dès lors, notre objectif sera de baisser les tarifs pour les clients. » Voir l’édition de La Liberté du 18 au 24 septembre 2019.