Par Michel LAGACÉ
Face à l’arrivée d’une deuxième vague d’une pandémie qui a déjà causé plus de 9 000 morts au Canada, la nouvelle que le gouvernement du Manitoba a réalisé un léger surplus de 5 millions $ sur des revenus de 17 641 millions $ l’an dernier n’a pas reçu toutes les acclamations que le Premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, aurait souhaitées.
Il y a toujours lieu de souhaiter que les finances publiques soient en bon état, mais les gouvernements doivent aussi prévoir des urgences comme les inondations, les feux de forêt ou encore une pandémie. Dans cette perspective, la trajectoire des déficits toujours plus grands qui s’accumulaient sous l’ancien gouvernement néo-démocrate n’était pas une façon de penser à long terme.
Un examen du rapport financier 2019-2020 publié le 29 septembre démontre à quel point M. Pallister n’a pas à se vanter de son surplus. D’une part, depuis son élection, les transferts fédéraux ont augmenté de 27 %, de 3 820 millions $ en 2015-2016 à 4 847 millions $ en 2019-2020. D’autre part, les dépenses ont été restreintes à 2,7 % cette année par rapport à l’an dernier. Ces économies à court terme pourraient cependant occasionner des dépenses plus importantes à long terme, surtout dans le domaine de la santé où les listes d’attente s’allongent et le vieillissement de la population annonce des dépenses grandissantes. Les besoins de la population ne suivent pas nécessairement la volonté politique des élus.
Dans sa manière de comprimer les dépenses, M. Pallister crée encore d’autres problèmes à long terme. Un autre rapport émis par la Province la semaine dernière révèle une des sources des économies réalisées par le gouvernement provincial : au cours des derniers quatre ans, la fonction publique du Manitoba a été réduite de 16,8 %, de 14 876 à 12 371 personnes. De plus, 22,9 % des fonctionnaires seront admissibles à la retraite d’ici cinq ans et 41,2 % d’ici dix ans.
À court terme, la réduction de 2 505 employés pourrait sembler souhaitable. Mais elle laisse présager des lacunes importantes dans la capacité du gouvernement du Manitoba de concevoir et de livrer des services. Les employés qui partent maintenant ne sont pas remplacés, et un jour leurs remplaçants auront moins de temps pour développer leur expertise dans leur domaine de travail. Les services publics en souffriront. Dans toute démocratie, la population a besoin d’une fonction publique compétente et bien formée, car c’est elle qui élabore et livre les programmes qui doivent répondre aux besoins de la population.
C’est un bon signe que la victoire éphémère de M. Pallister n’a pas reçu les applaudissements qu’il semblait croire mériter. C’est que, pour bien gouverner, il faut absolument planifier à long terme, et c’est là un des plus grands défis de gouvernements qui pensent en termes de mandats de quatre ans ou moins. M. Pallister a encore des devoirs à faire.