Par Michel LAGACÉ


L
es Manitobains ont eu le rare privilège d’observer le même jour les tentatives par deux gouvernements de consolider leur popularité politique lorsque la lieutenante-gouverneure du Manitoba, Janice Filmon, et la toute nouvelle gouverneure-générale du Canada, Mary Simon, ont lu un discours du Trône. Et c’est à partir de ces discours que se jouera le sort du gouvernement minoritaire dirigé par Justin Trudeau et du gouvernement impopulaire dont Heather Stefanson vient d’hériter.

S’il est un message que Heather Stefanson a voulu livrer, c’est qu’elle n’est pas Brian Pallister. Ainsi, le discours a martelé les valeurs qui animeraient dorénavant le gouvernement provincial : égalité, inclusivité, compréhension, respect, réconciliation et réparation des relations brisées. Les partis d’opposition n’auraient pas pu dénoncer le gouvernement dirigé par son prédécesseur dans des termes plus clairs.

Les objectifs du gouvernement ne surprennent pas : traverser la pandémie de la COVID-19, créer un système de santé plus robuste et faire progresser la réconciliation avec les peuples autochtones. Pour l’instant, le gouvernement s’engage surtout à consulter plutôt qu’à agir concrètement. Comment éliminer les retards dans les interventions chirurgicales et les tests diagnostiques qui se chiffreraient maintenant à 136 000? Le gouvernement mettra en place un groupe de travail « inclusif ». Une mesure déjà proposée en juin dernier par Doctors Manitoba, l’association provinciale qui regroupe plus de 4 000 médecins.

Heather Stefanson a cependant fait un premier geste de réconciliation en se rendant à l’hôtel de ville de Winnipeg. À la grande joie du maire Brian Bowman, elle y a annoncé qu’elle appuierait la demande municipale de 201 millions $ d’Ottawa pour la deuxième étape de la modernisation de la station d’épuration des eaux usagées au nord de Winnipeg.

La première ministre présentera également à Ottawa une demande de mise en oeuvre des premières étapes du plan directeur de transport en commun de Winnipeg. Et dans le but de créer un meilleur climat avec les employés du secteur public, elle a abrogé la Loi sur la viabilité des services publics qui limitait les salaires dans ce secteur.

De son côté, le discours du Trône livré à Ottawa cherche à consolider la popularité du gouvernement dirigé par Justin Trudeau en s’appuyant sur les politiques déjà établies durant son dernier mandat. Le contrôle de la pandémie demeure « la priorité absolue. » Le gouvernement prétend vouloir « rebâtir l’économie », comme si l’économie canadienne était dirigée par l’État plutôt que par les lois du marché. Par ailleurs, il s’engage à poursuivre sa lutte contre les changements climatiques et pour la réconciliation.

Les Manitobains savent maintenant à quoi s’en tenir de la part des deux paliers de gouvernement. Reste à voir jusqu’à quel point chacun aura suivi le bon chemin pour rehausser sa popularité.