FRANCOPRESSE – Plus de 300 représentants de la francophonie minoritaire ont assisté au sommet de clôture des consultations pancanadiennes sur les langues officielles, mais plusieurs sont repartis avec l’impression d’un « happening » sans message clair et sans être rassurés quant au prochain Plan d’action pour les langues officielles.
Inès Lombardo – Francopresse
Le Sommet clôturait les consultations pancanadiennes qui doivent aider la ministre Ginette Petitpas Taylor à rédiger le prochain Plan d’action pour les langues officielles.
« Beaucoup de discussions pour pas grand-chose », ont résumé des représentants d’organismes de plusieurs secteurs impliqués dans les langues officielles, notamment en situation minoritaire.
Après avoir voyagé dans tout le pays pour entendre les revendications de la population canadienne en matière de langues officielles, la ministre Petitpas Taylor a assuré vouloir un « Plan d’action [2023-2028] ambitieux ». Elle n’a cependant pas précisé s’il bénéficiera d’investissements supplémentaires par rapport au Plan d’action 2018-2023.
Le programme JCT légèrement bonifié
Le Sommet des consultations pancanadiennes sur les langues officielles 2022 a été marqué par l’annonce du renouvèlement du programme Jeunesse Canada au travail (JCT), dont l’enveloppe sera légèrement bonifiée pour totaliser 12,6 millions $ sur trois ans.
Le Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023 prévoyait 18,6 millions $ sur cinq ans.
Les fonds serviront à financer 2000 emplois et stages pour des jeunes canadiens âgés de 16 à 30 ans, entre 2022 et 2025.
Le programme est une initiative du ministère du Patrimoine canadien et fait partie de la Stratégie emploi et compétences jeunesse (SECJ) du gouvernement du Canada.
C-13 et le Plan d’action « en parallèle »
Malgré cette annonce et un sentiment d’avoir reçu l’écoute de la ministre sur certains enjeux, des organismes venus d’un peu partout au pays pour le Sommet ont confié à Francopresse qu’ils n’avaient pas reçu de signaux rassurants sur un éventuel soutien dans le prochain Plan d’action pour les langues officielles.
La ministre a simplement indiqué qu’une éventuelle bonification du Plan serait discutée à la troisième étape, après l’adoption du projet de loi C-13 et la rédaction du Plan.
« Je dis toujours que le Plan d’action et [le projet de loi] de modernisation des langues officielles doivent être faits en parallèle. La Loi est importante, mais sa mise en œuvre l’est également » et sera soutenue par le Plan d’action 2023-2028, a affirmé la ministre Petitpas Taylor en conférence de presse.
Elle a dit souhaiter voir le projet de loi C-13 adopté avant la fin de cette année. Sans cela, la ministre devra retravailler le Plan d’action pour les langues officielles.
Questionnée à savoir comment elle procèderait le cas échéant, elle a simplement assuré que « plusieurs étapes de la mise en œuvre du projet de loi seront reflétées dans le Plan d’action. Il y a l’adoption [du projet de loi], mais n’oublions pas que des règlements [pour préciser certaines dispositions du projet de loi C-13, NDLR] doivent être rédigés et j’ai hâte de commencer le travail pour cela ».
Demande d’un plan « intersectoriel » du côté de la culture francophone
À l’occasion du Sommet, la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) a demandé au gouvernement des investissements concrets pour le secteur culturel francophone minoritaire.
La directrice générale de l’organisme, Marie-Christine Morin, déplore de ne pas avoir « entendu de promesses aujourd’hui [pour aider la culture] ».
« J’ai entendu des jeunes dire que l’ancrage culturel est important et que vivre des activités artistiques dans leurs milieux scolaires a fait une différence et leur a permis de vivre en français. J’ai entendu des témoignages qui reconnaissent l’importance de la culture. Maintenant, y a-t-il eu des engagements importants aujourd’hui sur ces investissements? Non », souligne-t-elle.
Elle revendique que le prochain Plan d’action soit « un plan de développement intersectoriel ».
« On entend qu’il y a des investissements qui doivent être faits du côté de l’immigration francophone, du côté du continuum en éducation […] Mais il n’y a pas une entreprise, une institution postsecondaire ou de nouveaux arrivants qui souhaitent intégrer une communauté où il n’y a rien qui se passe sur le plan culturel », prévient Marie-Christine Morin.
« Pour [faire vivre la culture francophone en milieu minoritaire], il faut qu’on ait des moyens […] Je continue à sentir l’écoute des décideurs et du ministère. Les canaux sont ouverts, mais il faut marteler le message. »