Bramwell Tovey, qui a été le chef de l’Orchestre symphonique de Winnipeg, est décédé à l’âge de 69 ans, le 12 juillet 2022. Ses contributions au Winnipeg New Music Festival et à l’orchestre symphonique perdurent.
Par Raphaël BOUTROY – Collaboration spéciale
Bramwell Tovey est né en Angleterre, dans le cadre de sa carrière comme chef d’orchestre, il a voyagé partout dans le monde. Cela dit, c’est au Canada qu’il a passé le plus de temps travaillant pendant 12 années avec l’Orchestre symphonique de Winnipeg (OSW) et 18 ans avec l’Orchestre symphonique de Vancouver.
Vers la fin des années 1980, l’Orchestre symphonique de Winnipeg était à la recherche d’un nouveau chef d’orchestre. Michel Lagacé, ancien membre du conseil d’administration de l’orchestre symphonique a été impliqué dans de processus de sélection pour le poste. Il a ensuite travaillé avec Bramwell Tovey pendant plusieurs années.
« Il nous fallait quelqu’un qui était jeune et énergique. La popularité des orchestres était décroissante, on voulait se rebâtir, mais aussi explorer le monde la nouvelle musique d’orchestre. »
Le jeune Bramwell Tovey fut un candidat idéal pour ce poste. Le point de convergence dans sa description, peu importe qui en parle, est son charisme. Michel Lagacé se rappelle sa première conférence de presse :
« J’ai donné beaucoup de résumés et de directives à des gens qui devaient faire des conférences de presse. Bramwell Tovey est l’une des seules personnes qui a su transformer ce que je lui ai dit pour le présenter entièrement à sa manière. Il n’a pas utilisé mes mots du tout, seulement mes idées, il était un orateur impressionnant et il avait une grande présence. »
| Très investi
Trudy Schroeder, l’ancienne directrice générale de l’OSW confirme son charisme : « Il était le premier chef d’orchestre à Winnipeg qui a parlé avec la foule, il interagissait avec les spectateurs, il les faisait rire. Les gens l’ont adoré. »
Le chef d’orchestre était beaucoup plus qu’un individu qui dirigeait de la musique, il représentait le visage de l’orchestre, il faisait la publicité de l’orchestre et donnait goût aux gens d’aller aux concerts. Michel Lagacé explique: « Quand on a choisi Bramwell Tovey, on savait qu’il devait être la figure de proue de l’OSW. Je pense qu’on a fait un bon choix. »
C’est grâce à l’initiative et la direction de Bramwell Tovey que le Winnipeg New Music Festival a pris forme. « C’est une musique très différente, mais le conseil d’administration voulait en faire quelque chose. Bramwell Tovey avait déjà un penchant pour ce type de musique et a été enjoué par l’idée d’en faire quelque chose. »
En 1992, le premier Winnipeg New Music Festival a eu lieu. « On n’aurait jamais pensé que cet évènement aurait autant de succès. Le premier soir, on avait quelques sièges autour de l’orchestre pour les spectateurs, le deuxième soir on a dû en mettre plus, à la fin de semaine toute la salle était remplie! Ce n’était pas seulement des personnes plus âgées, il y avait des jeunes et des gens qui venaient à l’OSW pour la première fois », explique Michel Lagacé.
L’impact de Bramwell Tovey n’a pas qu’été important pour le public, il a construit de bonnes relations avec les musiciens de l’orchestre. « Il savait faire remonter à la surface les meilleures qualités des musiciens. Il a dirigé une chorale dans laquelle je chantais et immédiatement il a su faire valoir chacun des individus de la chorale. Je l’ai aussi vu quand il était chef d’orchestre à Winnipeg, il savait évaluer le talent musical et s’en servir pour créer de la belle musique », se souvient Trudy Schroeder.
| La musique rythme sa vie
Pour Bramwell Tovey, la priorité a toujours été la musique, Trudy Schroeder partage une de ses anecdotes préférées : « Il est parti en Angleterre, il devait diriger un orchestre là-bas. Dans la salle où il devait donner le concert en soirée, un couple devait se marier pendant l’après-midi. Mais leur pianiste était incapable de venir. Bramwell Tovey s’est porté volontaire pour le faire. Sans demander son reste, il ne leur a pas dit qu’il était un grand chef d’orchestre juste qu’il savait jouer le piano. Ça, pour moi, c’est le Bramwell Tovey dont je me souviens. »