FRANCOPRESSE – Les étudiants internationaux seront autorisés à travailler plus de 20 heures par semaine hors campus pendant une session dès le 15 novembre, et ce, jusqu’à la fin 2023. Mieux : le ministre d’Immigration, Réfugiés et de la Citoyenneté Canada (IRCC) met en place un « projet-pilote » qui étend automatiquement les permis des étudiants internationaux. Ces mises à l’essai touchent aussi les étudiants étrangers francophones.
Inès Lombardo – Francopresse
L’assouplissement qui permet aux étudiants étrangers de travailler plus de 20 heures par semaine pendant une session à l’extérieur du campus ne sera valable que du 15 novembre 2022 jusqu’au 31 décembre 2023.
Le ministre Fraser y voit des avantages pour les employeurs et les étudiants. D’abord, une opportunité pour « plus de 500 000 étudiants internationaux, qui sont déjà au Canada, d’acquérir une expérience de travail précieuse », en même temps qu’un « coup de pouce » aux employeurs qui cherchent à embaucher juste avant la période de Noël.
Sean Fraser a réitéré : « Je veux augmenter le taux d’acceptation des étudiants internationaux francophones, et il y a beaucoup de stratégies possibles. »
L’une d’entre elles, dont le ministre et sa secrétaire parlementaire Marie-France Lalonde ont souligné plusieurs fois le « succès », est le Volet direct pour les études (VDE) qui vise déjà les étudiants francophones de deux pays d’Afrique : le Maroc et le Sénégal.
Sur l’autorisation faite aux étudiants étrangers de travailler désormais plus de 20 heures par semaine hors campus pendant une session, Sean Fraser évoque une « opportunité massive pour les étudiants internationaux francophones. […] Je n’ai pas de boule de cristal, mais j’espère que les étudiants francophones travailleront pour les entreprises qui desservent des communautés francophones, tout en développant une expérience de travail. »
Il a ajouté : « On va essayer quelque chose de nouveau, voir ce qui se passe. Entre novembre de cette année et la fin de l’année prochaine, nous aurons l’occasion d’avoir les retours des nombreux étudiants concernés par cette mesure. Ils pourront nous dire si ça a fonctionné, et ce qu’on peut faire pour améliorer les choses. »
Une « réflexion sur la flexibilité » à IRCC
Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), voit un « effet possible » dans les communautés francophones en situation minoritaire : « Il y a des besoins en main-d’œuvre partout, l’étude qu’on a publiée [avec la FCFA et le RDÉE Canada, NDLR] l’a bien démontré. Il y a des secteurs économiques où les étudiants internationaux sont très présents. Ce ne sera pas une solution miracle, mais peut-être que ça pourra enlever un peu de pression sur certains employeurs ».
Il retient également une « réflexion chez IRCC sur l’intégration de plus de flexibilité. C’est là-dessus qu’on devrait poursuivre le travail, avec IRCC et Emploi et développement social Canada (EDSC), pour voir s’il n’y a pas d’autres mesures flexibles à insuffler pour que les étudiants internationaux profitent de programmes qui ne sont pas ouverts aux résidents permanents. »
Il cite l’exemple de Jeunesse Canada au travail (JCT) : « Les étudiants internationaux ne peuvent pas occuper les postes financés par JCT, mais dans certaines communautés francophones, des postes restent non comblés alors qu’il y a des étudiants internationaux sur place pour les occuper. J’espère que cette annonce peut devenir une flexibilité dans le système pour les étudiants internationaux. »
Martin Normand trouve « judicieux » que la mesure soit temporaire : « On ne voudrait pas que les étudiants se retrouvent dans une situation où ça devient alléchant de travailler 30 ou 40 heures par semaine, qu’ils négligent leurs études et que ça nuise à leur statut au Canada s’ils ne peuvent pas poursuivre leurs études à cause de ça. »
Des permis d’étude étendus automatiquement
Le ministère de l’Immigration lance aussi un « projet-pilote » visant à automatiser les prolongations de permis d’études. Les demandes de prolongation d’un petit groupe de demandeurs seront « traitées beaucoup plus rapidement », selon IRCC.
« Je veux être très clair : les demandes qui ne seront pas automatiquement approuvées seront entièrement examinées par un agent, car seul un agent peut refuser une demande », a-t-il ajouté.
Le ministère de l’Immigration avait fait face à des critiques sur l’utilisation du logiciel Chinook par les agents qui traitent les demandes d’immigration. L’outil ne prenait pas en compte l’aspect humain des demandes de permis d’études et menait à de la discrimination.
Si le projet porte ses fruits, il sera pérennisé, notamment pour « permettre aux agents de se concentrer sur les demandes plus complexes ». Du début de l’année à la fin aout, le ministre a assuré qu’IRCC avait reçu plus de «452 000 demandes de permis d’études ». Il a précisé qu’IRCC justifiait un taux d’approbation pour les demandes de permis d’études au pays « d’environ 96 % ».
La double intention : le défi du ministre
Interrogé en conférence de presse sur la double intention, qui empêche des étudiants étrangers et notamment les étudiants africains francophones, d’accéder à la résidence permanente après leurs études : « La solution n’est pas simple pour moi. Nous ne voulons pas que chaque étudiant international s’attende à être admissible à la résidence permanente immédiatement. Il y a plus de 500 000 étudiants internationaux au Canada. Si nous devions créer un chemin vers la résidence permanente pour chaque étudiant étranger, nous devrions revoir les programmes de réunifications familiales, les programmes d’immigration économique, etc. On a beaucoup de travail à faire avant de changer cette double intention. »
« On a élevé nos ambitions sur les niveaux d’immigration. Cette année, nous espérons battre le record de 431 000 nouveaux résidents permanents », a-t-il précisé.