La France a rejeté la demande d’extradition du père Johannes Rivoire accusé d’agressions sexuelles sur de jeunes Inuits au Canada dans les années 1970, suscitant une “immense déception” des victimes, selon leur avocate française.
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C’est le Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) qui a annoncé dans un communiqué la décision du gouvernement français motivée par le fait que la loi française interdit l’extradition de ses propres citoyens et qu’il “s’est écoulé trop de temps entre les évènements et le dépôt des accusations”.
Ce dernier point empêche également les autorités françaises de poursuivre le père Rivoire en France, précise le communiqué du SPPC.
“C’est d’abord un sentiment d’immense déception pour les victimes, qui avaient fait le déplacement jusqu’en France pour expliquer aux autorités françaises à quel point c’était important, voire vital pour elles, que Johannes Rivoire puisse être extradé au Canada, pays où il a commis ces agressions, et dont il a la nationalité”, a regretté Me Nadia Debbouche, qui représente les victimes inuites en France. “Manifestement le message n’est pas passé”.
L’ancien missionnaire, âgé de 92 ans, est visé par un mandat d’arrêt canadien pour avoir agressé sexuellement une enfant dans l’Arctique canadien entre janvier 1974 et décembre 1979. Le religieux avait déjà été visé par un premier mandat d’arrêt entre 1998 et 2017 pour des agressions sexuelles contre trois mineurs.
Le nonagénaire vit actuellement dans une maison de retraite de Lyon et n’a jamais été inquiété.
En septembre, il avait de nouveau nié toutes les accusations le visant lors d’une rencontre organisée avec une délégation d’Inuits venue en France soutenir la demande d’extradition.
“Tous les recours juridiques possibles pour obtenir l’extradition de Johannes Rivoire de France ou sa poursuite dans cet Etat sont épuisés”, conclut le SPPC.
Le ministre canadien des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, a déclaré dans un tweet qu’il était “désolant de voir cette injustice grave se reproduire”, tout en soulignant qu’il restait encore des pistes pouvant mener à l’arrestation du père Rivoire.
Le service pénal précise en effet qu’il travaille de concert avec la police fédérale afin qu’Interpol diffuse un avis de recherche pouvant conduire à l’arrestation de Johannes Rivoire dans un autre pays.
Sa congrégation, l’ordre des Oblats de Marie-Immaculée (OMI), a annoncé en septembre avoir lancé une procédure d’exclusion contre lui.
De son côté, Me Debbache a encouragé les gouvernements canadien et français à “continuer à travailler ensemble”.
L’avocate a par ailleurs rappelé qu’elle travaillait, avec les victimes, à la préparation d’une plainte en France contre la congrégation du père Rivoire, pour “recel de criminel”.
“La détermination des victimes est totalement intacte et tout sera mis en œuvre pour que les responsables soient jugés dans ce dossier”, a affirmé Me Debbache.
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