C’est un projet vieux de plusieurs années, qui devait se réaliser en 2020 et qui s’est concrétisé en ce mois d’octobre 2022. Depuis quelques jours, la croix de La Barrière a finalement retrouvé son site historique quasiment original. Entreprises Riel et l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM), les organisateurs, décryptent cet évènement.
Par Jonathan SEMAH
C’est un sujet de questionnement qui dure depuis des années. Pendant longtemps, il a été difficile d’établir avec exactitude où se trouve le site de La Barrière. Avec l’urbanisation et les changements opérés avec le temps aux alentours de Saint-Norbert, il est admis que trouver le site au centimètre près reste délicat. Pour information, la croix de La Barrière est actuellement située au nord de la Rivière La Salle, ce qui représente une erreur historique. C’est pour être plus proche de la réalité qu’Entreprises Riel et l’UNMSJM ont collaboré. L’objectif était de trouver le bon endroit, et pour ça, il fallait surtout que la croix retrouve le sud de la Rivière, plus conforme aux faits historiques.
Paulette Duguay, présidente de l’UNMSJM, l’affirme : le site trouvé est le bon. « Oui je confirme, la croix de La Barrière sera sur son lieu original, le plus près qu’on le puisse. Alors est-ce qu’on se trompe de quelques centimètres? Je ne sais pas, mais nous sommes au plus près. En ce qui concerne l’aménagement, cela représente un réel atout pour Saint-Norbert. Il y a une belle chaussée qui donne sur le site et qui permet de repartir de manière sécuritaire. C’est invitant et c’est un beau point d’intérêt. »
Dans cette quête active du bon endroit, Paulette Duguay n’a pas été seule. Elle décrit l’aide reçue pour monter ce projet et surtout comment les recherches ont été menées. « D’abord, je dois mentionner Michel Lagacé, le président de la Société historique de Saint- Boniface. C’est le premier à m’avoir parlé de ça. C’était extrêmement important pour lui que la croix soit replacée à son endroit original. Je pense aussi à Philippe Mailhot qui a beaucoup étudié et recherché autour de l’abbé Ritchot et Saint-Norbert. Et avec les documents d’archives que nous avons, ils ont pu en déduire que nous étions au bon endroit. »
Pour rappel, en 2019 déjà avait été érigée une croix en bois sur l’autoroute Pembina au sud de Winnipeg. Cette croix commémorait les 150 ans d’un moment fondateur de la résistance métisse en 1869, celui de La Barrière. Il y a donc 153 ans des Métis canadiens-français érigeaient une barrière pour interdire l’accès du territoire au lieutenant-gouverneur William McDougall.
Le curé de Saint-Norbert, l’abbé Noël Ritchot, et Louis Riel y ont aussi planté une croix. L’historien Philippe Mailhot expliquait dans les colonnes de La Liberté en 2019 que « les gens étaient très croyants. Pour l’abbé Ritchot et Louis Riel, cette victoire a été possible grâce à l’intervention de Dieu. La croix était un symbole. »
Il y a donc quelques années Entreprises Riel et l’UNMSJM avaient entrepris le projet du déplacement de la croix de La Barrière sur son site historique le plus proche de l’original. L’initiative devait voir le jour en 2020, mais a été reportée. Paulette Duguay, présidente de l’UNMSJM, voit cette réalisation comme un réel accomplissement. « Je suis très contente que ça se fasse enfin. Ça fait plus de 10 ans que l’Union réfléchit déjà à faire ce projet. Ceux et celles qui s’intéressent à l’histoire vont pouvoir s’intéresser à l’effort qui a été fait. »
| Histoire et tourisme
En plus de l’objectif historique et éducatif, le nouveau site de la croix de La Barrière servira de nouvelle destination touristique à Saint- Norbert. Entreprises Riel, par l’intermédiaire de son directeur général Normand Gousseau, revient sur les contours de cet évènement et donne plus de détails expliquant pourquoi ce projet a mis plus de temps que prévu pour voir le jour. « Notre premier objectif était de couper le ruban pour le 150e de la province en 2020. Mais faute de financement et pandémie oblige, nous avons finalement mis trois ans à monter ce projet. Ça a pris plus de temps que prévu, mais nous sommes très fiers et heureux de l’avoir enfin présenté. »
En 2019, Michelle Gervais, directrice de Tourisme Riel, estimait le coût de cet aménagement à 150 000 $. « Ça a plus que doublé », précise Normand Gousseau. « Le projet a été financé par Patrimoine canadien et deux autres différentes sources : provinciale et municipale, puis il y a aussi eu de l’appui communautaire à travers Francofonds. »
Placé dans l’un des secteurs sur lesquels Entreprises Riel travaille, Normand Gousseau rappelle à quel point ce lieu est spécial. « C’est l’endroit où le Manitoba a vu le jour. C’est en plus dans une communauté bilingue, francophone. C’est un endroit important pour la Province et même pour le Canada. Ça a beaucoup guidé la façon dont le Canada s’est développé. »
Normand Gousseau explique aussi que ce nouveau site fera désormais partie des lieux à voir concernant Louis Riel lors des tournées organisées et guidées par Entreprises Riel. « On veut reconnaître l’endroit et contribuer à un inventaire important de sites historiques qui parlent de Louis Riel. Car, quand on y pense, il y a la Cathédrale, la tombe, la maison Riel à Saint-Vital… Il y a un inventaire déjà impressionnant et c’est l’élément qui manquait. »