C’est à Djerba en Tunisie que s’est déroulé du 19 au 20 novembre 2022 le 18e Sommet de la Francophonie. Plusieurs responsables politiques et organismes canadiens étaient sur place. C’était le cas de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF), une occasion pour rappeler l’utilité d’une voix jeune forte en ce qui concerne la francophonie.
Par Jonathan SEMAH
Pendant ces deux jours de rencontres et de discussions, plusieurs documents ont fini par constituer la feuille de route des quatre années à venir pour la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, réélue à l’issue du Sommet.
Invitée à prendre part à la délégation canadienne, la FJCF a pu jouer un rôle pendant ce Sommet. Marguerite Tölgyesi, 25 ans, est la présidente de la FJCF et a notamment pu échanger avec le Premier ministre Justin Trudeau ainsi que la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly. « Nous n’avons pas participé aux tables rondes ni eu accès aux discussions entre responsables politiques. Mais nous les avons rencontrés de manière informelle. On leur a parlé de la politique jeunesse.
« Avec madame Mélanie Joly notamment, on lui a montré comment on pouvait travailler avec elle sur le dossier de l’immigration francophone. Je lui ai, notamment, mentionné le besoin des étudiants internationaux au Canada et particulièrement la difficulté d’obtenir des visas. C’étaient des rencontres rapides, mais très pertinentes et on les a sentis à l’écoute. »
S’il est dur de se faire une place dans ce genre de rencontre internationale, la FJCF était confiante d’être entendue. En effet, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) avait plusieurs priorités pendant ce Sommet. L’une d’entre elles était : le rôle des femmes et des jeunes en tant que vecteurs de paix et acteurs de développement.
Pour Marguerite Tölgyesi, mettre en avant ce point était important même si la sensibilisation est encore longue. « On veut s’impliquer pour mettre de l’avant la jeunesse canadienne-française, surtout en situation minoritaire au Canada.
« On est méconnus et pourtant on a une richesse incroyable. Je trouve super important qu’on soit représenté, car comme on est francophones, on nous demandait souvent si l’on venait du Québec. On répondait non et ces questions montrent bien tout le travail de sensibilisation qu’il reste à faire.
« Se rencontrer à l’international est donc une bonne chose, ça permet d’approfondir nos relations avec des organismes au Canada ou à l’étranger qui ont des objectifs similaires aux nôtres. »
| Toujours une langue d’avenir?
L’OIF, par l’intermédiaire de sa secrétaire générale, a plusieurs fois qualifié ce Sommet de moderne et que des changements d’avenir se préparaient. Alors qu’au Canada les derniers chiffres du recensement 2021 ont montré une perte de vitesse du fait français, est-ce que pour les jeunes cette langue représente encore la modernité et l’avenir? « Il y a tellement d’opportunités à développer dans la franco-phonie au national comme à l’international. L’immigration notamment est l’un des vecteurs importants de la francophonie au Canada. Puis, on a un rôle à jouer, nous les jeunes, pour porter l’intérêt de la langue française.
« Nous bâtissons notre communauté. On peut commencer dans des réseaux jeunesse puis on peut continuer sur des CA d’organismes en tant que porte-parole. C’est important de montrer qu’on peut vivre en français au Canada en situation minoritaire et qu’on le valorise, c’est une valeur ajoutée. »
À propos de la modernité, ce Sommet de la Francophonie a également beaucoup appuyé sur la connectivité et la présence en ligne. Le salut du français pourrait passer par une progression dans le monde numérique. « Il y a certainement de la place pour faire mieux. Au Canada, on s’entend que le contenu francophone auquel on a accès c’est majoritairement Radio-Canada et c’est majoritairement basé au Québec.
« Il y a des efforts à faire pour valoriser le contenu médiatique francophone hors Québec. On consomme tellement sur les médias sociaux puis il y a des géants du numérique qui ne réalisent pas à quel point ils peuvent avoir un impact. J’ai notamment appris lors du Sommet que le Canada a beaucoup investi dans le média TV5MONDE, c’est une plateforme de contenu francophone et je pense que les jeunes d’expression française ont une place à prendre là-dedans. »
| Situation post-pandémique
Enfin, outre les considérations évoquées lors de ce Sommet, les jeunes franco-phones font face à d’importants défis en ce moment. De par sa fonction, Marguerite Tölgyesi est amenée à rencontrer beaucoup de jeunes qui ont plusieurs préoccupations. « L’un des enjeux qui remontent présentement est le monde après la pandémie. Il y a longtemps qu’on ne s’est pas rencontré en personne. C’est très important d’offrir la possibilité aux jeunes de se voir, de jaser, de partager les bonnes pratiques et surtout de briser l’isolement quand on vit en situation minoritaire au Canada.
« Quand on offre aux jeunes les possibilités et les bonnes ressources, ils vont saisir l’occasion. L’autre sujet en tension, et qui découle un peu du premier, est la santé mentale. On ne peut plus faire comme on faisait avant à cause de la fatigue professionnelle, l’environnement et la surconsommation en générale. »
À noter que la France a été désignée pour accueillir le 19e Sommet de la Francophonie qui aura lieu en 2024.