La police canadienne enquête sur des ingérences étrangères présumées de la Chine, notamment dans ses “processus démocratiques”, selon une lettre rédigée par la cheffe de la police, qui ne détaille toutefois pas les allégations.

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Rédigée par la cheffe de la police fédérale Brenda Lucki, cette lettre obtenue par l’AFP mardi est adressée à une commission parlementaire au moment où cette dernière étudie de possibles ingérences étrangères, dont celle de la Chine dans les élections fédérales canadiennes de 2019.

A propos de ces élections remportées par Justin Trudeau, Brenda Lucki affirme qu’il n’y avait “aucune preuve à l’époque” d’une ingérence.

“La GRC (Gendarmerie royale du Canada, police fédérale) peut confirmer qu’elle mène actuellement des enquêtes sur des activités d’ingérence menées par des acteurs étrangers”, est-il toutefois écrit dans cette lettre.

La chaîne Global News avait rapporté ce mois-ci qu’un “réseau clandestin” de candidats aux élections fédérales canadienne et d’agents chinois travaillant pour leur campagne a été financé par la Chine.

Réagissant après la diffusion du document, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré que les “services de renseignement du Canada ont souligné à de nombreuses reprises que l’ingérence de puissances étrangères dans les affaires canadiennes est une chose permanente”.

Les allégations d’ingérence étrangère sont prises “très au sérieux” par le gouvernement canadien, a abondé auprès de la presse Marco Mendicino, le ministre de la Sécurité publique.

“Les Canadiens peuvent être assurés du fait que l’intégrité de nos élections n’a pas été compromise”, a précisé la cheffe de la police.

Interrogé mercredi lors d’un point presse régulier, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a vivement contesté l’enquête canadienne.

“La Chine ne s’ingère jamais dans les affaires intérieures des autres pays”, a-t-il assuré, dénonçant des accusations “inventées de toutes pièces et absurdes”.

“Le Canada devrait arrêter de tenir des propos sans fondement, de calomnier et salir la Chine, ainsi que d’arrêter de tromper sa population.”

– Relations glaciales –

La Chine a récemment démenti des informations selon lesquelles le président Xi Jinping et son homologue canadien Justin Trudeau avaient discuté de l’ingérence chinoise au Canada, après la médiatisation d’un échange tendu entre les deux dirigeants au sommet du G20.

En outre, la police fédérale enquête sur des informations selon lesquelles la Chine aurait installé des postes de police et harcelé des expatriés chinois au Canada, allégations que Pékin a aussi contestées.

Lundi, un ancien chercheur de la compagnie d’électricité Hydro-Québec accusé d’espionnage industriel au profit de la Chine a été libéré sous caution d’ici son procès.

Yuesheng Wang est soupçonné d’avoir partagé des renseignements au “profit de la République populaire de Chine et au détriment des intérêts économiques du Canada”.

Au cours des dernières années, les relations entre la Chine et le Canada se sont fortement dégradées, notamment après l’arrestation par le Canada à la demande des Etats-Unis de la directrice financière de Huawei Meng Wanzhou en 2018, libérée depuis.

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