Aux Éditions des Plaines est sorti récemment L’iconique Esplanade Riel. Ce livre est un mélange de faits historiques racontés par Joanne Therrien et feu Étienne Gaboury illustré par les photographies de Michel Grandmaison. Cet ouvrage revient sur l’histoire des ponts de Saint-Boniface et de Winnipeg depuis 1882, avec un arrêt sur le pont Provencher et l’Esplanade Riel.

Par Jonathan SEMAH

Les marcheurs, les piétons ou même les touristes qui sont déjà passés à Winnipeg reconnaissent cette arche entre mille. Le mât incliné de l’Esplanade Riel est l’un des lieux les plus visités et photographiés de la capitale manitobaine.

Si ce lieu semble connu de tous, son histoire l’est beaucoup moins. C’est avec l’idée d’en connaître plus que Joanne Therrien, présidente des Éditions des Plaines s’est lancée dans ce projet. « Nous avions déjà fait un processus similaire avec la même équipe, mais pour la Cathédrale de Saint-Boniface. Nous avons alors voulu faire pareil en ce qui concerne l’Esplanade Riel. Là aussi, il y avait peu d’explications sur le processus architectural, quelle est la signification des symboles et des textes. On s’est lancé alors dans ce projet. »

| Un trio habitué à travailler ensemble

Le trio s’est alors rencontré à plusieurs reprises pour déterminer la forme du livre. Joanne Therrien raconte plus précisément comment ont collaboré Étienne Gaboury et Michel Grandmaison. Le photographe a pu bénéficier des secrets de l’architecte pour faire les meilleurs clichés possibles. « En tout, Michel a pris trois séries de photos. Étienne lui donnait tous les détails sur les meilleurs angles à choisir pour prendre en photo le pont. Puis, avec les photos, on a ensuite écrit les textes. J’ai rédigé la partie historique et Étienne s’est occupé de la partie architecturale et l’oeuvre contemporaine. »

Joanne Therrien souhaite d’ailleurs rendre un hommage appuyé à Étienne Gaboury. Le célèbre architecte, décédé le 14 octobre dernier, n’a pas pu voir la version finale du livre, mais était très fier de participer à ce projet selon Joanne Therrien. L’écrivaine souligne aussi la chance rare de pouvoir écrire un tel livre avec l’un des architectes qui a littéralement contribué à la conception du nouveau pont Provencher ainsi que l’Esplanade Riel au début des années 2000. « Travailler avec Étienne, c’est un charme. Je le connaissais depuis un certain temps, c’était comme une suite naturelle. J’étais éditrice et lui avait des projets architecturaux qui manquaient d’explication alors ça s’est fait comme ça. C’était une occasion incroyable d’expliquer son legs à la communauté. Il était enchanté par ce projet même si ça a pris du temps. C’était tout un accomplissement pour lui de le voir envoyer chez l’imprimeur. »

| Le pont se dévoile

Avant le pont Provencher, on parlait du pont Broadway. Il a été construit à des fins publiques puis s’est ouvert à la circulation en avril 1882. Piétions, chars et chevaux ont foulé ce pont. En 1925, c’est même un tramway qui assure la liaison entre Winnipeg et Saint-Boniface. Joanne Therrien revient sur les faits saillants qui l’ont marquée en faisant ses recherches. « J’ai appris beaucoup de choses. Il y a notamment certaines photos d’archives assez dures à obtenir. Je pense à la locomotive Countess of Dufferin. Je ne savais pas qu’elle avait été d’abord transportée par bateau à vapeur jusqu’à Saint- Boniface. Aussi, quand la ville de Winnipeg et la ville de Saint-Boniface ont mis sur pied le projet du premier pont Provencher. Il y a eu des discussions assez chaudes et finalement Winnipeg a eu beaucoup plus à dire que Saint-Boniface alors que Saint- Boniface payait les deux tiers du pont. C’étaient des découvertes assez intéressantes! »

Séparées par la rivière Rouge, les villes jumelles de Saint- Boniface et Winnipeg sont liées à jamais grâce à ce pont. L’Esplanade de son côté relie le quartier francophone Saint- Boniface au lieu historique de la Fourche. Cet amas d’acier et de bétons couvre donc des années d’histoire. Joanne Therrien revient sur ce que le pont représente aujourd’hui. « Le nouveau pont Provencher et l’Esplanade ont selon moi rapproché encore plus les deux villes. C’est une fierté si en plus on y ajoute le Musée canadien pour les droits de la personne. Le pont d’aujourd’hui fait que le quartier de Saint-Boniface est beaucoup plus valorisé. C’est un bel accomplissement. »

| Le pont aujourd’hui

Enfin, Joanne Therrien admet un léger regret concernant la place centrale de l’Esplanade Riel. Cet endroit a abrité plusieurs restaurants et c’est désormais l’organisme privé Manitoba Techonology Accelerator qui occupe les lieux. Selon l’écrivaine, peu importe qui est dans ces lieux, cet endroit devrait rester accessible au public. « À l’intérieur, il y a notamment huit panneaux de vitre qui décrivent des points importants du quartier. Plus personne ne peut les admirer et ils ont été faits pour regarder dans leurs directions. La vue est magnifique et l’on a perdu tout ça. Bien sûr, c’est difficile pour les restaurants, mais on aurait pu penser à des commerces plus faciles à gérer. Mais l’Esplanade est plutôt bien aménagée avec les kiosques de la crêperie et d’Entreprises Riel, il faut se concentrer un peu plus sur le local central. »