L’univers de l’artiste peintre Caro LaFlamme est à découvrir dans la galerie d’art du Centre culturel franco-manitobain. Son exposition Silicon(n)e, composée de trois séries d’oeuvres distinctes, est encore visible gratuitement jusqu’au 17 décembre.

Par Hugo BEAUCAMP

C’est Caro LaFlamme qui vous accueille dans la galerie d’art du CCFM, ses autoportraits pour être exact au nombre de trois. Ensuite, sautent aux yeux une ligne de toiles accrochées sur un grand mur rose, des lingettes démaquillantes emprisonnées dans la cire, une chose est sûre, l’exposition Silicon(n)e interpelle tout de suite.

Même si la jeune artiste précise qu’il n’y a « pas vraiment de sens de visite » l’exhibition se sépare tout de même en trois parties.

« Ces autoportraits sont basés sur des stéréotypes de l’art classique et de la représentation qu’il donnait des femmes. Par exemple, les oeuvres qui dépeignent les femmes allongées dans leur lit avec toute leur richesse. J’en ai fait une version 21e siècle qui n’a rien de grandiose. On me voit dans mon lit avec un paquet de chips devant Netflix. » Trois tableaux parodiques, presque railleurs comme le confirme Caro LaFlamme amusée, « en fait je me moque un peu de ce qui a été fait ».

| Une exposition en trois parties

Quant à la deuxième série, baptisée Afterlife, la peintre explique l’avoir créée lors de sa dernière année à l’École des Arts de l’Université du Manitoba. L’une des pièces les plus frappantes, ce sont ces lingettes démaquillantes figées dans de la cire. « Ça m’intéresse beaucoup de préserver les choses considérées comme jetables », un intérêt qui lui vient d’un esprit de contradiction. « En histoire de l’art, on étudie toujours des oeuvres grandioses et importantes. J’ai voulu faire l’opposé, faire de l’art avec des moments de tous les jours, des choses jetables, du banal. »

Pour finir, les pièces les plus récentes composent la troisième et « plus importante » série de Silicon(n)e. Exposées sur un mur rose sous un plafond recouvert de sacs arborant un slogan de marque de grande distribution. Là encore le côté moqueur de la jeune femme se fait sentir. « Je trouve ça drôle qu’il y ait tant d’efforts dans le design d’un sac plastique de dépanneur », dit-elle dans un sourire. Cette dimension parodique n’enlève rien à la quantité de travail investie.

| Une affaire de famille

D’ailleurs il est parfois intéressant de se partager les tâches. Pour ça, Caro LaFlamme peut compter sur l’aide de sa mère. Elle raconte d’ailleurs, avec une fierté presque impossible à dissimuler :

« Elle m’a aidée à coudre les sacs avec de vieilles étoffes que l’on a réutilisées. Ma mère est quelqu’un de très artistique, elle a toujours peint et dessiné. Grâce à elle, l’art a toujours fait partie de ma vie. »

Influencée par des artistes comme Chloe Wise, Jenny Saville, Ambera Wellmann ou encore Cecily Brown, celle qui aborde des thèmes comme l’anxiété consommatrice, les pressions sociales exercées sur les femmes, le rapport à la beauté et au banal, a su se créer une véritable identité artistique. Elle décrit son univers comme « de la portraiture, mais toujours avec quelque chose qui dénote, qui parodie ».

À l’entrée de la salle, dans un petit cahier posé sur une table haute, on peut lire des félicitations, des compliments écrits à l’attention de l’artiste. C’est un cahier qui se fermera le 17 décembre et qui d’ici là, on l’espère, sera rempli de messages positifs.