Partout au pays, les Canadiens subissent l’inflation qui sévit depuis plusieurs mois. Une partie de la population, les aînés à faible revenu se retrouvent dans une situation où ils doivent faire des choix. Parfois au détriment de leur vie sociale ou de leur santé.

Par Ophélie DOIREAU

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté

Ce sont près de 3,3 millions d’aînés de plus de 75 ans qui vivent grâce à la pension de la sécurité vieillesse, dont 56 % d’entre eux étaient des femmes. Bien que le montant pour cette tranche d’âge ait été revalorisé à hauteur de 10 %, il n’en reste pas moins que la situation chez les aînés est préoccupante comme le constate Jean-Luc Racine, directeur général de la Fédération des aînées et des aînés francophones du Canada (FAAFC). « Les aînés à la retraite sont plus sujets aux variations des marchés. Que ce soit ceux avec des revenus de pension ou bien ceux qui touchent des revenus de leurs placements. Ce n’est pas rare de voir des aînés perdre des revenus de placements à cause de la fluctuation du marché.

« Mais ceux qui ont pour revenus uniquement la pension de la sécurité vieillesse et le supplément de revenu garanti, ils subissent l’inflation directement. Pour une personne, si elle cumule ces revenus, on estime qu’elle reçoit environ 20 000 $ par année.

« Imaginez-vous la vie avec 20 000 $ par année? Depuis maintenant quelques années, les aînés se sont habitués à vivre de mois en mois. Mais avec l’inflation, ce n’est plus possible de vivre correctement. Dans certains cas, ils n’ont pas d’autres choix que de prendre des décisions difficiles. Malheureusement, ces choix portent souvent sur le fait de couper dans le budget de la nourriture. Ce n’est pas possible de couper sur le logement, ni sur l’électricité. Alors il reste la nourriture, les médicaments et les activités sociales. »

| Vers une précarité

Une situation décriée par la FAAFC qui plaide auprès du gouvernement fédéral pour revoir le Régime de pensions du Canada. « Pendant près de deux ans, les aînés ont été à risque et ils subissent encore dans l’après pandémie. La situation actuelle ne fait qu’accentuer la précarité des aînés.

« Nous avons fait une demande au gouvernement fédéral pour augmenter la pension de la sécurité vieillesse de 10 % pour les aînés de 65 ans et plus. C’est regrettable de ne pas avoir étendu la tranche d’âge parce qu’il aura permis aux aînés de 65 à 74 ans d’avoir un peu plus de revenus.

« Nous aimerions aussi que le supplément de revenu garanti soit bonifié pour aider davantage les aînés dans une période difficile. »

Des membres de la FAAFC travaillent activement pour soutenir les aînés dans leur province. Jean-Luc Racine donne un exemple : « Au Yukon, l’Association franco-yukonaise a mis en place une cuisine collective pour les aînés. »

| Briser l’isolement

De son côté, la Fédération des aînés francophones du Manitoba n’a pas eu connaissance de situation qui nécessiterait une attention particulière. L’Accueil colombien continue de distribuer entre 35 à 45 repas par soir, son directeur général, Normand Touchette constate : « Nous n’avons pas eu de recul dans le nombre d’inscription au repas du soir. Il faut dire que nous n’avons pas augmenter le prix. Il faut compter 11 $ pour un repas complet. J’ai l’impression que les aînés s’attendaient à ces augmentations de prix, ils ont alors pu s’ajuster. Il reste peut-être une marge de manoeuvre de leur côté. Bien que les 500 $ uniques distribués par le gouvernement fédéral ont été appréciés par les aînés. »

Grâce au programme Connectaînés, la FAAFC tente de briser l’isolement que peuvent ressentir les aînés francophones au pays. « On a remarqué au niveau national, au début de l’automne, que les activités payantes ne fonctionnaient pas. Il y avait beaucoup moins d’inscriptions. Je pensais que la diminution venait de la programmation. Mais en vérifiant avec d’autres, on s’est aperçu que les aînés n’avaient plus les moyens de participer à leurs activités. L’inflation contribue au fait que les aînés ne peuvent plus participer à la société. Cette situation participe à leur isolement. »