Alors que le nom des Rouges de l’Université de Saint-Boniface n’existe que depuis une dizaine d’années, c’est déjà un changement profond que va connaître l’équipe féminine notamment. En effet, cette année plus de la moitié de l’équipe sera diplômée, ce qui va entraîner un renouvellement important de l’effectif.
Par Jonathan SEMAH
Elles sont 12 filles sur 22 à quitter l’équipe cette année. Camille Forbes, Mylène Chabot, Marijka Yashysshyn, Angelynn Pionela, Sophie Morham, Katie Moniot, Chantal Boulet, Stéphanie Jones, Sara Boissonneault, Mélanie Chaput, Alexis Martin et Émilie Lecuyer se souviendront longtemps de leur passage à l’USB.
Un tel renouvellement de l’effectif n’était jamais arrivé pour ce programme des Rouges, toujours en développement. L’équipe féminine de soccer des Rouges n’aura plus le même visage dans quelques mois. Ces filles ont écrit les plus belles pages de ce programme sportif universitaire. Rien que cette année, les futures diplômées ont remporté pour la troisième fois d’affilée le championnat provincial de la Manitoba Colleges Athletic Conference (MCAC).
Au soccer et au futsal, ces étudiantes ont donc brillé. Justin Légaré est l’entraîneur- chef de l’équipe féminine. Il a vu grandir ce groupe au fur et à mesure des années. Au-delà même du simple cadre sportif, l’entraîneur admet une immense fierté pour ce groupe de filles.
« Elles ont aimé cette expérience et je suis content que la plupart d’entre elles soient restées avec nous jusqu’au bout. Certaines ont même poussé un peu leur programme scolaire pour rester une année de plus, même si elles pouvaient être diplômées plus tôt. Ça se voit qu’elles aiment être entre elles. Il y a une grande positivité qui se dégage de ce groupe. Être avec Les Rouges, je pense que ça leur enlève du stress de l’école et même de la vie en général. »
Ι Le goût de l’effort
Eric Lemoine est le directeur adjoint des activités sportives et récréatives de l’USB. Il rend aussi un hommage appuyé à ce groupe de filles qui s’est construit petit à petit. « Elles peuvent se sentir fières d’avoir été là au départ du programme. Quand j’ai commencé, il n’y avait pas de soccer ou de futsal féminin. Elles ont accompli tellement de belles choses depuis. On leur a donné défi après défi, elles ont toujours travaillé fort et la cohésion de l’équipe était superbe. Elles sont arrivées comme de jeunes femmes et elles repartent en championnes. »
L’abnégation et la recherche absolue de s’améliorer est aussi ce qui a marqué Eric Lemoine. Même si cette équipe a gagné plusieurs championnats, elle n’était jamais rassasiée. « Ce n’est pas si facile que ça de gagner tout le temps. Quand il y a autant de réussite, il faut beaucoup de volonté pour rester au sommet. Elles n’ont jamais perdu le goût de l’effort. Elles voulaient être la première équipe à représenter le Manitoba aux nationaux. Elles l’ont fait, c’est un bel accomplissement. »
Même constat pour Justin Légaré, qui a toujours essayé avec son staff technique de trouver les points d’amélioration. « À un certain niveau, les joueuses ont tellement de potentiel que ces améliorations ne peuvent augmenter que de petits pourcentages ou de pourcentages partiels, mais même une petite évolution est bénéfique pour l’équipe. Il n’y a pas de secret au fait de réussir si bien. Je pense que nous avons la capacité de faire ressortir le meilleur de nos joueuses et de les aider à atteindre leur plein potentiel. »
Ι Une question d’équilibre et de confiance
Il est possible de parfois l’oublier, mais tous les étudiants et étudiantes qui donnent de leur temps aux Rouges le font en plus de leurs études. Trouver le juste équilibre entre les deux a souvent été un défi pour Justin Légaré. « Elles ont beaucoup de choses à gérer. L’équipe doit être au moins sur la liste des priorités. Mais je suis très reconnaissant pour ça, car même en période d’examens comme en ce moment, elles continuent de venir aux entraînements. »
La réussite du groupe tient aussi à la gestion de Justin Légaré. Il décrit sa façon de faire. « Je fixe des exigences élevées à mes joueuses. Mais non, je ne leur demande pas d’être parfaites, car on n’apprend jamais en étant parfait. Je crois que nous pouvons être parfaits à certains moments, faire la passe parfaite, prendre la décision parfaite avec le ballon, le tacle ou le tir parfait. Si un joueur est impliqué dans 20 moments et peut faire les bons choix à ces moments-là, alors la perfection existe en quelque sorte. On a aussi créé un environnement propice pour les filles. Elles peuvent se sentir à l’aise d’être qui elles sont et venir avec confiance. Et cette confiance nous emmène assez loin. »
Les défaites des premières années, l’arrêt total des parties et des entraînements à cause de la COVID-19 en passant par les premières victoires provinciales au soccer ou en futsal et la présence aux nationaux, ce groupe est donc passé par beaucoup d’émotions. Cette année 2022-2023 est aussi très spéciale pour Justin Légaré, car comme les 12 étudiantes, il quittera son poste d’entraîneur-chef à la fin de la saison.
Ι Des au revoir difficiles
« C’est extrêmement difficile. Je veux en profiter jusqu’au bout. Il y a beaucoup d’émotions qui se mélangent. Je ne pensais pas que ça allait m’affecter tant que ça. À chaque fois que j’en parle, j’ai les larmes qui montent… Déjà, je ne devais pas revenir cette année, mais je voulais aider Tonya Derksen qui est aussi avec moi en tant qu’entraîneure. Elle prendra ma place l’année prochaine. Elle a son propre style, elle a eu beaucoup de libertés cette année. Ça sera comme un deuxième début pour les Rouges. »
De son côté, Justin Légaré s’en va à l’organisme Sports en français et aidera aussi la MCAC à améliorer le niveau global de la ligue. C’est donc une nouvelle phase qui s’en vient pour Les Rouges. Eric Lemoine n’est pas inquiet, car les bases de l’équipe sont très solides. « Quand tu travailles avec un groupe aussi longtemps, c’est toujours un peu triste de voir un tel roulement. Mais je vois les autres filles qui sont déjà là et celles qui s’en viennent, ce sont de belles personnes. Ça va être un autre beau défi. Maintenant que le programme est plus établi, les jeunes athlètes francophones connaissent la réputation des Rouges. Ça va donner la chance à d’autres de faire leurs preuves et j’espère un avenir aussi positif. »