Pour la francophonie manitobaine, le bénévolat a toujours été une condition essentielle pour permettre son épanouissement. Dans l’optique de reconnaître ces contributions, la Société de la francophonie manitobaine (SFM), connue alors comme la Société franco-manitobaine, a mis en place les Prix Riel en 1982.
En mars 1983, cinq Manitobains ont été reconnus à l’occasion d’une première remise des Prix Riel (1). Michel McDonald a été l’un d’entre eux pour un projet jugé novateur.
Par Ophélie DOIREAU
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté
C’est pour le projet rassembleur Manif 82 que Michel McDonald a reçu en 1983 le Prix Riel. Un nouveau prix décrit dans La Liberté du 1er octobre 1982 par Léo Robert, le président de l’organisme porte-parole de la francophonie, comme « un moyen de reconnaître de façon publique les Franco-Manitobaines et les Franco-Manitobains qui ont fait une contribution exceptionnelle dans la communauté franco-manitobaine. »
Bien que Michel McDonald ait été le seul mis publiquement en avant, il reste que ce projet partait d’une volonté commune à plusieurs enseignants. « Manif 82, c’était avant tout une initiative de quelques enseignants très motivés. Un comité de bénévoles avait été mis sur pied : le Comité de promotion du français des Éducateurs franco-manitobains. On rêvait de faire un effort supplémentaire pour organiser un grand rassemblement des élèves franco-manitobains de partout dans la province. »
| Le contexte
Michel McDonald resitue le contexte de ce rassemblement. « Dans ce temps-là, il n’y avait pas de Division scolaire franco-manitobaine. Les écoles à caractère francophone étaient éparpillées dans un tissu d’écoles anglophones.
« Une réalité qui faisait qu’évidemment, les activités qui avaient lieu au sein des divisions scolaires se déroulaient bien souvent en anglais. Alors on a pensé mettre sur pied un grand rassemblement au Parc du Voyageur. Il y avait toutes sortes d’activités, adaptées à l’âge des jeunes. Ce qui était intéressant et unique, c’est qu’au même moment en 1982, Daniel Lavoie se trouvait à Winnipeg. Avec les autres organisatrices principales, Rose-Marie Campagne et Doris Lemoine, on l’avait convaincu de venir chanter devant cette foule de jeunes. Il l’a fait de manière très généreuse.
« Derrière Manif 82, il y avait comme idée de fond que les gens qui appartenaient à la francophonie manitobaine pourraient enfin se voir en grand groupe. On voulait qu’ils réalisent qu’ils n’étaient pas tout seuls, noyés au milieu d’une foule anglophone.
« Secrètement, on espérait que les jeunes se disent que ça serait bien de se rassembler plus souvent. On voulait développer cet esprit d’appartenance à un plus grand groupe que juste celui de l’école dans laquelle ils étaient. »
| Un objectif plus grand
De fait, une graine a ainsi été plantée dans la tête des élèves, des enseignants et des parents, comme le souligne Michel McDonald en rappelant un simple constat. « Il n’y avait aucune structure en place pour que les jeunes francophones d’un peu partout au Manitoba se rencontrent. C’était peut-être la première fois qu’une grande partie de la communauté étudiante était invitée à se rassembler. Il y avait évidemment un objectif plus grand derrière tout ce projet : l’idée d’une division scolaire franco-manitobaine.
« Il a fallu des évènements pareils pour se rendre compte qu’il nous manquait des structures dans notre communauté. C’est certainement ce que la SFM voulait mettre en avant en me remettant un Prix Riel. La SFM voulait mettre en lumière des projets, des évènements importants qui s’étaient déroulés dans la communauté pour encourager les personnes à continuer de s’impliquer pour l’épanouissement de la francophonie manitobaine.
« Vraiment, je me sentais mal de recevoir le prix tout seul. D’ailleurs, je ne m’y attendais pas. Manif 82 avait été un vrai travail de groupe et de communauté. C’était un effort collectif qui traduisait bien une volonté de renforcer la communauté francophone du Manitoba. J’ai toujours aimé travailler en comité. On s’aperçoit que les idées peuvent être infinies, parce qu’on s’alimente les uns les autres. »
| Une expérience pour les jeunes
Dans l’aventure de Manif 82 prolongée par la suite par les regroupements annuels d’élèves organisés par le Conseil jeunesse provincial(2), Michel McDonald est au moins certain d’avoir exercé une influence déterminante sur une personne quant à la valeur de pareils évènements.
« La DSFM tient des évènements similaires tous les ans où il est question de chants. C’est fantastique de voir cette francophonie vibrante. Je dois reconnaître un léger biais dans mes propos. C’est ma fille, Marie-Claude McDonald, qui désormais est en charge de cet évènement, elle aussi avec d’autres personnes sans aucun doute. Mais le principe est toujours là : rassembler des élèves francophones pour qu’ils soient fiers de leur francophonie. »
Marie-Claude McDonald, coordonnatrice de l’éducation artistique à la DSFM, précise : « Mon père pense aux surboums, c’est quelque chose qui remonte à avant la création de la DSFM. Avec le temps, les surboums ont évolué pour prendre place à l’intérieur, dans la Salle du centenaire de Winnipeg.
« C’est un projet qui a été porté par mes prédécesseures : Diane Bruyère et Monique Guénette. J’ai pris mon poste en 2011 et en 2012, j’organisais ma première surboum. C’est un rassemblement qui a lieu tous les trois ans pour les élèves de la 4e à la 6e année de toutes les écoles de la Division scolaire.
« En 2018, il y avait près de 900 élèves. Notre intention est de faire valoir des chansons francophones, dans un répertoire contemporain et classique. On veut que les jeunes vivent cette expérience de chanter en harmonie sur des chansons avec des enjeux qui célèbrent leur identité. »
(1) Les autres récipiendaires étaient : Cécile Mulaire, Irma Gauthier, Marcien Ferland, Georges et Florence Beaudry.
(2) Depuis 1985, le Conseil jeunesse provincial organise à l’automne un rassemblement des jeunes d’expression française du Manitoba, dont le nom a changé toutes les quelques années : De 1985 à 1987 : Shows sont nous. De 1989 à 1993 : Foule Faire. De 1994 à 1997 : Francotonne. De 1998 à 2002 : L’Affaire Farouche. De 2003 à 2005 : RIFRAF. De 2006 à 2010 : La Furie. De 2011 à 2014 : L’Élan. En 2015 : Foule RAFfaire. De 2016 à 2018 : Gaillardise à la Brise. En 2019 : Aléa. Les rassemblements n’ont pas eu lieu en 1988 et en 2000.