Après une décennie passée à la tête de Francofonds, la fondation communautaire, Madelene Arbez se lance dans de nouvelles aventures à la tête du Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM). Avec une volonté de faire rayonner la francophonie, Madeleine Arbez se prépare à prendre son poste le 1er mars.
Par Ophélie DOIREAU
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté
Si certains se sentent prédestinés à des postes ou à des organismes, ce n’est pas le cas de Madeleine Arbez. C’est d’ailleurs un coup du sort qui a motivé son envie de postuler au CDEM. « Je ne cherchais pas vraiment à changer de poste. J’aime beaucoup Francofonds, j’y crois fondamentalement. Je reconnais l’importance d’avoir une communauté qui peut s’autofinancer et qui peut avoir la capacité financière pour son épanouissement. Je crois en la mission des fondations communautaires. Elles sont là pour améliorer la qualité de vie des citoyens. C’est vraiment créer une communauté où tout le monde à sa place.
« On m’avait envoyé l’offre du CDEM en disant Regarde ils cherchent du monde. Moi, j’envoyais l’offre dans mon réseau. Et puis je réfléchissais, entre l’épanouissement des citoyens et le développement économique, je me disais que c’était également des com-posantes dont se préoccupent les fondations communautaires. Je me suis alors dis que j’étais capable de prendre le poste au CDEM. On veut tous que les francophones aient une bonne vie, des occasions et qu’on s’occupe chacun de soi.
« Il était, je crois 23h59, lorsque j’ai postulé (rires). C’était vraiment à la toute dernière seconde. À ce point-là, je ne pensais pas vraiment être retenue. J’imaginais toutes sortes de personnes du monde économique. Même si Francofonds est dans le développement économique parce que l’argent qu’on prélève, on le distribue et on le fait fructifier. »
Les choses sont donc claires, Madeleine Arbez quitte Francofonds mais avec un léger pincement au coeur. « C’était le temps de laisser ma place à une nouvelle personne. »
Pit Turenne, président du CDEM, se réjouit de commencer à travailler avec elle. « J’ai pris la présidence à l’automne 2022 alors on va être tous les deux nouveaux au CDEM (rires). Il fallait qu’on trouve quelqu’un qui avait de la force au rural autant qu’à l’urbain, quelqu’un capable de réunir l’équipe du CDEM qui compte une trentaine d’employés. Alors la candidature de Madeleine était parfaite! »
| Un bilan de dix ans
Avant d’aborder son nouveau rôle, Madeleine Arbez fait le bilan sur ces dix dernières années à Francofonds. « Je tiens d’abord à souligner que les accomplissements des dernières années n’auraient pas été possibles sans l’appui de beaucoup de personnes.
« Quand j’ai commencé, il fallait renforcer la fondation. Le capital était à 5,6 millions $, aujourd’hui il est presque à 15 millions $. Il a triplé en dix ans. Pour être capable de réaliser ce gain, c’est que Francofonds a été accepté comme membre des Fondations communautaires du Canada (FCC). Cette adhésion a été un levier pour la suite. »
Pourtant l’adhésion n’était pas assurée. « En devenant membre au niveau fédéral, Francofonds a pu devenir membre d’Endow (réseau provincial des fondations communautaires). Le FCC n’acceptait pas Francofonds sous l’argument que nous n’étions pas vraiment un groupe géographique. Mais un groupe ethnique. J’ai travaillé avec Rick Frost, ancien directeur général de la Winnipeg Foundation, en présentant le cas qu’on est géographique parce qu’il y a des communautés francophones. On a finalement été accepté!
« En devenant membre d’Endow, on pouvait bénéficier de rendements bien plus intéressants. À l’époque, l’argent de Francofonds était chez Caisse Groupe Financier, le CA s’inquiétait de bouleverser une longue relation de confiance et de partenariat avec la Caisse. D’un autre côté, Francofonds avait une responsabilité de faire ce qui était le mieux pour les donataires et leur argent. J’avais rencontré le directeur, Joël Rondeau, pour lui expliquer les enjeux en lui présentant ce qu’Endow nous offrait. Je lui avais alors demandé si Caisse était capable d’offrir mieux parce qu’on aurait aimé continuer avec eux. Joël a été super, il a été très professionnel, il comprenait ce que l’occasion représentait pour nous. Finalement, la Caisse ne pouvait pas faire mieux alors on a avancé avec Endow. »
| Un nouveau défi
Après tout ce travail, Madeleine Arbez a su mettre en place des partenariats entre Francofonds et d’autres organismes pour permettre de meilleurs rendements. Toujours dans l’intérêt des donataires. Des partenariats qui ont nécessité des collaborations, comme le souligne Madeleine Arbez. « Je travaille de près avec l’Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM). Les municipalités sont une partie prenante qui est clé dans l’épanouissement des francophones au Manitoba.
« Alors au début avec le CDEM, je vais d’abord prendre mes marques, me familiariser avec l’équipe et leur travail. Ensuite, je vais voir ce qu’on peut multiplier, améliorer ou faire évoluer pour permettre à l’organisme de participer pleinement à l’épanouisse-ment de la francophonie manitobaine. »
Un travail de tandem comme le souligne Pit Turenne. « C’est vraiment un beau match entre Madeleine et le CDEM. On est en train d’apprendre à se connaître, même si on se connaissait un petit peu, on va être amené à se parler régulièrement (rires). »
À ce commentaire Madeleine Arbez esquisse un sourire espiègle et prévient déjà le président du CDEM. « J’ai déjà commencé mon travail, j’ai une liste de choses à t’envoyer! » La transition est en cours au coeur de l’organisme.