Passionnée de bricolage et autres travaux manuels, Micheline Mulaire en a fait son métier, avec Frou-Frou Furnishings. Elle offre des services de réparation et de revalorisation de meubles. Par le surcyclage, elle espère inspirer à repenser notre mode de consommation des meubles. 

Pour Micheline Mulaire, c’était important qu’il y ait un élément de français dans son activité. C’est ainsi qu’est né Frou-Frou Furnishings, il y a environ six ans. Mais sa passion pour le bricolage remonte à bien plus longtemps. 

« J’ai toujours été assez manuelle, toujours aimé peinturer, décorer, bricoler. J’ai commencé à embellir des vieux meubles pour le plaisir, il y a peut-être 20 ans. Et puis ça a pris de l’ampleur, auprès de ma famille, des amis. 

« Je voyais à quel point il y avait du gaspillage de meubles en bois solide au dépotoir. Je trouvais ça horrible. Alors que je voyais beaucoup de possibilités pour ces meubles. Il faut vraiment considérer la façon dont on consomme les choses et notre impact. » 

C’est là que Micheline Mulaire, entre passion manuelle et conscience écologique, se lance dans la revalorisation de meubles. Ce qu’on appelle aussi le surcyclage. Il s’agit de prendre des objets en mauvais état ou qui n’ont plus d’utilité et de les transformer, pour leur donner une deuxième vie. 

« Parfois, les gens ont des meubles qui viennent de leurs grands-parents et il y a un attachement sentimental, parce que c’est passé de génération en génération. Mais ils ne sont pas beaux et ils ne savent pas quoi en faire. On donne alors une nouvelle valeur aux meubles, avec une nouvelle fonction, ou on les embellit juste. » 

Pour Micheline Mulaire, il est d’autant plus important de considérer le surcyclage pour ce genre de meubles, souvent de meilleure qualité que les meubles conçus de nos jours. « Beaucoup de meubles faits aujourd’hui durent très peu de temps, parce qu’ils sont faits de bois recyclé, de brindilles si je peux dire. Alors aussitôt qu’il y a de l’eau dessus, ils gonflent, ne valent plus grand-chose et sont jetés. 

« Alors que les meubles fabriqués il y a 100 ans peuvent tenir un autre 100 ans! Ils sont souvent faits sur mesure, avec du bois solide et des joints faits spécifiquement pour eux. Il suffit juste de les ajuster, de les arranger. De réparer les tiroirs trop collants, par exemple. Il ne faut pas avoir peur de se relever les manches! Mais ça vaut vraiment la peine. » 

Couleur vive, décalcomanie et mots en français : un exemple typique de meuble soigneusement surcyclé par
Micheline Mulaire.
Couleur vive, décalcomanie et mots en français : un exemple typique de meuble soigneusement surcyclé par Micheline Mulaire. (photo : Instagram frou_frou_furnishing)

Réparer et respecter l’environnement 

Un peu d’huile de coude est donc nécessaire si l’on veut réparer son meuble soi-même. Ou l’on peut faire appel aux mains magiques de Micheline Mulaire, qui offre aussi des services de réparation pour particuliers, en plus de projets sur mesure. 

Mais est-ce possible de réparer tous les meubles? « Des fois c’est difficile, mais c’est là où donner une nouvelle fonction est à considérer. Si les portes d’un meuble sont cassées, on peut le laisser ouvert et il devient une tablette. On peut mettre des paniers dedans aussi. Des fois, je vais juste me servir des côtés des meubles pour en faire des enseignes décoratives. C’est comme de la résurrection de meubles! (rires) » 

Pour la bricoleuse inspirée, les possibilités de revalorisation de meubles sont infinies. Surtout en termes d’esthétique. « On peut complètement transformer un vieux meuble au goût du jour et le rendre moderne, avec des couleurs douces ou éclatantes. Je me sers de beaucoup d’éléments différents pour donner un nouveau look. Ça peut être des tissus au fond des tiroirs ou des décalcomanies pour décorer l’extérieur. » 

Une valeur importante pour Micheline Mulaire, c’est l’utilisation de produits respectueux de l’environnement, sans ou avec très peu de COV (composés organiques volatils). « Je me sers de peinture à base de craie ou de minéraux. C’est important d’éliminer le plus possible les produits avec des COV, pour limiter les impacts sur sa santé et sur notre environnement aussi. » 

Micheline Mulaire rêve d’animer, un jour, des ateliers de bricolage. « Je suis pas encore tout à fait prête, mais c’est vraiment quelque chose que je veux faire. J’aimerais développer des classes où les personnes apportent une chaise ou autre pour leur enseigner des techniques de réparation. On pourrait parler des différents types de bois aussi, comment les protéger, quelle finition utiliser. » 

Une industrie encore difficile à recycler 

Plus de 10 millions de tonnes de déchets d’ameublement finissent chaque année dans les décharges au Canada et aux États-Unis. Un poste de travail fonctionnel représente notamment 135 à 320 kilogrammes de déchets, dont la majorité est constituée de métal ferreux, de bois et de plastique, selon des données du magazine Canadian Interiors en mars 2021. 

En ce qui concerne les matières premières, le bois représente plus de 30 % des matériaux utilisés dans la fabrication de meubles. 

Selon un sondage réalisé par l’organisme Habitat pour l’humanité Canada en avril 2021 auprès de 1506 adultes canadiens, les personnes interrogées sont presque deux fois plus susceptibles (82 %) de toujours recycler des articles tels que les boîtes de conserve, les bouteilles, le carton et le papier plutôt que recycler les meubles de maison tels que les chaises, les canapés ou les lampes (42 %). 

Ce sondage révèle aussi que les Canadiens sont plus enclins à mettre directement à la poubelle leurs articles de décoration intérieure, comme une lampe ou un canapé, au lieu d’en faire don. 

Enfin, l’industrie de la fabrication de meubles a un impact significatif sur l’économie canadienne. Par exemple, les livraisons ont augmenté à un taux annuel moyen de 3,7 % depuis 2011, atteignant 11,6 milliards de dollars en 2015. Aussi, en 2015, 63 900 personnes travaillaient dans le secteur de la fabrication de meubles et l’industrie canadienne du meuble comptait 3 907 établissements, selon Statistique Canada.

Cette chronique consommation et sa vidéo ont été rendues possibles grâce au Fonds d’appui stratégique aux médias communautaires. D’autres suiveront.