Environ une cinquantaine de personnes se sont réunies au Club Jovial, en début de soirée le 24 avril, pour assister à l’assemblée générale annuelle (AGA) du Comité culturel de Sainte-Anne.
Dans la bâtisse, située en bordure de l’avenue centrale, l’ambiance était à l’image des gens qui y étaient rassemblés : chaleureuse. Alors qu’il s’agissait principalement de faire le bilan de l’année 2022/2023, l’ordre du jour s’est vu entrecoupé de parties de Franco-FUN bingo (quatre en tout) et les organisateurs avaient exposé dans le fond de la salle les œuvres de quelques artistes locaux.
Il n’y a pas eu de grandes annonces à proprement parler lors de cette AGA, les membres du conseil d’administration sont surtout revenus sur les activités organisées tout au long de l’année dernière, les succès, retentissants ou pas, et les échecs aussi, pour lesquels Diane Connelly, directrice générale, ne s’inquiète pas vraiment. « Si ça ne prend pas, on essaie encore! On ne laisse pas tomber, si on laissait tomber, on ne célèbrerait pas nos 50 ans! »
Encore des défis à relever
Effectivement, en 2022, le Comité culturel de Sainte-Anne fêtait un demi-siècle d’existence. Pour autant, la structure sans but lucratif, même après tant d’années, a toujours des défis à relever pour vivre et faire vivre notre culture chez nous! Peut-être même plus qu’à ses débuts, estime Diane Connelly.
D’abord, il y a les défis qui accompagnent la vie en ruralité et comme le souligne la directrice générale, ils varient selon si un comité culturel est isolé de tout ou bien si comme Sainte-Anne, il est proche de la ville. « Être proche de la ville ne rend pas les choses forcément plus faciles. C’est tellement simple de rejoindre Winnipeg et Saint-Boniface, là où il y a tout, que nous devons convaincre les gens d’assister à nos évènements. »
Convaincre le plus grand nombre de rester célébrer la culture en français à Sainte- Anne, et, pourquoi pas, convaincre les citadins d’aller voir ce qu’il s’y passe. Seulement voilà, ce n’est pas le seul champ de bataille sur lequel s’engage le comité culturel. « Il ne faut pas oublier qu’au rural, le sport prend beaucoup de place, beaucoup plus que n’importe quelle forme d’art. Alors on ne travaille pas seulement contre l’assimilation de la langue, on doit aussi travailler à mettre en valeur la culture et les activités artistiques. » Un travail sur deux fronts donc, celui de la culture et celui de la francophonie.
Des réussites
Si Diane Connelly admet volontiers qu’il reste encore pas mal de travail à faire, elle pointe aussi du doigt « l’une des plus grandes réussites » du Comité : « On ne reste jamais 15 ans à proposer les mêmes activités. On se réinvente beaucoup pour attirer plus. On ne veut pas juste des jeunes ou juste des vieux, on veut attirer tout le monde! » Et force est de constater qu’au CA, c’est déjà le cas. À l’ordre du jour se trouvait aussi le recrutement de nouveaux membres. Dans la liste, deux jeunes hommes âgés de 18 ans : Alexandre Normandeau et Danic Smith. Tous les deux ont rejoint le conseil au mois d’octobre 2022 après déjà « un bout de temps », à aider le Comité et à assister aux évènements mis en place. « Alors dès que j’ai gradué, j’ai décidé que j’allais les rejoindre et j’ai demandé à Alex de me suivre », explique Danic Smith.
Tous les deux étaient dans la même classe au secondaire et ce sont pour les mêmes raisons qu’ils partagent désormais les bancs du CA du Comité culturel du village dans lequel ils ont grandi.
« C’est pour promouvoir notre langue, lance Danic Smith avec conviction. Je ne veux pas voir notre langue mourir. De nos jours, c’est très compliqué de pratiquer son français au Manitoba quand tu ne vis pas dans un foyer où le français est la langue principale ». Alexandre Normandeau ajoute : « Et quelle meilleure façon de parler français sans jugement et en ayant le fun qu’à travers la culture! »
Les jeunes s’engagent
Ceux qui étaient encore élèves il y a peu, s’accordent à regretter que l’insécurité linguistique représente encore un frein à la pratique du français. Mais surtout, « nous aimerions voir plus de jeunes s’investir dans la communauté. Ce sont toujours les vieux qui font tout. Mais si les jeunes ne se réveillent pas, il n’y aura pas de relève et donc plus de communauté. »
Richard Pelletier, préfet de la municipalité de Sainte-Anne, présent pendant cette AGA a tenu à les féliciter et souligner l’importance de leur engagement. « Nous avons besoin de ça, ce sont eux la relève. En rejoignant le CA, ils vont pouvoir mettre en place des activités qui attireront d’autres jeunes. »
Finalement, pendant la soirée l’accent a aussi été mis sur la notion de réseautage et d’entraide au sein de la communauté francophone. Là encore, la directrice du Comité considère qu’il reste encore beaucoup de travail à faire. En tout cas, une chose est sûre, le Comité est prêt à attaquer cette 51e année. Restent alors à fédérer la jeunesse et se serrer davantage les coudes pour ajouter cinquante années de plus au Comité culturel de Sainte-Anne.