Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté
Pour produire un chandail, il faut parfois compter jusqu’à 2 650 litres d’eau, soit l’équivalent de 27 baignoires remplies. L’industrie mondiale du textile utilise, chaque année, 79 millions de mètres cubes d’eau douce. Dans le monde, près de 92 millions de tonnes de vêtements sont jetées.
Au Canada, c’est environ 1 415 250 000 kgs de déchets textiles. En moyenne, un.e Canadien.ne jettera par année 37 kgs de vêtements.
C’est en ayant ces chiffres bien en tête qu’Andréanne Dandeneau, propriétaire et désigneuse de l’entreprise Anne Mulaire, propose des ateliers de création de vêtements à partir de chutes de tissus. « La mode est le deuxième secteur le plus polluant au monde. Il est vraiment temps de penser à faire quelque chose. Au mois de mai, il y a eu des feux de forêt au Canada. Notre planète brûle à cause de notre comportement. Ce sont des évènements qui devraient nous alerter au sujet du changement climatique.
Créer de manière responsable
« Depuis un moment, à Anne Mulaire, nous essayons de faire attention à nos déchets plastiques, à nos déchets en règle générale pour minimiser notre empreinte. Chaque année, nous utilisons environ 1 200 kgs de tissus et on en recycle entre 130 et 230 kgs. Grâce à cet atelier, je peux sensibiliser les gens à cette réalité.
« Cet atelier permet aussi d’utiliser des restants de tissus qui auraient fini à la poubelle. Avec nos différentes collections, il restait des morceaux trop petits pour faire un vêtement complet alors avec les employés nous avons réfléchi à ce que nous pourrions en faire. C’est de cette manière qu’est née l’idée d’un tel atelier. »
Le 27 mai prochain, il sera donc possible de créer son propre chandail de manière responsable, comme le suggère Andréanne Dandeneau. « Si les gens créent leur propre vêtement, je me dis que c’est vraiment personnalisé, alors il y a aussi moins de chances que la personne le jette.
« Je veux rassurer les gens, personne ne va être obligé de coudre (rires). On va être là pour les aider sur cette partie-là. Mais ils seront les designers de leur vêtement. Il y aura peut- être des personnes qui vont se trouver un goût pour créer d’autres vêtements à partir de leur garde-robe. »
Donner des solutions
Andréanne Dandeneau est d’ailleurs bien convaincue qu’il faut donner des clés aux gens pour que les vêtements ne finissent pas dans les décharges. « Il faut donner l’occasion aux gens d’apprendre à assembler un vêtement. C’est un bon moyen de montrer ce qui peut se faire à la maison.
« Montrer aux gens que lorsqu’il y a un trou dans un vêtement, on n’est pas obligé de le jeter. Ou même encore, que s’il y a un vieux vêtement qu’on n’aime plus, on n’est pas obligé de le jeter non plus. Il y a des façons de garder ses vêtements plus longtemps, que ce soit en achetant de la meilleure qualité ou en apprenant à coudre pour se refaire des vêtements.
« Le secret est d’utiliser le plus longtemps sa garde-robe plutôt que de racheter des vêtements et de les jeter. »
Joëlle Preston, citoyenne engagée pour l’environnement, estime que ce genre d’atelier peut changer la donne. « J’adore cette idée d’atelier. Pendant longtemps, les gens comprenaient le problème de l’industrie de la mode et de la protection de l’environnement. Mais ils ne savaient pas forcément quelles solutions mettre en place pour combattre ce problème.
« Maintenant, il y a de plus en plus de magasins de vêtements qui offrent des solutions comme le recyclage des vêtements, la réparation. C’est devenu plus courant dans la pensée.
« D’ailleurs, les gens savent vers qui se tourner lorsqu’ils ont des questions au sujet de l’industrie du textile. Des ressources se sont développées, il y a même des personnes qui sont devenues ambassadrices de cette question. Andréanne en fait partie puisque depuis longtemps, elle pratique le zéro déchet dans son entreprise. »
(1) Pour les personnes qui souhaitent s’inscrire : https://annemulaire.ca/products/ribbon-zw-crop