Cette initiative s’appelle Level Up: Winnipeg. Elle est le fruit d’une collaboration entre Microsoft Canada, Minecraft Education, la Ville de Winnipeg et des divisions scolaires comme la Division scolaire franco- manitobaine (DSFM) ou la Division scolaire Louis-Riel (DSLR). Chris Heidebrecht est enseignant à la DSLR, et aussi l’un des responsables de ce projet. Il rappelle l’opportunité que représente ce genre de programme.
« C’est l’occasion pour les élèves de construire un meilleur avenir pour leur ville en créant quelque chose dans Minecraft. Microsoft s’est associée à des villes du monde entier pour créer des Level Ups dans plusieurs villes. Et ce qui est intéressant pour nous, c’est que beaucoup de ces villes sont ce que l’on peut appeler des villes mondiales. New York, Stockholm, Buenos Aires, et maintenant Winnipeg! »
Les élèves ont jusqu’au 26 mai pour terminer leurs projets. Les meilleurs seront ensuite évalués par un comité de sélection avant d’être présentés au conseil municipal de la Ville de Winnipeg. « Nous nous attendons à ce qu’il y ait des milliers de projets rendus, mais nous ne le saurons pas avant la fin du mois de mai. Il y a eu beaucoup, beaucoup d’écoles qui ont embarqué », lance Chris Heidebrecht.
Et parmi les écoles qui ont embarqué, on retrouve l’École George-McDowell. D’une capacité de 375 élèves, ils ont tous participé à ce projet. « Plusieurs aspects ont plu à nos élèves, comme l’approche technologique avec l’utilisation de Minecraft en version éducative », souligne Patrice Chartrand, directeur adjoint de l’école.
« C’est l’occasion pour les élèves de construire un meilleur avenir pour leur ville en créant quelque chose dans Minecraft. »
Chris Heidebrecht
Minecraft, un jeu éducatif
Patrice Chartrand rappelle d’ailleurs que ce n’est pas la première fois que Minecraft et la DSLR collaborent. En 2021, Manito Ahbee Aki avait vu le jour. Ce jeu mettait en avant la culture anishinaabe. « Il est clair que le jeu a d’abord été conçu avec un objectif pédagogique en tête », avait dit à cette époque Bobbie-Jo Leclair, conseillère en éducation autochtone à la DSLR.
C’est encore aujourd’hui le but de travailler avec Minecraft : c’est un jeu certes, mais avec une réelle portée éducative. « C’est là qu’intervient le travail de nos enseignants, explique Patrice Chartrand. On essaie de bien guider l’apprentissage pour utiliser Minecraft dans de bonnes conditions. »
Sur ce sujet, Chris Heidebrecht rappelle qu’il est important de bien faire la différence entre « Minecraft, le jeu, et Minecraft, l’outil ».
Et pour ça, avant même de se lancer dans la création et la construction de ce Winnipeg virtuel, il a fallu poser un cadre. Tous les participants ont d’ailleurs dû répondre à cette problématique : Comment pouvons-nous envisager un centre-ville connecté, équitable et durable qui fait avancer Winnipeg sans laisser personne de côté?
« Avant d’aller dans le monde virtuel, il a fallu bien comprendre et expliquer les termes qui sont dans cette question. Les enseignants ont déconstruit cette phrase pour que les élèves en comprennent le sens. Et les projets doivent répondre aux critères de ces questions », indique Patrice Chartrand.
La créativité se développe
Dans ce Winnipeg imaginaire, les élèves ont pu rencontrer quelques personnages non joueurs (PNJ) qui ont été ajoutés. Il y a notamment le maire Scott Gillingham, l’historien Murray Peterson, mais encore Louis Riel ou même le Golden Boy qui trône sur le Palais législatif. « Nous avons beaucoup de Manitobains importants qui se sont portés volontaires pour incarner des personnages dans le jeu. Ainsi, au fur et à mesure que les élèves explorent, ils parlent aux personnages qui leur donnent plus d’informations sur l’histoire de Winnipeg, sa situation actuelle, et des idées qui peuvent aider les élèves à construire un projet futur », décrit Chris Heidebrecht.
Et quand ça vient aux projets d’avenir, les élèves ne manquent vraiment pas d’imagination. Certains projets ont surpris voire impressionné Patrice Chartrand, qui remarque d’ailleurs une vraie sensibilité chez ses élèves.
« Certains construisent plus d’abris pour les personnes en situation d’itinérance. D’autres créent des serres en ville, car ils ont cette notion de durabilité, avec par exemple des cours de cuisine.
« D’autres encore construisent des services pour de meilleurs accès à la nourriture, car ils comprennent les difficultés qui existent dans notre société. Il y a aussi plusieurs idées de transports en commun avec des tramways ou des métros en hauteur. Je pense aussi à un groupe qui a pensé à un immense tapis roulant autour de La Fourche qui acheminerait tous les déchets au bon endroit. »
Patrice Chartrand pense vraiment que certaines de ces idées pourront inspirer le conseil municipal. Le directeur adjoint fait aussi savoir que même les projets qui ne seront pas présentés à la Ville seront conservés. « Si des projets concernent des départements précis de la Ville, les employés y auront encore accès », conclut-il.