Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté
La fin d’année a été difficile pour les acteurs du milieu de l’arbitrage. Des plaines jusqu’au Québec, il semblerait que la pandémie ait eu de lourdes conséquences sur le métier et aucun sport n’a été épargné.
Alors que les saisons de hockey et de ringuette se sont terminées, force est de constater que les choses ne se sont pas améliorées en 2023. Cynthia Côté est arbitre des rencontres de hockey depuis maintenant neuf ans. Pour elle, le constat est clair : « Cette année a été très difficile. Beaucoup moins d’arbitres ont été disponibles, certaines rencontres ont dû être annulées à cause de cela. » Mais si les matchs et l’organisation des championnats ont été affectés, les arbitres actifs, eux, se sont retrouvés en première ligne. « Beaucoup étaient épuisés à la fin de l’année. C’est une grosse charge de travail d’arbitrer quatre ou cinq matchs par semaine. D’autant plus que dorénavant les rencontres ne se déroulent plus seulement en fin de semaine, alors beaucoup ont fait l’effort afin que les matchs soient maintenus. »
Dans la grande majorité des cas, l’arbitrage est un travail à temps partiel. C’est donc sur leur temps libre que les arbitres assurent le bon déroulement des rencontres. Cynthia Côté, qui, elle, arbitre à côté de ses études en psychologie, rappelle qu’il s’agit avant tout d’un « métier passion » et regrette la situation actuelle, qu’elle explique par la difficulté de retenir les arbitres débutants qui se détournent de la discipline trop tôt. « Les deux, trois premières années d’arbitrage sont les plus difficiles. Tu ne sais pas encore trop quoi faire et il y a les parents ou les entraîneurs qui s’en prennent à toi et ça ce n’est vraiment pas le fun, alors les gens arrêtent. »
Des comportements irrespectueux
Il faut dire que le rôle d’arbitre est conflictuel, ce sont souvent les patineurs au chandail rayé qui payent pour les rencontres perdues. Le problème, c’est que les nouveaux arbitres sont souvent de jeunes arbitres, parfois de simples adolescents et à cet âge-là, difficile de faire fi des reproches. « Il faut trouver une façon de garder les jeunes, de les pousser à continuer. Avec le temps, tu apprends à mieux gérer les situations difficiles et surtout tu gagnes en confiance. » La future psychologue estime que l’accompagnement et le soutien émotionnel apportés aux arbitres devraient être renforcés afin d’assurer la rétention des nouvelles recrues. « Il faut aussi rappeler aux parents qu’il s’agit de jeunes. Qu’à la manière des joueurs sur la glace, ils apprennent eux aussi. Il faut être plus sensible et empathique. »
Même chose côté ringuette?
Le métier d’arbitre est difficile moralement, et côté ringuette, on acquiesce.
Yvette Chaput Chinchilla est co-arbitre en chef pour la ligue de ringuette de Winnipeg. Pour elle aussi, les comportements irrespectueux à l’encontre des arbitres peuvent expliquer cette baisse de ressources. Mais les raisons sont probablement multiples. « Avec la pandémie, les gens ont remis en question leurs priorités, ils cherchent peut-être un horaire moins chargé, ils explorent peut-être de nouvelles passions. »
Difficile d’en définir clairement les raisons, mais la ligue de ringuette fait aussi face à une hémorragie qui mène la vie dure au bon fonctionnement de la compétition. « Aujourd’hui, nous avons un effectif d’environ 85 arbitres au Manitoba, mais un peu plus de la moitié ne font que très peu de matchs. On se retrouve donc avec à peu près 21 arbitres qui assurent entre 40 et 100 rencontres par année. C’est énorme et ça met beaucoup de pression. »
Des conséquences
Pour ne rien arranger, l’arbitre en chef souligne qu’environ 70 rencontres ont dû être dirigées par un seul arbitre plutôt que deux habituellement. Ce genre de compromis n’est pas sans conséquence : « Un seul arbitre, ça mène parfois à un plus grand nombre d’erreurs et c’est plus exigeant. Seul, on patine plus fort et l’on ne peut pas tout voir. De manière générale, on est moins efficace. »
Malheureusement pour le moment, le taux de recrutement n’est pas assez élevé pour pouvoir envisager de meilleurs jours. « On perd entre 20 et 25 arbitres par année et l’on en gagne autant en temps normal. Avec la pandémie, on a fait une année sans aucun recrutement et le nombre d’inscrits n’a toujours pas remonté à un niveau pré-pandémique. »
Lentement mais sûrement, le nombre d’arbitres diminue, et le son de cloche est le même dans d’autres sports, comme le baseball au Québec par exemple, où l’on a dû faire appel à des joueurs pour arbitrer certaines rencontres. Si les choses se poursuivent dans ce sens, au Manitoba aussi il faudra trouver une solution. À ce sujet, La Liberté a tenté d’obtenir une entrevue avec Hockey Canada, en vain.