Car c’est la confiance qu’ils accordent aux résultats des élections qui assure la légitimité des élus qui gouvernent le pays. Et la conclusion de son rapport est sans équivoque : « Des gouvernements étrangers tentent sans l’ombre d’un doute d’influencer les candidats et les électeurs au Canada. »
La publication de ce rapport aurait pu et dû provoquer un débat important sur la capacité du gouvernement à détecter et à contrecarrer l’ingérence étrangère dans nos élections. Mais les réactions politiques aux propos de M. Johnston ont été d’un tout autre ordre.
Pierre Poilievre, le chef du Parti conservateur, a choisi d’attaquer le Rapporteur personnellement, l’accusant d’aider « honteusement » le Premier ministre à dissimuler les attaques de Pékin contre la démocratie canadienne. Il a prétendu que M. Johnston est un ami de longue date de la famille Trudeau et rappelé qu’il a été membre de la Fondation Pierre Elliott Trudeau. Enfin M. Johnston aurait écrit un « rapport truqué dès le départ », et il serait un « copain de ski » de Justin Trudeau.
Pierre Poilievre, tout comme le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, refuse de consulter une annexe confidentielle du rapport Johnston pour examiner ses conclusions et déterminer si elles sont justifiées. Ils pré- tendent que l’invitation de prendre connaissance d’informa- tions secrètes constitue un piège, puisqu’ils ne pourraient pas divulguer ce qu’ils auraient appris. Évidemment, sans avoir consulté cette annexe, ils ne peuvent rien en dire non plus, et continuent de s’en tenir à des attaques personnelles.
Or un examen de documents secrets leur permettrait d’exprimer leur point de vue en connaissance de cause. Rien ne les empêcherait ensuite d’exiger l’établissement d’une enquête publique sous la direction d’un arbitre indépendant, et d’argumenter que M. Johnston ne peut pas se transformer de conseiller au Premier ministre en arbitre neutre.
Ils étouffent la discussion en se contentant de remettre en question l’intégrité de M. Johnston. Pourtant rien dans sa longue contribution au service public dans nombre de fonctions importantes ne justifie des attaques personnelles. Elles ne font que contribuer à miner la confiance des Canadiennes et des Canadiens dans nos institutions démocratiques et empoisonner le débat public qui doit être au centre de toute démocratie.
Nous devrions pourtant tous pouvoir nous entendre sur une vérité fondamentale exprimée par M. Johnston : la démocratie repose sur la confiance. C’est pourquoi le niveau de débat dans lequel MM. Poilievre et Blanchet ont décidé de se retrancher est tout simplement inadmissible.